Ce mercredi matin, le quotidien belge De Morgen publiait la lettre ouverte au sénateurs de seize pédiatres belges qui réclament la légalisation de l'euthanasie des mineurs. A la manière des « 343 salopes » qui avouaient avoir avorté alors que cela était encore passible des tribunaux, ils avouent d'ailleurs collectivement que certains d'entre eux sont déjà passés à l'acte, malgré l'interdit. Et – souligne le quotidien – des médecins travaillant dans des hôpitaux catholiques sont au nombre des signataires.
« En tant que soignants il nous arrive exceptionnellement de devoir aider des mineurs en situation de souffrances insupportables, même si aujourd'hui nous devons le faire en dehors du champ de la loi. »
Et d'expliquer que ce genre de décision d'euthanasie est toujours prise avec un soin particulier, en dialogue avec les parents et les proches des jeunes malades, après avoir épuisé toutes les possibilités d'offrir à ceux-ci « ce qu'eux et nous – mais aussi la plus grande partie de la population – considèrent comme une vie digne ».
Ces médecins se plaignent de ne pas pouvoir parler ouvertement et en toute confiance de la « fin de vie » (euphémisme pour « euthanasie » avec les mineurs qui le souhaitent ou avec les parents « qui aujourd'hui sont d'accord avec la demande de mettre fin à la vie de leur enfant », au détriment des conseils et du soutiens dont ils auraient besoin « avant et après ».
Les médecins regrettent aussi de devoir agir « dans l'obscurité » sans rapporter ces actes aux autorités compétents et sans échanger leurs « meilleures pratiques »
Soulignant une donnée de l'expérience – les enfants et les jeunes très malades acquièrent rapidement une maturité qui va souvent bien au-delà de leurs années – les médecins en tirent l'idée que ces mineurs sont bien plus à même de prendre une décision d'euthanasie que bon nombre de leurs aînés, en tenant compte de leur « âge mental ». Le raisonnement serait intéressant et même recevable, n'était le problème premier de la licéïté morale de l'euthanasie. A contrario, cette argumentation montre bien que la légalisation même très limitée de l'euthanasie appelle fatalement des élargissements ultérieurs. Puisque l'euthanasie peut et doit soulager telle personne qui souffre, au nom de quoi en priver telle autre ?
Ces seize médecins veulent à tout prix une légalisation entière de l'euthanasie des mineurs.
« La sédation palliative, souvent citée comme solution alternative par ceux qui contestent la modification de la loi, n'est en rien une solution dans les cas exceptionnels que nous évoquons ici. Cette procédure, qui se situe en fait dans les zones d'ombre de la loi, permet surtout de rendre plus confortable la situation du médecin devant le fait de (ne pas) prendre une décision. En tant que médecins, nous ne recherchons pas le confort pour nous-mêmes, nous sommes à 100 % pour le confort et la dignité de notre patient. »
Une fois de plus, le raisonnement est pipé. Car la sédation palliative utilisée pour mettre fin à la vie est une euthanasie à part entière, fût-elle lente.
En Belgique on ne dit pas cocorico mais le cœur y est lorsque les médecins suggèrent que leur pays s'honorerait et jouerait un rôle de pionnier et d'exemple pour le monde entier où, assurent-ils, des situations exceptionnelles telles qu'ils les rencontrent existent aussi et reçoivent la même réponse.
« Notre demande repose sur une conviction fondamentale : chaque décision de fin de vie est un acte d'humanité, posé seulement en dernière instance. Au nom de quoi faudrait-il priver les mineurs de cette ultime possibilité ? »
Liste des signataires et de leurs hôpitaux
ici.
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