28 janvier, 2013

Frigide Barjot à l’Élysée

On ne saura jamais exactement la teneur de l’entretien de Frigide Barjot avec François Hollande, vendredi soir. Seuls trois porte-parole de la « Manif pour tous » s’y sont rendus : elle-même, sa co-paroissienne Laurence Tcheng qui anime une petite association, la Gauche pour le mariage républicain, et un homosexuel de 49 ans, Jean-Pier Delaume-Myard, qui s’est exprimé sur le site Homovox pour récuser la « filiation » homosexuelle.

Le gros des troupes du 13 janvier n’était pas représenté. Pas même les Associations familiales catholiques, En marche pour la vie qui a joué un rôle important pour fournir les premières infrastructures des « Manifs pour tous », ni Alliance Vita dont le délégué général Tugdual Derville a un discours plus net, sinon plus direct, sur le caractère inacceptable du « mariage » des homosexuels en soi.

Ce que nous savons, en revanche, c’est ce que Frigide Barjot a déclaré en sortant de l’Elysée. Elle a salué un entretien « consistant » et la qualité d’attention du président de la République, affirmant qu’ils avaient ensemble « balayé toute la problématique de la loi Taubira ».

« Encore une fois, c’est à égalité de droits des adultes de vivre et de s’unir, à égalité des droits homos et hétéros. »

Demain en France ?


Une fois de plus, Frigide Barjot a réduit la « problématique », comme elle dit, à la naissance, la filiation. Alors, qu’elle soit sûre d’avoir « ébranlé » François Hollande, de l’avoir vu « dans ses yeux », de lui avoir rappelé qu’il est le « garant de l’institution du mariage » qui est le lieu de la « filiation certaine », cela nous inquiète plus qu’autre chose.

L’argument est bien faible dans la mesure où le bricolage génétique, la procréation avec donneurs étrangers aux couples sont déjà largement utilisés par les couples homme-femme qu’on n’a plus le droit d’appeler « normaux ». En revendiquant par ailleurs des droits éducatifs et, en quelque sorte, beaux-parentaux pour les couples homosexuels qui élèvent des enfants, Frigide Barjot et des porte-parole pas nécessairement représentatifs de la « Manif pour tous » donnent leurs lettres de noblesse à l’insémination artificielle, la procréation médicalement assistée et la gestation pour autrui réalisées dans des pays où cela est légal pour ces couples puisqu’il s’agit tout simplement d’entériner leurs conséquences sur le plan légal.

Si en effet Hollande a si bien « entendu » Frigide Barjot, on ira au mieux vers la création d’une nouvelle « alliance civile » calquée sur le mariage mais sans droit à l’adoption ou à la procréation bricolée. En dehors du fait qu’il s’agit d’une politique des petits pas qui aboutira un jour ou l’autre à une nouvelle évolution sociétale. Et pour les partisans du « mariage » des homosexuels, l’essentiel sera gagné : la normalisation des amours homosexuelles et leur reconnaissance entière par la société.

Après tout, Frigide Barjot l’a encore répété samedi matin sur MFM. « Aujourd’hui, deux hommes ne peuvent pas procréer, engendrer, ensemble », a-t-elle dit. « Ils peuvent s’aimer », interpose Laurent Argelier. « Absolument ! », répond Barjot, ajoutant qu’il est « tout à fait juste » que la loi Taubira « demande que l’amour soit reconnu dans une union égale à l’union homme femme ». « Homme-homme, femme-femme, égale homme-femme, ça, je suis d’accord, cet amour est donné et il faut qu’ils vivent au mieux leur amour. »

Tout le reste ne serait donc en effet qu’« homophobie »…

N’y a-t-il vraiment aucun représentant de la « Manif pour tous » pour dire publiquement et sans langue de bois qu’il ne l’accepte pas ?

Cet article a paru dans Présent daté du 29 janvier. J'y ajoute quelques lignes du compte-rendu des propos de Frigide Barjot aux états-généraux pour l'enfance à Lyon samedi, reçu d'un correspondant :

« Frigide Barjot nous a fait un compte rendu rapide du rendez vous à l'Elysée, ce vendredi, où elle s'est rendue avec, notamment, Laurence Tcheng (“la gauche pour le mariage républicain”). La conclusion : Hollande, qui s'est fait piéger par sa promesse électorale,  ne cèdera que sous la pression et en lui laissant une porte de sortie (dissocier une loi sur “l'union” des personnes de même sexe de la notion de mariage et de l'adoption qui conduit inéluctablement à la PMA et à la GPA). Donc, poursuivre la mobilisation. »

Mobilisation, oui, mais détournée de son objet !

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© leblogdejeannesmits



2 commentaires:

JM Achéritéguy a dit…

Bonjour Madame,
J'ai rédigé ce commentaire pour un autre site que le vôtre mais je souhaiterais avoir votre avis sur la ou les questions qui animent ma réflexion. Merci.

" Il me semble que subsiste un terrible malentendu-paradoxe au sein du monde catholique auquel je me réjouis d’appartenir. Une question qui demeure, et risque de ne cesser d’empoisonner le débat, en empêchant même la formation de la vérité.
Qui est : Comment refuser le mariage homosexuel et accepter en même temps le principe de l’union, donc de l’acte et du comportement homosexuels ?
Car, et la revendication homosexuelle le sent bien, refuser le mariage à cause des enfants et de la filiation, juste cause, mais tout en se déclarant quasiment favorable à l’union de personnes de même sexe, ne présente-t-il une faille de principe ? Une antinomie ?
Et d’ailleurs, il semble bien que le couple homosexuel ait acquis une reconnaissance de fait.

Et cela ne révèle-t-il pas une difficulté, voire une crainte, de se déclarer, par exemple, foncièrement mal à l’aise avec l’homosexualité ? Peut-on résolument exprimer cette réalité et demander qu’elle soit entendue ? Oui ou non, a-t-on le droit de faire état d’une gêne face aux pratiques homosexuelles, d’un trouble, qui peuvent se muer en une profonde inquiétude existentielle qui demandent au-moins à être pris en compte ? Mais qui semblent attendre l’autorisation même d’exister ? Peut-on, sans avoir à se considérer de facto malade ou animé de tendances fascisantes, faire entendre que ce bouleversement des valeurs de toujours recèle une violence intrinsèque tout-à-fait sous-estimée ? Par ceux-là même, homosexuels et sympathisants de tous ordres, qui soulignent la violence qu’ils ressentent, eux, induite par le seul refus du mariage pour tous. (Un mot au sujet de l’homophobie : J’ai le sentiment, face à l’acte d’accusation d’homophobie, permanent et compulsif , que ne pas être pour le mariage homosexuel, fera nécessairement du contradicteur un homophobe, c’est-à-dire un contrevenant à la pensée dominante (voir la série tv "plus belle la vie", véritable arme de diffusion massive du relativisme moral). Car ce que poursuit la pensée qui nourrit cette révolution, ça n’est pas la tolérance mais la totale adhésion des esprits, avec la loi qui s’ensuit, dans une société enfin convertie à ces nouveaux dogmes.)

(suite plus loin)

JM Achéritéguy a dit…

(suite)

Mais encore, cette interrogation : pourquoi les catholiques n’arrivent-ils pas ou ne désirent-ils pas fonder (d’abord) le débat sur "les réalités d’en-haut", celles qui nous affirment par exemple, avec l’apôtre Paul, que nous avons une conscience, don de Dieu, laquelle nous rend capable de poser un discernement en étant sensible au bien et au mal, lesquels, jusqu’à peu, étaient communément perçus et admis par au-moins deux mille ans d’Histoire, et ce dans des cultures diverses ?
J’entends l’objection concernant les catholiques intégristes, qui s’appuient radicalement sur la Parole de Dieu pour refuser l’homosexualité mais qui, par leur attitude jugée rigide et intransigeante, paraissent totalement contreproductifs. L’autre objection serait-elle qu’il importe avant tout de faire capoter le projet et qu’il est donc nécessaire de taire autant qu’il se peut les racines évangéliques de cette résistance ? Pourquoi ?

Ces grandes manifestations ont certainement un intérêt, mais que deviendra celle du 13 janvier si celle du 27 a un impact équivalent ou supérieur ? J’ai parfois un doute profond quant à la pertinence de choix qui pourraient faire penser à une imitation et une concession faite à l’esprit de ce monde. Mais ça n’est là qu’un doute.
La question homosexuelle provoque un grand malaise (car oui, tout le monde "connait" une personne homosexuelle) et vient nous obliger à creuser et à trouver en nous-mêmes la grâce de considérer (a) la réalité, les réalités qu’elle représente, et (b) de ne pas refouler ou bâillonner l'expression des effets profondément déstabilisants que produit cette réalité sur une multitude. Que la police de la pensée oblige à se détourner de sa conscience, tant la crainte de paraître intolérant a pénétré les esprits.

Mais rien ne peut advenir en dehors de l’amour-dans-la-vérité, que seule la Miséricorde répand dans les coeurs de ceux qui la prient. Et qui seule peut nous éclairer sur l’issue à ce qu’on pourrait appeler un "piège spirituel" dans lequel nous tombons plus ou moins car nous sommes de chair et de sang. Mais non dépourvus de lumière.
Et si l’Esprit Saint attendait qu’au sein même de ces affaires temporelles, (bientôt, à nouveau et toujours, l’offensive en faveur de l’euthanasie), nous nous déclarions disciples de Jésus Christ, "sans honte ni trouble au visage", animés de la certitude que ce même Esprit se servira de notre foi et de notre confiance, qui demandent sans doute une mort à nous-mêmes, pour évangéliser ce monde perdu, rendu sourd à la Sagesse ?

Voilà ces quelques réflexions, un peu décousues sans doute, mais venues d’un grand et profond désir de vérité.
Que Dieu nous éclaire et nous unisse.

 
[]