Plus loin, le Responsum précise que les « personnes à tendance homosexuelle » qui manifestent le désir de vivre en fidélité aux desseins révélés de Dieu » peuvent recevoir une bénédiction à titre individuel.
Ce fut assez pour « décevoir » certains, comme Mgr Johan Bonny d’Anvers qui est allé jusqu’à se dire
« très en colère » à cause de la note de la CDF, qu’il juge incompatible avec ce qui a été mis en avant au cours du deuxième synode sur la famille à Rome en 2015, auquel il avait participé. Et de dénoncer la « qualité théologique défectueuse » des membres de ce « département romain ».
Au lendemain de la parution du Responsum, une soixantaine de prêtres allemands avaient déjà publié une lettre ouverte annonçant leur refus de se conformer aux consignes données par la CDF : ils continueront de bénir les couples homosexuels comme ils le faisaient déjà… En Autriche, pas moins de 350 prêtres ont signé un « appel à la désobéissance 2.0 », protestant avec « véhémence contre la supposition selon laquelle des couples aimants de même sexe ne font pas partie du dessein de Dieu ». « Dans cette affaire, on essaie de saper la réalité de la création au moyen de présomptions dogmatisantes », ajoutaient-ils.
Le cardinal américain Blase Cupich a souligné que la note de la Congrégation pour la Doctrine de la foi ne faisait que répéter l’enseignement traditionnel de l’Eglise sur le sacrement de mariage, ajoutant qu’elle allait pourtant provoquer de la « déception » chez un grand nombre. A ceux qui soutiennent la cause LGBT de « redoubler nos efforts afin d’être créatifs et résilients pour trouver des moyens d’accueillir et d’encourager toutes les personnes LGBTQ dans notre famille de foi », a-t-il déclaré. II faut lire la note « dans le contexte des enseignements du Catéchisme et des déclarations encourageantes du pape François aux personnes LGBTQ quant à leur relation avec l’Eglise », a-t-il insisté, s’arrêtant sur le fait qu’elle souligne « les nombreux éléments positifs » au sein de relations de couples de même sexe « qu’il faut en eux-mêmes valoriser et apprécier ».
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Remarque : l’acronyme LGBT ou LGBTQ (et la suite) est lourdement chargé de sens. Il constitue une proclamation délibérée du choix de vivre de manière contraire aux lois morales et à la loi naturelle, elle-même au demeurant contestée et ridiculisée, et revendique des droits civils et sociaux du fait de ce choix.
Interpellé par un journaliste allemand à propos de la « déception » causée par la note, le cardinal a répondu :
« La vie pastorale de l’Église est ouverte à toutes les personnes. Il est essentiel et très important que nous ouvrions toujours nos bras pour accueillir et accompagner toutes les personnes dans leurs différentes étapes de vie et dans leurs différentes situations de vie. Parfois, nous ne comprenons pas non plus une distinction qui doit être faite, à savoir que lorsque l’Église parle du mariage, elle parle du mariage sacramentel, elle ne parle pas des unions civiles. Elle ne parle pas des autres formes de mariage. Elle parle de la question du mariage sacramentel, et Amoris Laetitia parle de ce mariage sacramentel. »
Et d’insister sur « l’accompagnement de tous », et notamment des « mariages civils » et des « unions civiles » ou « d’autres formes de mariage ».
La nécessaire « distinction » par rapport au sacrement prévaudrait ainsi sur l’affirmation claire de ce qui n’est pas acceptable, non parce que l’Eglise se détournerait des personnes dans ces situations, mais parce que ces situations ne sont plus présentées comme mettant en danger le salut éternel de ceux qui s’y maintiennent.
America Magazine, la revue américaine des Jésuites, va encore plus loin, en assurant depuis le début de la semaine dernière et la publication de la note vaticane que le pape François n’est pas forcément totalement d’accord avec ce qu’elle proclame.
Un podcast mis en ligne dès mercredi dernier donnait la parole au correspondant à Rome de la revue, Gerard O’Connell. Celui-ci a pointé ce qu’il présente comme des anomalies lors de la rédaction et de l’adoption du texte, d’autant que le pape, selon ce cercle où il s’exprime, a plaidé pour la reconnaissance légale des unions civiles homosexuelles dans un récent documentaire.
O’Connell, invoquant sa longue expérience de vaticaniste, a fait remarquer le caractère inhabituel de la formule utilisée : « Le Souverain Pontife François, au cours d'une audience accordée au Secrétaire de cette Congrégation, a été informé du Responsum ad dubium susmentionné, avec la Note explicative annexe, et a consenti à leur publication. »
Ce jugement sur le caractère inhabituel est partagé par d’autres à Rome : selon Gerard O’Connell, cela donne l’impression que le pape s’est d’une certaine façon « distancé » du document, car il ne l’a pas « approuvé » et semble en avoir été simplement « informé », sans l’avoir vu.
O’Connell ajoute que des personnes « à l’intérieur » de la CDF lui ont fait savoir que le document n’avait pas été approuvé au cours d’une assemblée plénière de la CDF. Celle-ci a normalement lieu chaque mois et rassemble « 25 ou 26 personnes » mais n’a pas eu lieu depuis longtemps pour cause de pandémie.
Ainsi, la note a été rédigée par « un très petit groupe de personnes », et a été portée par Mgr Morand chez le pape au moment où celui-ci préparait son voyage en Irak et « avait la tête ailleurs ». Raison pour laquelle il n’est pas question de l’« approbation » du texte par François mais de son consentement à sa publication.
« Il n’y a aucune raison de croire que le pape a rétropédalé par rapport à tout ce qu’il a dit à ce jour », selon O’Connell : « L’ayant connu depuis de longues années, cela ne correspond pas à ses antécédents. » Voilà qui ne cadre pas tout à fait avec certains changements d’avis ou rectifications de François à la suite d’une déclaration particulièrement étonnante… Mais clairement, le lobby « pro-LGBT » veut croire et au besoin imposer dans l’opinion l’idée que le pape n’a pas pu approuver un texte pareil.
« C’est comme si on l’accusait d’avoir deux visages… Ce n’est pas très juste à l’égard du pape et je crois que cette histoire ne s’arrêtera pas là », a conclu le vaticaniste.
En ce dimanche de la Passion, « Cinquième dimanche du carême » dans le Nouvel Ordo, le pape François a selon des sources citées une fois de plus par America Magazine discrètement contredit le document de la CDF ?
C’était au moment de l’Angélus. Le pape François a parlé du devoir des chrétiens d’aider les autres à voir Jésus, disant :
« Nous comprenons dès lors la grande responsabilité qui nous incombe, à nous chrétiens et à nos communautés. Nous aussi, nous devons répondre par le témoignage d’une vie qui se donne dans le service, une vie qui prend sur elle le style de Dieu – proximité, compassion et tendresse – et se donne dans le service. Il s’agit de semer des graines d'amour non pas avec des mots qui s'envolent, mais avec des exemples concrets, simples et courageux, non pas avec des condamnations théoriques, mais avec des gestes d’amour. Ensuite, le Seigneur, avec sa grâce, nous fait porter du fruit, même lorsque le terrain est sec à cause de malentendus, de difficultés ou de persécutions, ou de prétentions au légalisme ou au moralisme clérical. C’est un terrain sec. C’est précisément à ce moment-là, dans l’épreuve et la solitude, alors que la graine meurt, que la vie germe, pour produire des fruits mûrs en son temps. »
Selon « trois sources » anonymes, dont une « haut placée » dans la Curie, citées par America Magazine, ces mots sont venus apporter une réponse à ceux qui avaient considéré le document de la CDF comme moralisateur ou condamnatoire, marqué par le « légalisme » et le « cléricalisme ». La source « haut placée » ajoutait selon la revue que tout « responsum » devrait etre marqué par la « proximité », la « compassion » et la « tendresse » évoquées par le pape. Les interlocuteurs du journal ne seraient « pas étonnées » si le pape revient plus longuement sur le sujet des unions « LGBT » à l’avenir.
A noter : la version française des paroles du pape à l’Angélus, non disponibles sur le site dédié à François mais
partiellement rapportées par Vatican News, fait l’impasse sur plusieurs expressions clefs : « non pas avec des condamnations théoriques », « ou de prétentions au légalisme ou au moralisme clérical ». Celles-là même qui dans le vocabulaire pontifical ont depuis le début servi à discréditer ceux qui osent des affirmations claires quant aux exigences morales de l’Eglise.
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