La décision épiscopale, datée du 4 mars, affirme : « Dans l’intérêt de la santé et de la sécurité, les prêtres et les paroisses ne devraient pas succomber aux demandes de distribution de la sainte communion avant ou après la messe, dans ou en dehors des églises. »
« Succomber » à la demande d’un fidèle de recevoir un sacrement comme on « succombe » à la tentation ? Bigre !
Mgr Farrell précise : « Les messes en drive-in ne sont pas autorisées car aucun rassemblement de personnes à l’extérieur ou à l’intérieur n’est autorisé. La sainte communion ne peut être distribuée dans l’église qu’aux personnes en deuil qui assistent à une messe funéraire, à celles qui célèbrent le sacrement du mariage et aux ministres essentiels qui rendent possible la célébration de la messe en ligne (par exemple, le ministre de la Parole, le sacristain). »,
Toute organisation de premières communions ou de confirmations devra attendre que le gouvernement irlandais indique au diocèse que cela peut se faire en toute « sécurité ».
Mais il y a pire. Le sacrement du baptême est également proscrit dans le diocèse de Dublin, puisque Mgr Farrell a demandé au clergé de ne baptiser que « dans des circonstances exceptionnelles, c’est-à-dire en danger de mort ».
Autrement dit, c’est la fin des baptêmes des nouveau-nés et des nourrissons. Le report des baptêmes demandés par des jeunes ou des adultes. L’idée que le baptême, ça peut attendre. Mais cet évêque sait-il seulement ce qu’est le baptême ? La catéchèse assurée dans son diocèse l’enseigne-t-elle aux enfants ?
Le décret épiscopal a été critiqué par nombre de médias catholiques du pays. Catholic Arena l’a ainsi qualifié de « déclaration décourageante et démoralisante pour un troupeau déjà en déclin… une reddition totale ».
L’Irlande est en confinement de niveau 5 depuis le début de la nouvelle année, et les restrictions devraient rester en vigueur jusqu’au 5 avril au moins, date à laquelle un réexamen sera effectué. Pas de Semaine Sainte, pas de messe pascale pour les fidèles autrement que derrière leurs écrans… Car tout culte public est interdit et les lieux de culte ne peuvent être ouverts que pour la prière privée. Les messes et autres offices en présence de fidèles ne seront autorisés qu’une fois le pays revenu au niveau 2 des restrictions, ce qui pourrait prendre des mois.
La hiérarchie catholique irlandaise a tenu plusieurs réunions avec le Taoiseach (Premier ministre) Micheál Martin, dans une tentative de « dialogue » en vue réduire les restrictions imposées aux églises à l’avenir. La réunion la plus récente a eu lieu vers la fin du mois dernier, lorsque les quatre archevêques d’Irlande ont exprimé leur soutien durable au « message de santé publique », s’engageant « à encourager toutes les mesures nécessaires, y compris la vaccination, pour protéger la santé et le bien-être, en particulier celui des plus vulnérables ». Les archevêques se sont bornés à demander au gouvernement que celui-ci autorise le culte public à « reprendre lorsqu’un assouplissement des restrictions sera envisagé ».
Le décret de Farrell interdisant la communion, qu’aucune mesure publique n’impose explicitement, est intervenu quinze jours après cette réunion.
Mais le dimanche précédent le décret, la police a demandé à une paroisse de Dublin de cesser de distribuer la communion en privé aux paroissiens qui venaient à l’église après la messe télévisée pour la recevoir individuellement, avant de rentrer chez eux sans se rassembler.
Interrogé par la chaîne RTE, le père Binoy Mathew de la paroisse Mountview and Blakestown a déclaré que les gens entraient dans l’église pour recevoir la communion, et en sortaient immédiatement. Environ 130 personnes étaient venues en deux heures, a-t-il précisé, en respectant les protocoles d’hygiène.
La police a fait cesser ces actes de piété individuels, l’ayant interprété comme un événement organisé, interdit à ce titre par les restrictions du COVID.
Cet événement est probablement à l’origine de la décision de Farrell, puisqu’il affirme dans la note qui précède son décret que des questions avaient été soulevées lors de récentes réunions du doyenné, ce qui l’avait amené à interdire explicitement la réception privée de la communion.
A Dublin, il est toujours possible de commander des repas et des boissons à emporter. Où est la différence (hormis la valeur infinie du sacrement, bien sûr) avec la distribution individuelle de la communion ?
D’autres restrictions sont en voie d’assouplissement : ainsi les écoles ont-elles rouvert leurs portes aux enfants présentant des difficultés d’apprentissage, à certaines classes du primaire et aux jeunes qui s’apprêtent à passer leur examen de fin d’études secondaires cette année.
L’Irlande enregistre actuellement environ 15 morts attribuées au COVID-19 par jour, un nombre en baisse continue depuis début février où l’on est monté à 60 morts par jour. Quant au nombre de « cas » journaliers, il a fortement chuté entre la mi-janvier (6.532) et début février (1,285), a encore baissé de manière moins rapide mais constante depuis lors pour se situer aujourd’hui à une moyenne de 475.
C’est dans ce contexte sanitaire encourageant que l’archevêque de Dublin a pris la décision d’interdire l’accès généralisé aux sacrements. Le message est clair : la santé du corps prime sur la santé de l’âme.
On ne s’étonnera pas de ce que, peu avant de prendre ses fonctions d’archevêque de Dublin au début de l’année, Mgr Farrell ait accordé une interview dans laquelle il s’est dit favorable à la bénédiction des anneaux pour les couples homosexuels. Et si l’Église catholique enseigne que les actes homosexuels sont « intrinsèquement désordonnés », Farrell voit dans cette formule une « description technique ».
Réticent au départ à l’idée des « femmes prêtres » – pour lui, l’enseignement traditionnel de l’Église sur le sujet est un « obstacle à surmonter » – Mgr Farrell a fortement signifié son soutien au diaconat féminin.
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