21 novembre, 2011
Marine Le Pen présentait samedi son programme présidentiel qui est également en ligne sur le site du Front national. Je l'ai commenté brièvement dans Présent. En rectifiant à la fin une « coquille » impardonnable : j'avais écrit « promouvoir l'avortement » au lieu de « promouvoir l'adoption ».
Un vrai souffle, une belle affirmation de patriotisme et de résistance au mondialisme : le discours de Marine Le Pen qui présentait samedi son programme était riche de tout cela. Elle a dénoncé avec force les « arrogants » qui ont bradé et nié la liberté et l’indépendance de la France : « Ils ont pensé que l’on pouvait faire fi de la lente et laborieuse construction de notre Nation, de son unité, de sa liberté, qu’ils pouvaient s’échapper du réel pour créer un monde exclusivement virtuel où leur œuvre serait l’avènement d’un homme nouveau coupé de ses racines, nomade, jetable, esclave de l’ordre marchand. »
Ces accents ne doivent pas être passés sous silence ; nous retiendrons aussi que le discours de Marine Le Pen samedi était finalement très différent de celui prononcé à Tours, lors de son élection à la tête du Front national. Des préoccupations absentes alors – comme le sujet de la famille – sont là désormais. Et l’étatisme quasi obsessionnel a cédé la place à la préconisation d’un Etat fort mais non omniprésent. Par rapport à la crise, Marine Le Pen est assurément celle qui dénonce le mieux la réalité d’aujourd’hui : « Travailler exclusivement pour nos créanciers, leur verser toute la richesse que nous créons » – les 1 400 milliards d’intérêts versés depuis 1973, pour une dette aujourd’hui à 1 700 milliards.
On pourra dire que ces évolutions témoignent d’un certain flottement. D’une adaptation aux circonstances et à l’électorat potentiel. On relèvera que Marine, dans son discours programmatique, réclamait que les Français puissent « en débattre ».
Alors nous prendrons cela au mot, saluant les points forts, n’oubliant pas pour autant des points qui nous tiennent à cœur. En soulignant par exemple que Marine Le Pen se présente en héritière paradoxale d’« un pays ancien, brillant, qui tout au long des siècles d’histoire avait forgé et fait rayonner ces valeurs universelles dont il choisirait de faire sa devise : la liberté, l’égalité et la fraternité »… au nom de laquelle on a tant tué.
Nous retiendrons son adhésion sans ambages au principe du « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » : « Ce principe est pourtant essentiel. C’est la base de tout. »
Sur le respect de la vie, la famille et l’éducation – les « principes non négociables » affirmés par Benoît XVI, le programme du Front s’exprime désormais d’une autre manière qu’en 2002.
« Valoriser la famille », c’est bien. Il s’agit clairement de l’appuyer, de la soutenir, de l’affirmer dans sa dimension naturelle, un homme et une femme. Mais non de revenir sur le divorce facile, le pacs, l’accueil public des enfants – en soutenant la scolarisation des enfants de moins de trois ans par exemple.
Vouloir rendre à l’école son rôle de transmission du savoir et de préparation à la vie active, notamment par l’apprentissage, c’est bien aussi – d’autant que Marine Le Pen s’engage à interdire des méthodes pédagogiques néfastes. Mais où est passé le chèque scolaire ? Où est passée l’école libre, absente du programme ? C’est « l’école de la République » que l’on y trouve et elle seule.
Pour ce qui est du respect de la vie, il est seulement question d’étendre le « libre choix des femmes » qui doit être « aussi celui de ne pas avorter ». Mieux aider les femmes à accueillir leur enfant, promouvoir l'adoption sont de bons choix. Pour autant le programme de Marine Le Pen n’est pas un programme pro-vie, même s’il est indéniablement un programme de moindre mal.
Article paru dans Présent daté du 22 novembre 2011 et en libre accès sur le site du journal.
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1 commentaire:
La notion de « points non-négociables », employée couramment dans la blogosphère catholique, devrait être éclaircie. On comprend bien ce que désigne l’expression (le respect de la vie naissante ou agonisante, l’éducation choisie par les parents, si j’ai bien compris). En revanche, l’appellation invoque une relativité un peu obscure. Dans cette affaire, quelles parties, et en quelles circonstances, sont-elles censées ne pas « négocier » ? On voit la plupart du temps ces fameux points évoqués à propos des programmes des partis ou des hommes politiques, et donc aussi à l’occasion des élections, mais dans tout cela, il n’est jamais question que quiconque aurait à négocier (et avec qui ?) sur les trois objets désignés.
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