« Des fils, voilà ce que donne le
Seigneur, des enfants, la récompense qu’il accorde. » Le
document de
la Conférence des évêques des Philippines sur la nouvelle loi de « santé
reproductive » entrée en vigueur dans le pays s’ouvre sur ces mots, et se
ferme par eux. Ils contredisent la promotion et la distribution des produits
contraceptifs qui est l’objet de la loi : premier stade de la mise en
œuvre légale de la culture de mort. Dans la plupart des pays, l’étape a été
franchie il y a bien longtemps. Aux Philippines, non – et les évêques
résistent. En encourageant tous les catholiques à faire de même.
Le
Guide
Pastoral sur la mise en œuvre de la loi de Santé reproductive s’adresse « aux
prêtres, aux médecins et soignants catholiques, aux fonctionnaires, à tous ceux
qui travaillent pour l’Eglise ». Il dit clairement que les évêques des
Philippines auraient préféré voir la loi fût annulée par la Cour suprême, qui
s’est bornée à en réformer certains aspects par un arrêt du 8 avril
dernier. Mais il veut préciser à tous quels sont les droits à l’objection de
conscience affirmés dans le cadre de cette décision de la Cour suprême – et
encourager chacun à les connaître et à s’en prévaloir. Les évêques s’expriment
explicitement au nom de leur charge d’enseigner la foi et la moralité – c’est
rafraîchissant !
La Cour suprême
a posé le principe que les contraceptifs promus par la loi ne doivent en aucun
cas avoir une action potentiellement abortive, par empêchement de la nidation.
Elle justifie cela au nom de la « loi naturelle » : le droit à
la vie qui n’est pas « créé par une loi particulière, une coutume ou une
croyance, ni n’en dépend : le droit à la vie précède et transcende
n’importe quelle autorité ou loi des hommes ».
D’où un premier
devoir pour les médecins catholiques, affirmé par les évêques : exiger des
autorités sanitaires – la Food and Drug Administration des Philippines –
qu’elles contrôlent et évaluent tous les moyens contraceptifs afin de vérifier
qu’ils sont « sûrs, légaux et sans effet abortif ».
Quant à ceux
qui travaillent dans le domaine de la santé et qui sont en conscience opposés,
pour des raisons religieuses ou morales, à la fourniture de contraceptifs
artificiels, « il n’est pas obligé et peut refuser d’orienter un patient
vers un autre service de santé où celui-ci pourrait les obtenir »,
rappellent les évêques, citant une importante considération de l’arrêt de la
Cour suprême.
C’est un point
important sur lequel la Cour suprême des Philippines apporte une réponse
cohérente : le droit à l’objection de conscience ne saurait se borner à
permettre à l’objecteur de ne pas participer directement à l’action qu’il
réprouve, mais doit lui permettre de ne pas y participer indirectement.
« Alors qu’on a pu dire que le fait d’orienter vers un tiers constitue une
manière de se soustraire (à l’obligation créée par la loi), il s’agit en fait d’un faux compromis
puisqu’il rend les soignants complices de l’accomplissement d’un acte qu’ils
estiment moralement répugnant ou offensant », écrivent les juges
suprêmes, qui voient dans l’obligation d’orientation une « discrimination », notamment à l’égard des catholiques.
Au passage, les
évêques font remarquer :
« Evidemment,
pour des raisons morales, les catholiques ne devraient pas rechercher à se
faire employer dans les agences gouvernementales qui font la promotion de la
contraception artificielle. Mais si les circonstances devaient les obliger à
travailler dans de telles agences, ou s’ils étaient déjà employés par elles au
moment où celles-ci ont mis en place une politique conforme à la loi de Santé
reproductive, ces catholiques doivent savoir qu’ils ne peuvent pas être
contraints à promouvoir, à fournir ou à distribuer des contraceptifs
artificiels contrairement à leurs convictions religieuses ou morales. »
Le Guide pastoral énumère, résume et énonce
clairement toutes les limitations
apportées à la loi de Santé reproductive par la (très longue) décision de la
Cour suprême. Et souligne que ces « mesures salutaires » prises par
elle à l’égard de cette « loi dangereuse ne compteront pour
rien » si les évêques ne « transmettent pas cette nécessaire
information » à tous leurs « frères catholiques qui subissent
l’impact de la loi ».
Chaque diocèse
est encouragé à organiser des séminaires et des symposium où les catholiques
employés dans le domaine de la santé, notamment, ainsi que les fonctionnaires
impliqués dans la mise en œuvre de la loi, puissent être « dûment informés
de cette décision de la Cour suprême et des droits qui en découlent pour
eux ».
Le texte porte
la signature de Mgr Socrates B. Villegas, archevêque de Lingayen-Dagupan et
président de la Conférence épiscopale.
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