Angleterre : un évêque fait le lien entre contraception et « mariage » des homosexuels
L'évêque de Portsmouth (Angleterre), Mgr Philip Egan, a écrit le 29 juillet une lettre pastorale à son diocèse à propos de la loi sur le « mariage » des homosexuels promulguée il y a quelques jours. Il fait clairement la relation entre la révolution sexuelle et ses aboutissements logiques que nous vivons aujourd'hui, et montre combien la société qui nous environne est désormais un milieu hostile… où il faut continuer d'aimer les personnes et témoigner en vue de leur conversion. – J.S.
Il y a deux semaines, l’Assentiment Royal a été donné à la loi controversée sur mariage des couples de même sexe – Marriage (Same Sex Couples) Act 2013 – qui tente de redéfinir l’institution du mariage et d’étendre le mariage aux couples de même sexe (gays et lesbiens). Les archevêques Mgr Nichols et Mgr Smith ont exprimé leur préoccupation, et celui de mes frères évêques, devant les graves conséquences sociales que cela entraînera.
L’adoption de cette loi est l’aboutissement inévitable d’un processus qui s’est accéléré depuis les révolutions sexuelles des années 1960. Jusqu’alors, c’est la définition traditionnelle – c’est-à-dire naturelle et chrétienne – du mariage qui prévalait. Les rapports sexuels étaient vus comme se situant exclusivement au sein de la vie de famille, dans le cadre du mariage, et dotés d’une double fin ou d’un double objectif : l’expression de l’amour et la procréation des enfants. Depuis les années 1960, cependant, les contraceptifs artificiels ont été largement accessible, dissociant les deux fins des rapports sexuels, en scindant la dimension unitive et en suppriment la dimension procréatrice. Détaché de son contexte naturel au sein de l’amour et de l’engagement marital, rattaché au plaisir sans responsabilité, le rapport sexuel pouvait désormais être vécu hors du mariage et ainsi, avec le temps, assumer une nouvelle signification dans les rapports humains. Cela a conduit vers la « mentalité contraceptive » dont le pape Paul VI a parlé de manière si prophétique en 1968 dans sa Lettre encyclique Humanae vitae, et au déclin du mariage, et aujourd’hui à sa redéfinition. Car à travers la nouvelle manière de comprendre les rapports sexuels et la vie de famille, de puissants lobbies ont donné aux partenariats homosexuels la capacité de devenir socialement acceptables, et ainsi la tentative du gouvernement d’étendre le mariage aux couples de même sexe – et avec le temps, on peut le supposer, à d’autres combinaisons et partenariats – est un développement inévitable.
En tant que catholiques, comme Israël en Egypte, nous nous trouvons désormais dans un pays étranger (« alien ») qui parle une langue étrangère, aux coutumes qui ne nous sont pas familières. Car ce que signifient pour nous le mariage, les rapports sexuels et la vie de famille ne correspond plus à ce que le monde d’aujourd’hui, le gouvernement, le National Health Service (sécurité sociale britannique) et les artisans des politiques à mettre en œuvre mettent sous les mots mariage, sexe, famille. La tentative orwellienne du Parlement de redéfinir le mariage change radicalement le contexte social et cela représente un défi majeur pour l’Eglise en Angleterre et au Pays de Galles : à ceux qui désirent se marier dans nos paroisses, aux parents catholiques qui élèvent des enfants, aux enseignants dans nos écoles catholiques, et au clergé chargé d’un ministère pastoral. Ce pourra être, aussi, un champ de mines légal, même s’il va nous falloir attendre avant de voir toutes les implications de la nouvelle législation prendre corps. Il va certainement nous falloir revoir notre manière de prêcher, d’enseigner, tout comme les programmes scolaires : tout cela devra prendre en compte à partir de maintenant le fait que notre système catholique de sens et de valeurs s’éloigne de manière frappante de ce que la culture sécularisée juge aujourd’hui normal ou acceptable.
Il est important de redire que l’Eglise aime les personnes homosexuelles, même si nous nous accrochons fermement à notre conviction chrétienne selon laquelle les relations sexuelles trouvent leur place véritable au sein du mariage. Il va sans dire qu’un soutien particulier doit être proposé à ceux qui éprouvent une attraction homosexuelle afin de leur aider à trouver cette liberté intérieure, cette chasteté et cette perfection qu’offre le Christ (cf. CEC 2359). En outre, nous devons également redire que le Christ n’est pas venu appeler les vertueux, mais les pécheurs à la repentance (Mt 9:13). Vivre en conformité avec la chasteté chrétienne a toujours été exigeant, même dans un contexte culturel qui apportait son soutien aux valeurs chrétiennes et à la recherche de la sainteté. Les chrétiens sont toujours appelés à vivre une vie naturelle, mais en raison du péché originel, cette manière de vivre naturelle a toujours exigé les moyens surnaturels que le Christ nous offre, si nous devons y parvenir. Même ainsi, et pour ardue qu’elle soit, la Voie du Christ est vraiment le chemin vers la joie, et en tant que disciples du Seigneur, il nous appartient d’en porter le témoignage. Les pasteurs ont toujours étaient volontiers prêts, au nom du Christ, à offrir miséricorde, pardon et soutien à ceux qui luttent et s’efforcent de vivre en conformité avec les idéaux auxquels le Christ nous appelle. Ce sont, après tout, des idéaux inscrits dans les profondeurs du cœur humain, et qui au Ciel seront comblés et accomplis dans leur éternelle floraison.
En tant que catholiques, soyons sur nos gardes, et continuons à mettre en garde avec compassion notre société devant les mauvais virages qu’elle prend. Malgré le mauvais virage de la loi sur le mariage des couples de même sexe, je continue d’espérer et de prier afin qu’avec le temps, par la grâce de Dieu et par notre amour et notre témoignage, dans la douceur, nous appellerons la société à revenir sur le chemin de l’humanisme authentique et ainsi, aider chacun à entendre dans son cœur l’appel de l’Esprit à la joie véritable.
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