03 janvier, 2014

Vœux pour la France

Lundi après-midi, 30 décembre. Messe de funérailles dans un petit village breton. L’église est bien trop petite pour accueillir les centaines de personnes venues par amitié, mais aussi par reconnaissance. On enterre une femme encore jeune, beaucoup trop jeune ; elle n’a pas encore cinquante ans, elle laisse son mari et huit enfants, et le souvenir d’une vie ordinaire de mère de famille… Mais extraordinaire aussi dans ce qu’elle a accompli, extraordinaire dans sa signification, exceptionnelle en ce qu’elle nous dit de la France en cet an de grâce qui s’achève, et cette nouvelle année qui s’annonce si mal.

Elle a perdu la bataille contre la « longue maladie » qui l’avait frappée il y a bien des mois. Elle ne l’a pas seulement subie, mais acceptée, assumée, offerte. Tant de personnes ont espéré sa guérison, prié pour l’obtenir… Mais la guérison n’est pas venue, il a fallu boire le calice jusqu’à la lie. Pourquoi ?

Pourquoi ce mystère de douleur et de souffrance, pourquoi cette vie fauchée, pourquoi cette famille brisée malgré elle ? Mais toujours aussi unie dans la présence invisible de celle qui s’en est allée ?

Pourquoi ? Devant ce mystère du mal, on ne peut que s’incliner, comme devant le Golgotha.

Pour quoi ? Pour que France, pour que chrétienté ressuscitent !

En cette journée pluvieuse et venteuse du 30 décembre, la pluie a cessé le temps de la messe et le beau soleil couchant a salué la mise en terre de cette femme que tous disent si lumineuse, si espiègle, si gaie. Celle qui résume en son histoire la « France bien élevée », qui se dresse contre le culte de la mort et l’emprise du mal.

Car c’est sur ces familles solides, généreuses et fécondes comme la sienne que la nation s’appuie et peut devenir, redevenir ce qu’elle est, fille aînée de l’Eglise, indissolublement chrétienne et française quelles que soient les vicissitudes des temps.

C’est autour de ces familles que s’établissent des communautés vivantes et résistantes : paroisses, écoles, réseaux, monastères, séminaires… librairies, maisons d’édition, journaux… Tous ces lieux où la culture vraie se préserve, se transmet et trouve un terreau pour s’épanouir. Comme un maillage invisible, elles quadrillent la France et reconstruisent peu à peu, par leur existence même, du beau, du bon, du vrai en balayant d’abord les ruines de l’apostasie généralisée et publique.

Première leçon : si la famille est la cellule de base de la société, c’est par elle que viendra le salut, et non par les urnes, pour important que soit l’environnement politique. Et politiquement, il faut donc d’abord soutenir ce qui préserve, maintient, renforce la liberté et la responsabilité des familles, leur fécondité multiple.

C’est la deuxième leçon de cette vie de résistante et de veilleuse, une leçon incarnée dans les dizaines et dizaines d’enfants au regard clair qui se pressaient dans la tribune de la petite église bretonne, pour ce dernier à Dieu : ils saluaient celle qui, avec une énergie incroyable, une générosité à toute épreuve, a créé une petite école hors contrat aujourd’hui florissante, où Dieu est premier servi et l’intelligence avec lui. Ces enfants ne savent sans doute pas la qualité et l’immensité de ce don, ni son impact pour l’avenir. Leurs parents le connaissent…

Là est la vraie lutte « contre le système », l’un des grands espoirs pour demain…

Troisième leçon : la messe de funérailles, célébrée dans le rite extraordinaire, a permis à la jeunesse de l’Eglise de faire irruption dans un village frappé par la désertification religieuse, avec deux prêtres pour une quinzaine de gros clochers. Voici des prêtres, nombreux et jeunes, des séminaristes issus à foison de la « chapelle » locale, portés eux aussi par l’esprit de résistance et la première place donnée à Dieu dans les familles. Et c’est encore une leçon d’espérance.

Quatrième leçon : la générosité et la fécondité des œuvres humaines ne sont rien si elles perdent le sens de leur but véritable, qui n’est pas ici-bas. Elles fleurissent sur le terreau du sacrifice et du don, le don de la vie et jusqu’au don de sa vie. Qui dira un jour le rôle joué par ces vies offertes, repliées dans la souffrance et dans le secret, pour que France et chrétienté continuent, ressuscitent ? La France « aura le nez dans la poussière », avait dit Marthe Robin. Et elle ajoutait, selon les paroles rapportées par le père Finet : « Il n’y aura plus rien. Mais dans sa détresse, elle se souviendra de Dieu. Alors elle criera vers lui, et c’est la Sainte Vierge qui viendra la sauver. »

Faut-il attendre que la France soit à terre pour qu’elle se mette enfin à genoux ? Là est pourtant son salut, et y travailler est à la portée de chacun, même des plus petits.

Voilà la grande espérance pour 2014, celle que Dieu confie à chacun avec la certitude que sa grâce surabondera toujours.

Confions-la à nos « Veilleurs » : Jean Madiran, et tous ceux qui sont entrés dans l’éternité après s’être opposés de tout leur être à l’apostasie mortelle.

Article extrait du n° 8012 de Présent, du mercredi 1er janvier 2014  


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