Le Nobel pour l'IVF, l'Académie pontificale pour la vie, et le père abbé de Montserrat : messages brouillés sur la culture de vie
Robert G. Edwards, « père » de la fécondation in vitro (FIV), et par ce biais de la naissance de quelque 4 millions de bébés dans le monde, a donc été jugé digne du prix Nobel. L'affaire ayant été largement commentée par ailleurs dans les médias et dans la blogosphère française, je me borne ici à noter cet événement d'une pierre noire. Il faut avoir le courage de reconnaître que, malgré le bonheur que la fécondation peut et a pu apporter à des couples stériles, la fabrication d'êtres humains dans des éprouvettes présente de multiples dangers (porte ouverte à la recherche sur les embryons, au tri embryonnaire, à la chosification de l'être humain) tout en étant en soi une pratique inacceptable, quels que soient les donateurs des gamètes utilisés, du point de vue de la dignité de l'homme.
L'Eglise catholique est seule à dire cela et elle se fait pour cette raison vilipender et ridiculiser.
Mais l'avenir risque, cruellement, de lui donner raison : quelles seront les séquelles de ces pratiques inhumaines sur le plan psychologique, et quelles seront ses séquelles sanitaires que la science actuelle laisse déjà deviner ? Risques accrus de malformations, de stérilités, etc., sont déjà constatés chez les bébés éprouvettes. On commence à comprendre que dans une fécondation normale, l'ovule « choisit » le spermatozoïde qui le fécondera ; on commence à comprendre que l'environnement chimique où se produit la fécondation modifie profondément les spermatozoïdes pour permettre leur maturation en vue de la fécondation. Bref, c'est tout une alchimie qui précède et accompagne l'apparition d'une nouvelle vie et nous ne savons pas les conséquences à long terme du parti pris de l'ignorer…
Michael Cook de BioEdge souligne cette semaine qu'un des membre du comité d'attribution du prix Nobel commentait tranquillement la semaine dernière que tous les problèmes éthiques se rapportant à la FIV avaient été « résolus » il y a des décennies. Il s'en étonne, et cela se discute en effet…
Donc, l'Eglise parle clair sur cette question. Mais pas toujours. Le nouveau président de l'Académie pontificale pour la vie, Mgr Ignacio Carrasco de Paula, a fait une critique bien faible de la scandaleuse récompense offerte à Robert G. Edwards. Yves Daoudal a décortiqué l'affaire de manière définitive sur son blog et plus encore dans Daoudal-Hebdo. A lire absolument.
C'est un message bien brouillé qu'envoie l'Académie pontificale pour la Vie (ce qui a pu faire dire en substance à l'un de ses membres, Mgr Michel Schooyans, qu'on voulait la peau de cette institution). Son ancien président, Mgr Rino Fisichella, qui avait ouvert une porte à « l'avortement thérapeutique », en a été limogé… Mais non sans refuser le fauteuil épiscopal de Sienne qui ne garantit pas l'obtention du chapeau de cardinal. Il est le premier président du tout nouveau conseil pontifical pour la Nouvelle évangélisation, dont il a présenté le Motu Proprio de création le 12 octobre. On doit sans doute se réjouir qu'il ait présenté la promotion du Catéchisme de l'Eglise catholique comme primordiale, assurant toutefois que celui-ci est « un des fruits majeurs de la ligne conciliaire, car il rassemble harmonieusement tout le patrimoine dogmatique » : on peut dire pour le moins que le fruit a mis du temps à mûrir. Et rappeler que Fisichella lui-même n'a jamais clairement rectifié sa note indulgente pour les avorteurs dans L'Osservatore Romano (n'appelons pas « Lettre » ce texte dont il y a fort à parier que sa destinataire, la petite fille de Recife avortée de ses jumelles, ne l'a jamais lu). Il a même, selon des membres très respectables de l'Académie pontificale pour la vie, fait modifier la clarification doctrinale de la Congrégation pour la doctrine de la vie dans un sens plus favorable à sa personne. Non, je ne peux pas avoir confiance en Mgr Fisichella…
S'y ajoute la polémique suscitée par Mgr Jacques Suaudeau, lui aussi de l'APV, qui avait du plusieurs fois rectifier dans La Nef des déclarations plus qu'ambiguë sur « l'avortement médical » : vous trouverez tous ces textes sous le libellé « Recife » dans ce blog.
La confusion continue – cette fois ce n'est plus à l'APV – avec la récente déclaration du père abbé de Montserrat, prestigieuse abbaye catalane, qui au cours d'une causerie publique organisée par le Forum Europa Tribuna Catalunya s'est dit « pour la vie en tant que croyant », et qui a dénoncé la nouvelle loi d'avortement espagnole en ce qu'elle ouvre un droit à l'avortement. Mais il a ajouté que dans un état démocratique, si des avortements sont effectivement pratiqués, il fait bien les « réguler ». Autrement dit, les légaliser.
Sur l'excellent blog de Luis Fernando Perez Bustamante d'InfoCatolica on peut lire le salutaire coup de gueule de l'auteur qui supplie l'autorité ecclésiastique de sanctionner et de rectifier, notant que cette prise de position d'une des abbayes bénédictines les plus connues d'Espagne semble venir à point – dans le sens contestataire – pour préparer la très proche venue de Benoît XVI en Espagne et plus particulièrement à Barcelone.
« L'Eglise n'est pas un lieu où l'on peut prendre des positions opposées sur les thèmes graves. Le magistère a toujours été radical en ce qui concerne l'avortement. On ne peut d'aucune manière permettre l'existence d'un cadre légal qui le régule pour le permettre en une, plusieurs ou beaucoup de circonstances », note Perez Bustamante. « Nous ne pouvons pas dire au Pape et à la curie ce qu'ils ont à faire. Cela ne nous appartient pas. Mais nous leur demandons, si, de faire quelque chose, et de le faire vite, avant que le Saint Père ne vienne en Espagne, en Catalogne, à Barcelone. S'il n'en était pas ainsi nous autres fidèles, qui combattons de toutes nos forces contre toute loi qui permette l'avortement, nous nous sentirions abandonnés, oubliés et dévalorisés. »
© leblogdejeannesmits.
2 commentaires:
Balle de Nobel
Bébé éprouvé par le prix Nobel !
Je ne sais pas ce qui me prend ? Je ne sais pas ce qui m’a pris ?
Mais depuis hier, j’ai envie de buter mon père. Par ici on appelle ça un parricide.
Non… je ne suis pas sa fille, mais son plus sordide produit… Je suis une F.I.V.
http://www.tueursnet.com/index.php?journal=Balle%20de%20Nobel
@tueursnet: Je sympathise.
Moi et plein d'autres, on n'a pas demandé à naître...
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