24 mars, 2022

Mgr Schneider évoque les modalités de la Consécration de la Russie (et de l’Ukraine) au Cœur Immaculé de Marie, ce 25 mars

On entend ci et là des questions sur la « validité » de la consécration de la Russie et de l’Ukraine au Cœur Immaculé que fera demain, en la fête de l’Annonciation, le pape François. Les demandes de la Vierge seront-elles respectées ? Ne compromet-on pas l’efficacité de l’acte en ajoutant la mention du monde, de l’Ukraine ? Le pape ne devrait-il pas en même temps promouvoir la dévotion des « Cinq Premiers Samedis » ? D’aucuns vont jusqu’à redouter des catastrophes si tout n’est pas fait à la lettre.

Mgr Schneider a répondu aux questions de ma consœur Diane Montagna pour OnePeterFive ; j’ai traduit l’intégralité de leur entretien ci-dessous ainsi que les précisions ajoutées à la suite de la publication de l’acte de consécration que prononcera le pape François, en union avec un très grand nombre d’évêques.

Rien qu’en France, je compte aujourd’hui (après vérification personnelle) 78 évêques qui consacreront la Russie et l’Ukraine en union avec le pape le 25 mars, 78 sur 92 potentiels (je compte l'évêque aux armées et je déduis les sièges vacants !), soit près de 85 %, en attendant les dernières réponses. C’est énorme ! Paradoxe et humour du Bon Dieu : le fait que ce soit le pape François qui prenne cette décision (et aussi, plus sérieusement hélas, les souffrances de l’Ukraine) a facilité l’adhésion de l’épiscopat.

Comment imaginer que Notre Dame, la Très Sainte Vierge qui est notre Mère et dont le Cœur Immaculé brûle d’amour pour ses enfants puisse être insensible à nos cris ? Certes, elle a fait des demandes très précises, mais ne doutons pas que lors des consécrations précédentes, nettement plus éloignées de ce qui était demandé, elle a entendu les appels des papes successifs. Ne doutons pas que si les Européens libérés du joug soviétique ont recouvré des libertés c’est grâce à son intercession. Et aujourd’hui, voici que le pape François s’efforce de répondre à des éléments supplémentaires, parmi lesquels sans doute le plus important : nommer expressément la Russie.

Mgr Athanasius Schneider répond à nombre d’objections et rappelle en quelque sorte que nous ne sommes pas dans une démarche de formule magique ; nous ne devons pas non plus nous attendre à une sorte d’automatisme dans la réponse de Dieu. Nous savons simplement ce que nous avons à faire ; et nous avons l’assurance du triomphe du Cœur Immaculé – mais au moment où Dieu le voudra. – J.S.

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A la suite de la publication aujourd’hui par le Vatican (en 35 langues) de l’Acte de Consécration au Cœur Immaculé de Marie que le Pape François utilisera le 25 mars, nous avons demandé à Mgr Athanasius Schneider s’il pense que la formule satisfait aux éléments essentiels de la demande de la Vierge à Fatima. Vous trouverez ci-dessous sa réponse, suivie de son entretien approfondi avec Diane Montagna sur la consécration de la Russie et de l’Ukraine.

(Mgr Athanasius Schneider) : Si on les compare avec la formulation des deux actes de consécration précédents, faits par le pape Pie XII (en 1952) et par le pape Jean-Paul II (en 1984), les mots et la forme de la consécration qui seront utilisés par le pape François le 25 mars expriment plus clairement les demandes de Notre-Dame de Fatima. Le pape François a même ajouté le mot « solennellement » à « consacrer », une expression qui manquait dans les formules de 1952 et 1984 :

1952 : « Nous consacrons aujourd’hui, de manière toute particulière, tous les peuples de Russie à ce même Cœur Immaculée » (Lettre apostolique de Pie XII, Sacro Vergente Anno, Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie).

1984 : « Ô Mère des hommes et des peuples… Nous vous offrons et consacrons d’une manière spéciale les hommes et les nations qui ont particulièrement besoin de cette offrande et de cette consécration » (pape Jean-Paul II, Consécration des hommes et des nations).

2022 : « Mère de Dieu et notre Mère, nous confions et consacrons solennellement à ton Cœur immaculé nous-mêmes, l’Église et l’humanité tout entière, en particulier la Russie et l’Ukraine.» (Acte de consécration au Cœur Immaculé de Marie).

Notre Dame n’a pas dit que l’approbation pontificale de la communion de réparation des premiers samedis devait faire partie de la formule de consécration. Elle a demandé l’approbation pontificale de cette pratique uniquement en vue d’obtenir les fruits qu’elle a promis par l’acte de Consécration. L’approbation pontificale pourrait se manifester, par exemple, par un décret de la Pénitencerie Apostolique disant que les fidèles qui pratiquent la communion de réparation les cinq premiers samedis obtiendront une indulgence plénière. Un tel décret indique généralement qu’il a été approuvé par le Saint-Père.


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Voici ma traduction intégrale de l’entretien accordé par

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Diane Montagna : Excellence, pour les lecteurs qui ne sont pas familiers de l’histoire et des détails de la demande de Notre Dame à Fatima que la Russie soit consacrée à son Cœur Immaculé, que doivent-ils garder à l’esprit ?

Mgr Athanasius Schneider : Je propose aux lecteurs l’extrait suivant d’un article du Père David Francisquini, publié dans la revue brésilienne Revista Catolicismo (Nº 836, Agosto/2020), et intitulé « A consagração da Rússia foi efetivada como Nossa Senhora pediu ? » (« La consécration de la Russie a-t-elle été réalisée comme la Vierge l’a demandé ? »). A mon avis l’auteur fournit un résumé succinct des éléments essentiels. Il écrit :

Au cours de l’apparition du 13 juillet 1917, Notre Dame a dit aux enfants que Dieu allait « punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et de persécutions contre l’Église et le Saint-Père. Afin de l’empêcher, Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si l’on répond à mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix. Sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. A la fin, mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et un certain temps de paix sera accordé au monde. »

Douze ans plus tard, le 13 juin 1929, alors qu’elle résidait à Tuy, en Espagne, Sœur Lucie a eu une vision au cours de laquelle la Vierge lui a dit : « Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les Evêques du Monde, la Consécration de la Russie à Mon Cœur Immaculé, promettant de la sauver par ce moyen. »

Toujours en 1929, la voyante fit connaître cette demande au Pape Pie XI, et l’année suivante, elle écrivit à son confesseur, le Père José Bernardo Gonçalves S.J., rapportant que Notre Seigneur l’avait pressée de demander au Saint-Père l’approbation de la dévotion réparatrice des premiers samedis. Elle ajoutait : « Si je ne me trompe pas, le bon Dieu promet de mettre fin à la persécution en Russie si le Saint-Père daigne faire, et ordonne de même aux évêques du monde catholique de faire, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie. »

Plus tard, lors d’une nouvelle communication intime, Notre Seigneur se plaignait à Sœur Lucie : « Ils n’ont pas voulu accéder à ma demande. Comme le roi de France, ils se repentiront ; et ils le feront, mais il sera tard. La Russie aura déjà répandu ses erreurs dans le monde entier. » Dans une lettre à son confesseur, datée du 18 mai 1936, Sœur Lucie déclare : « Intimement, j’ai parlé à Notre-Seigneur de cette question ; et tout à l’heure, je lui ai demandé pourquoi il ne convertissait pas la Russie sans que Sa Sainteté fasse cette consécration. » Voici la réponse que Sœur Lucie reçut de Jésus : « Parce que je veux que toute mon Église reconnaisse cette consécration comme un triomphe du Cœur Immaculé de Marie, pour ensuite étendre sa vénération et placer, à côté de la dévotion de mon Divin Cœur, la dévotion de ce Cœur Immaculé. »
Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Sœur Lucie s’est adressée directement au nouveau pape, Pie XII : « Au cours de plusieurs communications intimes, Notre-Seigneur n’a pas cessé d’insister sur cette demande, promettant dernièrement – si Votre Sainteté daigne faire la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie, avec une mention spéciale pour la Russie, et ordonner que, en union avec Votre Sainteté et en même temps, tous les évêques du monde la fassent aussi – d’abréger les jours de tribulation par lesquels il a résolu de punir les nations pour leurs crimes, par la guerre, la famine et diverses persécutions de la Sainte Église et de Votre Sainteté. »
Depuis 1984 et jusqu’à la chute du mur de Berlin, Sœur Lucie a soutenu qu’aucune des consécrations effectuées jusqu’alors n’avait été « valide » (dans le sens où elles auraient répondu aux exigences fixées par Notre Dame). Dans une interview accordée en 1985 à la revue Sol de Fátima, elle affirmait péremptoirement, à propos de celles réalisées par Jean-Paul II à Fatima (1982) et à Rome (1984) : « Il n’y a pas eu la participation de tous les évêques, et la Russie n’a pas été mentionnée. »

Dans une lettre datée du 8 novembre 1989, Sœur Lucie déclare : « Oui [la consécration] s’est déroulée comme la Vierge l’a demandé, depuis le 25 mars 1984. » Et lors d’une conversation du cardinal Tarcisio Bertone avec Sœur Lucie, celle-ci aurait déclaré : « J’ai déjà dit que la consécration souhaitée par la Vierge a été faite en 1984 et a été acceptée au Ciel. »


Excellence, comment expliquez-vous ce changement dans la pensée de Sœur Lucie en l’espace de quatre ans seulement ?

Dans l’article mentionné ci-dessus, le Père Francesquini propose cette réponse plausible :

Il est légitime de supposer que, en réévaluant l’acte de Jean-Paul II en 1984, Sœur Lucie s’est laissée influencer par l’atmosphère d’optimisme qui s’est répandue dans le monde après l’effondrement de l’Empire soviétique. Il convient de noter que Sœur Lucie n’a pas bénéficié du charisme d’infaillibilité dans l’interprétation du noble message qu’elle a reçu. Il appartient donc aux historiens, théologiens et pasteurs de l’Église d’analyser la cohérence de ces déclarations, recueillies par le cardinal Bertone, avec les déclarations antérieures de Sœur Lucie elle-même. Cependant, une chose est claire : les fruits de la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, annoncée par Notre Dame, sont loin de s’être matérialisés. Il n’y a pas de paix dans le monde.

Votre Excellence, pensez-vous que la consécration de la Russie à Notre Dame a été faite ?

Dans le chapitre 19 de notre livre, Christus Vincit : Le triomphe du Christ sur les ténèbres de notre temps (Contretemps, 2020 pour l’édition française), nous avons abordé cette question. Je disais dans cet échange :

Comme nous le savons, le 24 mars 1984, le pape Jean-Paul II a consacré toute l’humanité au Cœur Immaculé en présence de la statue originale et réelle de Fatima, sur la place Saint-Pierre de Rome. Lors de cette consécration, il a fait la mention toute particulière des peuples dont la Vierge désire la consécration. Il s’agissait donc d’une consécration implicite de la Russie. 
Dans la cathédrale de Notre-Dame de Fatima à Karaganda, le centenaire de la première apparition de Notre-Dame à Fatima, le 13 mai 2017, a été célébré dans le cadre d’un congrès marial. Le pape François a envoyé pour cette occasion un légat papal, le cardinal Paul Josef Cordes, et dans son homélie, celui-ci a évoqué ce qu’il a appelé la consécration de la Russie au Cœur Immaculé, faite par Jean-Paul II en 1984. Le cardinal a dit que quelque temps après la consécration de 1984, il avait été invité par le pape à dîner dans ses appartements, et qu’au cours de cette rencontre il avait demandé au Saint-Père : « Pourquoi n’avez-vous pas consacré explicitement la Russie ? » Jean-Paul II lui répondit : « C’était mon intention. » Le pape ajouta que, en raison des préoccupations des diplomates du Vatican, il ne pouvait pas procéder à la consécration comme il l’avait initialement prévu, en consacrant la Russie de manière explicite. Nous pouvons donc voir que, en raison des conséquences politiques envisagées par la diplomatie du Vatican, le pape Jean-Paul II a fait cette consécration de manière implicite. Tels sont les faits. 
Sœur Lucie a été interrogée sur cet acte. Elle a répondu : « Le ciel l’a accepté. » Mais cette phrase de sœur Lucie, ou d’autres phrases similaires, ne signifient pas pour moi que cet acte fût le plus parfait. Bien sûr, quand un pape fait une si belle prière et une si belle consécration, le ciel l’accepte. Le ciel accepte toute prière sincère et belle. Mais cela ne signifie pas, à mon avis, qu’à l’avenir un acte de consécration plus parfait ne pourrait pas être fait, que le ciel recevra et acceptera également. 
Alors, croyez-vous que la consécration, telle que Notre Dame l’a demandée à Fatima, a été faite ou non ? 
Elle n’a pas encore été faite de la manière dont Notre Dame l’a demandée. À mon avis, la consécration doit être faite de façon plus parfaite, c’est-à-dire avec la mention explicite de la Russie en même temps que les autres conditions, exactes, que Notre Dame a précisées. J’espère et je crois qu’un jour, par un acte parfait de consécration de la Russie au Cœur Immaculé par un prochain pape, le ciel déversera de très abondantes grâces pour l’Église et pour l’humanité, et pour la pleine conversion de la Russie. (Christus Vincit, pp. 367-368).


Le Vatican a annoncé que le pape François consacrera la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie le 25 mars, fête de l’Annonciation, au cours d’un office pénitentiel à 17 heures dans la basilique Saint-Pierre. Le Bureau de presse du Saint-Siège a informé les journalistes que la consécration elle-même aura probablement lieu vers 18 h 30 (Rome), c’est-à-dire à la fin de cet office. Le Vatican a également confirmé que le pape François a invité les évêques du monde entier, et leur clergé, à se joindre à lui pour cette consécration. Certaines personnes se demandent pourquoi le pape a choisi d’inclure l’Ukraine et si cette inclusion constitue un obstacle à la réalisation de la demande spécifique de la Vierge. Que diriez-vous à ceux qui s’interrogent à ce sujet ?

Compte tenu de la douloureuse guerre qui se déroule actuellement en Ukraine, il est tout à fait compréhensible que le pape François mentionne également l’Ukraine. Il faut également considérer qu’en juillet 1917, lorsque la Sainte Vierge a parlé pour la première fois de la consécration de la Russie, une grande partie du territoire de l’actuelle Ukraine appartenait à l’Empire russe, qui avait nommé certaines régions de ce territoire "Petite Russie" et "Russie du Sud". Si le pape ne mentionnait aujourd’hui que la Russie, une grande partie du territoire (c’est-à-dire la majorité de l’Ukraine actuelle), que la Vierge avait sous les yeux en juillet 1917, serait exclue de la consécration.

Certains ont fait valoir que, pour répondre fidèlement à la demande de la Vierge, le Pape doit « donner l’ordre » et non simplement « inviter » les évêques du monde entier à se joindre à lui pour consacrer la Russie au Cœur Immaculé. Comment répondriez-vous à cette inquiétude ? Quels sont, à votre avis, les éléments essentiels qui doivent être inclus dans la consécration, et ceux qui ne sont pas essentiels ?

Dans la demande de la Vierge, il faut distinguer les éléments essentiels des éléments secondaires. Les éléments essentiels, à mon avis, sont : la consécration au Cœur Immaculé de Marie (et pas seulement à la « Mère de Dieu » ou à la « Bienheureuse Vierge Marie ») ; la mention explicite de la Russie (la mention supplémentaire d’une autre nation proche de la Russie, ou de toutes les nations du monde, n’invalidera pas la consécration puisque l’élément essentiel « Russie » est inclus) ; qu’elle soit faite en union avec tous les évêques (cette union ne doit pas nécessairement inclure cent pour cent des évêques quantitativement parlant, mais tout l’épiscopat dans un sens moral. Dans un sens similaire, si le pape, dans le cadre d’un concile œcuménique, se joignait à une minorité doctrinalement saine et rejetait une majorité hétérodoxe, la doctrine ou le dogme promulgué serait l’enseignement de toute l’Église, même proclamé par le pape avec la minorité de l’épiscopat). La manière dont le pape convoque les évêques pour participer à l’acte de la consécration (que ce soit par une invitation formelle ou par un ordre explicite) est secondaire à mon avis.

La mention de la communion de réparation lors des cinq premiers samedis est-elle essentielle ?

Comme nous l’avons noté plus haut, lors de l’apparition du 13 juillet 1917, la Vierge a dit que pour prévenir les châtiments divins (la guerre, la faim et la persécution de l’Église et du Saint-Père), elle viendrait demander la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé et la communion de réparation les premiers samedis. « Si l’on tient compte de mes demandes, disait-elle, la Russie sera convertie et il y aura la paix. » Plus tard, dans une lettre de 1929 à son confesseur, le Père José Bernardo Gonçalves S.J., Sœur Lucie rapporte que Notre Seigneur l’a poussée à demander au Saint-Père l’approbation de la dévotion réparatrice des premiers samedis. À mon avis, l’approbation de la pratique de la communion réparatrice des premiers samedis ne doit pas nécessairement être incluse explicitement dans la formule de consécration. L’approbation pontificale pourrait aussi se manifester, par exemple, par un décret de la Pénitencerie Apostolique, disant que les fidèles qui pratiquent la communion de réparation les cinq premiers samedis obtiendront une indulgence plénière. Un tel décret indique généralement qu’il a été approuvé par le Saint-Père.

La question de la révélation publique par rapport à la révélation privée est-elle également importante à garder à l’esprit ?

Il faut soigneusement distinguer entre la révélation divine publique et les révélations privées. Les messages des apparitions de Notre Dame à Fatima et plus tard, ceux adressés séparément à Sœur Lucie, bien que reconnus par l’Église comme ayant un caractère surnaturel, sont néanmoins une révélation privée. L’Église nous enseigne à cet égard :

« L’économie chrétienne, étant l’Alliance Nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus Christ » (Concile Vatican II, Dei Verbum, 4).

« Au fil des siècles il y a eu des révélations dites “privées”, dont certaines ont été reconnues par l’autorité de l’Église. Elles n’appartiennent cependant pas au dépôt de la foi. Leur rôle n’est pas d’“améliorer” ou de “compléter” la Révélation définitive du Christ, mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire. Guidé par le Magistère de l’Église, le sens des fidèles sait discerner et accueillir ce qui dans ces révélations constitue un appel authentique du Christ ou de ses saints à l’Église. La foi chrétienne ne peut pas accepter des “révélations” qui prétendent dépasser ou corriger la Révélation dont le Christ est l’achèvement. C’est le cas de certaines religions non chrétiennes et aussi de certaines sectes récentes qui se fondent sur de telles “révélations” » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 67).

Le Vatican n’a pas encore publié la prière de consécration qui sera utilisée le 25 mars, mais si elle contient les éléments essentiels, quels effets les fidèles doivent-ils attendre de la consécration ?

L’effet de l’acte de la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, même accompli de manière parfaite selon la demande de la Vierge, ne doit pas être appréhendé comme s’il s’agissait d’un sacrement, dont l’effet provient de sa célébration valide (ex opere operato). Un acte de consécration, théologiquement parlant, est un sacramental (sacramentale), dont l’effet dépend principalement de la prière d’impétration de l’Église (ex opere operantis ecclesiae). La théologie catholique précise que les sacramentaux (sacramentalia) ne produisent pas la grâce mais la préparent. Un acte de consécration ne produit pas un effet automatique, immédiat et spectaculaire ou sensationnel. Dieu, dans sa Providence souveraine, sage et mystérieuse, se réserve le droit de déterminer le moment et la manière de réaliser les effets d’une consécration. Nous faisons bien de garder à l’esprit les paroles de Notre Seigneur : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité » (Ac 1, 7). La manière dont la Providence divine guide l’histoire du salut et l’histoire de son Église est généralement caractérisée par une croissance organique et graduelle. Notre tâche est de faire ce que la Mère de Dieu a dit ; le reste, c’est à la Providence de le déterminer selon des temps et des voies qui ne nous sont pas encore connus. Comme le disait saint Augustin, jusqu’au retour du Christ, « l’Église fera son pèlerinage au milieu des persécutions du monde et des consolations de Dieu » (cf. De civitate Dei, 18, 51).

A Fatima, au Portugal, la Mère de Dieu a révélé ceci : la Russie se convertira à l’unité catholique (Russland bekehrt sich zur Katholischen Einigkeit). La douloureuse division entre l’Église d’Orient et d’Occident a déjà arraché la Russie à la véritable Église du Christ depuis 900 ans. Des tentatives ont été faites plus d’une fois en vue de guérir cette vieille blessure faite au Corps mystique du Christ. La méchanceté, l’iniquité et la ruse humaines ont fait échouer les efforts les plus aimants et les plus nobles de l’Église catholique. Et maintenant, de façon inattendue, la très aimante Mère de Dieu prend l’affaire en main. Elle est apparue à Fatima à trois enfants. N’est-il pas frappant qu’elle ne soit pas apparue à de puissants chefs militaires érudits, mais à trois simples enfants de village ? Et elle a révélé ceci : la Russie se convertira à l’Église catholique !

Nous devons également espérer que la consécration de la Russie hâtera le triomphe du Cœur Immaculé de Marie, qui consistera en un authentique renouveau de la vie de l’Église catholique, c’est-à-dire en une nouvelle splendeur de la pureté de la foi catholique, du caractère sacré de la liturgie et de la sainteté de la vie chrétienne.

Enfin, nous devons espérer que la consécration de la Russie hâtera une ère de paix pour l’humanité. Cependant, la paix véritable et durable au sein de la société humaine ne sera établie que si le Christ règne sur la société humaine. Comme l’écrivait le Pape Pie XI : « Il apparaît ainsi clairement qu'il n'y a de paix du Christ que par le règne du Christ, et que le moyen le plus efficace de travailler au rétablissement de la paix est de restaurer le règne du Christ » (Encyclique Ubi arcano, 49).

Le secrétaire personnel du pape émérite Benoît XVI, Mgr Georg Gänswein, a confirmé que Benoît XVI se joindra au pape François et aux évêques du monde entier pour la consécration de la Russie et de l’Ukraine le 25 mars. Le Vatican a précisé qu’il la fera en privé depuis le monastère de Mater Ecclesiae, c’est-à-dire depuis la chapelle de sa résidence au Vatican. Que pensez-vous de cette nouvelle ?  

C’est une joie pour toute l’Eglise que l’ancien pape Benoît XVI qui, bien sûr, est l’un des membres les plus éminents de l’épiscopat mondial de notre époque, se joigne à la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie.




© leblogdejeannesmits pour la traduction.

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© leblogdejeannesmits

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Mme Smits, pensez-vous que le prétendu pape Bergoglio puisse faire, dans cet esprit qui l’anime, une quelconque consécration sincère au Coeur Immaculé de la TSV Marie ? Pensez-vous que les évêques qui le soutiennent, dont Mgr Schneider, sont justifiés de le soutenir dans la ”vaccination génocidaire obligatoire ” qu’il prône, et de faire cette pseudo consécration en union avec ce pseudo pape, complice de crime contre l’humanité et de génocide ?
Mme Smits, vous est-il possible de prendre conscience de ce qu’on vous écrit ?
Mme Smits, avez-vous remarqué que, dans son interview, Mgr Schneiders saute plus d’une fois du coq à l’âne et ignore totalement la Sainte Écriture, la Révélation, l’Apocalypse, les temps apocalyptiques?
Paroles de Schneider :
Alors, croyez-vous que la consécration, telle que Notre Dame l’a demandée à Fatima, a été faite ou non ? 
”Elle n’a pas encore été faite de la manière dont Notre Dame l’a demandée. À mon avis, la consécration doit être faite de façon plus parfaite, c’est-à-dire avec la mention explicite de la Russie en même temps que les autres conditions, exactes, que Notre Dame a précisées. J’espère et je crois qu’un jour, par un acte parfait de consécration de la Russie au Cœur Immaculé par un prochain pape, le ciel déversera de très abondantes grâces pour l’Église et pour l’humanité, et pour la pleine conversion de la Russie.” (Christus Vincit, pp. 367-368).
.......
”La manière dont le pape convoque les évêques pour participer à l’acte de la consécration (que ce soit par une invitation formelle ou par un ordre explicite) est secondaire à mon avis.”
.......
Et la cerise sur le gâteau :
”C’est une joie pour toute l’Eglise que l’ancien pape Benoît XVI qui, bien sûr, est l’un des membres les plus éminents de l’épiscopat mondial de notre époque, se joigne à la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie.”

Mais c’est encore l’avis personnel de Mgr Schneider qui ne sait plus quoi faire pour se donner de l’importance. Car, en réalité, le Saint-Père BENOIT XVI n’a pas voulu cautionner leur mascarade dont il n’est pas dupe.
http://www.belgicatho.be/archive/2022/03/24/le-texte-de-la-consecration-de-l-ukraine-et-de-la-russie-au-6372996.html http://www.belgicatho.be/media/01/00/1496055319.pdf
”Le fait que le pape Benoît XVI s’abstienne de s’associer à la consécration publique et solennelle du 25 mars mais ait décidé de la vivre ”en privé ” donne à méditer ...”

Benoît XVI est bien évidemment ”l’évêque en blanc” de la vision des petits pastoureaux à Fatima.
Et pendant que Mgr Schneider cause pour nous endormir comme le font les merdias à la solde du n.o.m., les belligérants alignent et activent leurs armes nucléaires.

A quel jeu jouez-vous Mme Smits, dès lors que vous faites encore la publicité du livre ”Le pape dictateur” ?

Anonyme a dit…

Lettre ouverte à Mme Jeanne Smits
Mme Jeanne Smits,
Nous avons pris la peine de lire l’entièreté de votre publication :
https://leblogdejeannesmits.blogspot.com/2022/03/mgr-schneider-evoque-les-modalites-de.html
Nous constatons que cette publication élude la grave question des nombreux graves effets secondaires et génocidaires causés par les pseudo vaccins présumés ”anti covid”, effets que vous ne pouvez pas ignorez puisque vous avez publié des d'articles sur le sujet, effets qui causent des milliers de décès parmi les personnes de tout âge.
Vous ne pouvez pas plus ignorer que ces effets semblent, en apparence, totalement ignorés par le présumé pape François même après deux ans de fausse pandémie, même après deux ans de publication de scientifiques sérieux sur le sujet, et même après plusieurs mois de manifestations retentissantes à travers le monde, en France comme au Canada et ailleurs, contre la vaccination obligatoire. Le présumé pape François, chef d’une Église de 1,3 milliard de baptisés, n’est donc plus justifié de son apparente ignorance de ce génocide planétaire, il en est gravement complice.
Vous ne pouvez plus ignorer que ”François ” prône la vaccination obligatoire pour tout le monde, donc même pour les petits enfants dont il s’avéré déjà que ces pseudo vaccins leur causent des décès et des myocardites aux effets irréversibles.
Vous ne pouvez plus ignorer que cette réalité génocidaire est aussi grave que la portée de frappes nucléaires que pourrait déclencher la Russie mais aussi la Chine, l’Amérique /Otan/Europe, la Corée, ...
Mme Smits, avez-vous des petits-enfants, allez-vous accepter qu’on leur injecte un tel poison aux conséquences irréversibles et parfois mortelles ? Allez-vous cautionner ces horreurs rien que parce que Bergoglio ou Mgr Schneider les cautionne ?
Mme Smits, avez-vous vraiment conscience des réalités de l’amour et de la charité chrétienne ? Avez-vous conscience que l’esprit qui règne au Vatican est bien loin de la vérité, de la charité ? Avez-vous conscience que Bergoglio est un comédien encore plus brillant que Zelensky ?
https://www.riposte-catholique.fr/archives/166298
https://gloria.tv/post/WQzCfwP11wv13XvesdGkeiidB

Anonyme a dit…

Sans vouloir vous décevoir, j'ai écouté sur KTO TV la retransmission au Vatican de cette messe de consécration et me doutais bien que le pape ne jouerait pas le jeu. Je n'ai pas entendu de sa bouche qu'il consacrait expressément la Russie au cœur immaculé de Marie. Le texte verbeux qu'il a lu devant une statue de la la vierge n'était qu'une demande d'acte de paix mondiale pour mettre fin à toutes les guerres, sans viser un pays plus qu'un autre.

En revanche, j'ai vu sur la retransmission de la cérémonie de l'église traditionnelle Saint-Nicolas-du-Chardonnet à Paris que le religieux se mettait à genoux pour implorer devant une statue de la vierge et a fait expressément cette demande de consécration de la Russie. Qu'en pensez-vous?

Jeanne Smits a dit…

J'ai suivi l'acte de consécration sur Vatican News en italien. Le pape a expressément nommé la Russie devant la statue de Notre Dame de Fatima.

 
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