12 novembre, 2020

Rapport McCarrick : une première réaction de Mgr Carlo Maria Viganò, et des accusations de mensonge

La sortie du rapport McCarrick (461 pages en anglais disponibles en PDF ici, mais pas recommandées pour tout public), mardi, a mis au jour une tentative de blanchir le pape François quant au traitement de ce dossier brûlant impliquant un cardinal américain hautement politique aujourd’hui réduit à l’état laïque pour cause de comportement immoral avec des séminaristes et des jeunes prêtres.

Premier visé : le pape Jean-Paul II qui se serait surtout rendu coupable de naïveté alors que des allégations précises lui étaient parvenues dès 1999, mais qui a cru – dit le rapport – aux protestations d’innocence du charmant « Uncle Ted » parvenues au moyen d’une lettre déchirante, avant de le nommer archevêque de Washington. Mais aussi Benoît XVI, qui aurait laissé Theodore McCarrick poursuivre ses activités internationales et mondialistes.

De quoi « rassurer » le pape François qui a pour beau souci d’être le continuateur de ses deux prédécesseurs et qui ne pouvait imaginer qu’ils aient pu assurer la promotion à un être aussi corrompu, affirme le rapport.

Ces activités comprennent notamment la présence parmi les personnalités du « Center for Strategic and International Studies » que McCarrick évoquait en les minimisant avec le nonce Sambi à Washington en 2009. Le CSIS compte parmi ses grandes figures Henri Kissinger et Zbigniew Brzezinski, grands mondialistes et promoteurs du Nouvel Ordre Mondial.

Le rapport affirme également que Mgr Carlo Maria Viganò n’a pas correctement donné suite à nombre d’accusations lancées contre l’ex-cardinal au moment où il était en mesure de le faire, soit à la Curie, soit à Washington qu’il avait rejoint en tant que nonce apostolique sous Benoît XVI. Sur ce point Mgr Viganò répondra certainement.

Le pape François affirme dans le rapport n’avoir aucun souvenir des mises en gardes faites de manière orale par Mgr Viganò en 2013, selon la fameuse déclaration de ce dernier.

Le rapport affirme également que le pape François a été informé d’accusations concernant des relations sexuelles entre McCarrick et un mineur après que le Saint-Siège en eut pris connaissance en 2017, entraînant la demande du pape à McCarrick de démissionner du cardinalat, puis sa réduction à l’état laïque.

Une curieuse note du pape pour clore le rapport le montre déplorant que des « mineurs » et des « adultes vulnérables » aient fait l’objet d’« abus sexuels » de la part d’un « nombre significatif de clercs et de personnes consacrées » – comme si les rapports consensuels, notamment et surtout homosexuels, entre des clercs et des adultes, clercs ou non, consentants, n’étaient pas aussi un scandale au sein de l’Eglise.

Je vous propose ci-dessous ma traduction, visée et approuvée par son auteur, de la première réaction de Mgr Viganò au rapport. On peut d’ores et déjà penser que le rapport contient des accusations mensongères à son égard, étant donné qu’une personne proche du dossier me confirme avoir lui-même transmis un rapport écrit par Viganò à Rome dont le rapport affirme qu’il n’a pas été rédigé. Ce qui décrédibilise, s’il était possible, encore davantage les rédacteurs « romains » de ce rapport sur cette odieuse affaire. – J.S.

*

Le rapport officiel du Saint-Siège concernant l’affaire McCarrick a été rendu public ce jour [NdT 10 novembre 2020]. Avant de m’exprimer sur son bien-fondé, je prendrai le temps d’en analyser le contenu.

Cependant, je ne peux pas manquer de mettre en évidence l’opération surréaliste de mystification à propos des personnes qui sont responsables de la dissimulation des scandales dans lesquels est impliqué le cardinal américain destitué, et en même temps je ne puis m’empêcher d’exprimer mon indignation de voir les mêmes accusations de dissimulation portées contre moi, alors qu’en réalité j’ai dénoncé de manière répétée l’inaction du Saint-Siège devant la gravité des accusations concernant la conduite de McCarrick. 

Un commentateur impartial remarquerait le choix plus que suspect du moment de la publication du rapport, ainsi que la tentative de me discréditer, moi qui suis accusé de désobéissance et de négligence par ceux-là mêmes qui ont tout intérêt à délégitimer celui qui a mis au jour un réseau de corruption et d’immoralité sans précédent. L’effronterie et le caractère frauduleux dont on a fait preuve à cette occasion semblent exiger, à ce stade, que nous appelions cette reconstitution suggestive des faits « Le rapport Viganò », en épargnant au lecteur la désagréable surprise de voir falsifiée une fois de plus la réalité. Mais cela eût exigé de l’honnêteté intellectuelle, avant même l’amour de la justice et de la vérité.

Contrairement à de nombreux protagonistes de cette histoire, je n’ai aucune raison de craindre que la vérité contredise mes dénonciations, et je ne suis en aucun cas susceptible de chantage. Quiconque lance des accusations infondées dans le seul but de détourner l’attention de l’opinion publique aura l’amère surprise de constater que l’opération menée contre moi n’aura aucun effet, si ce n’est de donner une preuve supplémentaire de la corruption et de la mauvaise foi de ceux qui, pendant trop longtemps, se sont tus, ont fait des démentis et ont regardé ailleurs, et qui aujourd’hui doivent rendre des comptes. La fiction du Vatican continue. 

+ Carlo Maria Viganò, archevêque
+ 10 novembre 2020

© leblogdejeannesmits pour la traduction

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