Réflexions sur le pape, les homosexuels, le réalisateur gay et l'union civile
Ce que le Pape a dit sur ce sujet est ce qu'il soutenait aussi quand il était l'archevêque de Buenos Aires. Cela implique deux choses différentes :
1. Pour lui, l'expression « mariage » a un sens précis et ne s'applique qu'à une union stable entre un homme et une femme ouverte à la transmission de la vie. Cette union est unique, car elle implique la différence entre l'homme et la femme qui s'unissent dans leur leur réciprocité et s'enrichissent de cette différence, naturellement capable d'engendrer la vie. Il y a donc un mot, « mariage », qui ne s'applique qu'à cette réalité. Toute autre union similaire requiert une autre dénomination.
2. Cependant, Bergoglio a toujours reconnu que, sans appeler cela « mariage », il existe en fait des liens très étroits entre des personnes du même sexe, qui n'impliquent pas nécessairement des relations sexuelles, mais une alliance très intense et stable. Ils se connaissent profondément, partagent le même toit pendant de nombreuses années, prennent soin l'un de l'autre, se sacrifient l'un pour l'autre. Alors il se peut qu'ils préfèrent que dans un cas extrême ou une maladie on ne consulte pas leurs proches mais cette personne qui connaît profondément leurs intentions. Et pour la même raison ils préfèrent que ce soit cette personne qui hérite de tous leurs biens, etc. Cela peut être prévu par la loi et s'appelle « union civile », ou « loi sur la cohabitation civile », pas le mariage.
Bergoglio a toujours eu cette opinion, et il y a même des années, il y a eu une dispute dans l'épiscopat argentin, où Bergoglio défendait cela, mais a perdu. La plupart d'entre eux disaient que cela allait se confondre avec le mariage et préféraient ne pas innover.
Les déclarations du Pape sur les couples et les droits des homosexuels sont devenues un cas d’école au Saint-Siège. D’abord la demande de ne rien publier venue de ceux qui s’occupent médias du Vatican, puis la suppression d’images de l’interview complète du pape François, dont les déclarations les plus fortes ont disparu – celles qui étaient propres à créer des affrontements internes.par Francesco Antonio Grana | 22 OCTOBRE 2020Il y a un vrai mystère au Vatican sur les déclarations du pape François concernant la loi sur les unions civiles y compris entre personnes de même sexe. Dans un courriel de la direction éditoriale du Département de la Communication, que ilfattoquotidiano.it est en mesure de publier intégralement et en exclusivité, figure l’ordre de censurer tout ce qui concerne le documentaire dans lequel Bergoglio énonce son ouverture révolutionnaire. Il est signé par Massimiliano Menichetti, responsable de Radio Vatican-Vatican News et du Centre éditorial multimédia, mais il est clair qu’il répercute les indications de la direction du département du Saint-Siège qui s’occupe des médias :« Bonjour à tous, en ce qui concerne le tollé provoqué par le film “Francesco” du réalisateur russe Evgeny Afineevsky, pour le moment nous ne publions AUCUNE information, ni radio, ni web. Rien non plus sur le film ni sur la cérémonie de remise des prix qui a eu lieu aujourd’hui au Vatican. Une discussion pour faire face à la crise médiatique en cours. Un communiqué de la Salle de Presse n’est pas exclu. Veuillez me faire remonter, si vous le pouvez, en milieu et en fin de journée, les réactions des auditeurs et des followers. Il n’est pas nécessaire de me faire suivre les commentaires, deux lignes de synthèse suffiront. Merci, Massimiliano Menichetti. »Malgré cela, avant l’habituelle audience générale du mercredi 21 octobre, le Pape a reçu le directeur et tous ses collaborateurs dans une petite salle adjacente à la salle Paul VI, donnant ainsi sa bénédiction à l’œuvre. Il faut aussi considérer que le documentaire, au lendemain de l’audience avec le pape et de sa présentation au Festival du film de Rome que dirige Antonio Monda, frère du directeur de L’Osservatore Romano Andrea, a reçu, dans les Jardins même du Vatican, le « Kineo Movie for Humanity Award », décerné à une œuvre à dimension sociale et humanitaire.Mais ce n’est pas tout. En fait, la genèse des déclarations du pape sur les unions civiles a été révélée par le père jésuite Antonio Spadaro, directeur de La Civiltà Cattolica, dans une tentative de faire barrage aux critiques du monde catholique conservateur. Au micro de Tv2000, Spadaro a expliqué que « le réalisateur du film “Francesco” rassemble une série d’interviews qui ont été faites avec le pape François au fil du temps, donnant une grande synthèse de son pontificat et de la valeur de ses voyages. Entre autres, il y a divers passages tirés d’une interview de Valentina Alazraki, une journaliste mexicaine, et dans cette interview, le Pape François parle d’un droit à la protection juridique des couples homosexuels mais sans d’aucune façon toucher à la doctrine ». Le jésuite souligne que « il y a aussi un autre témoignage dans le film où il est dit explicitement que le pape François n’a pas l’intention de changer la doctrine, mais en même temps le pape François est très ouvert aux besoins réels de la vie concrète des gens ». Et il ajoute : « Il n’y a donc rien de nouveau. Il s’agit d’une interview donnée il y a longtemps et que la presse a déjà commentée. Mais en même temps, nous comprenons comment ce film réaffirme l’importance que le pape François accorde aux mots d’écoute et de protection des personnes qui vivent dans des situations de crise ou de difficulté. Ce qui reste et qui est frappant, c’est la capacité d’écoute dont François fait preuve. »Mais objectivement, il y a une chose qui ne colle pas. Dans l’interview à laquelle le père Spadaro fait référence, publiée le 28 mai 2019, il n’y a aucune trace des déclarations de Bergoglio sur les unions civiles. Les plans de l’interview donnée à la télévision mexicaine et du documentaire réalisé par le réalisateur russe sont les mêmes, et d’ailleurs de nombreuses déclarations sur les homosexuels coïncident, confirmant ainsi la thèse de Spadaro, à savoir qu’il s’agit d’un enregistrement unique datant de 2019. Mais il est évident que certaines coupes ont été faites. Dans l’interview à la télévision mexicaine, répondant à une question sur les personnes vivant en situation irrégulière, le pape dit : « Si nous nous convainquions qu’ils sont enfants de Dieu, cela changerait suffisamment. Ils m’ont posé une question pendant le vol, après je me suis fâché, je me suis fâché parce qu’un journal l’a rapporté, sur l’intégration des personnes d’orientation homosexuelle dans la famille. J’ai dit : les personnes homosexuelles ont le droit d’être dans la famille, les personnes ayant une orientation homosexuelle ont le droit de rester dans la famille, et les parents ont le droit de reconnaître ce fils comme homosexuel, cette fille comme homosexuelle, on ne peut chasser personne de la famille ni lui rendre la vie impossible. Une autre chose que j’ai dite, c’st que lorsque vous voyez des signes chez les garçons qui grandissent, vous devez les envoyer, j’aurais dû dire chez un professionnel, et au lieu de cela le mot qui m’a échappé est psychiatre. Le titre de ce journal était : “Le pape envoie les homosexuels chez le psychiatre.” Ce n’est pas vrai ! Ils m’ont posé la même question et je leur ai répété : ils sont enfants de Dieu, ils ont droit à une famille, et c’est tout. Et j’ai expliqué : j’ai eu tort d’utiliser ce mot, mais je voulais dire ceci. Lorsque vous remarquez quelque chose d’étrange, non, pas étrange, quelque chose qui sort de l’ordinaire, ne prenez pas telle petite parole pour vous échapper du contexte. Ce que j’ai dit, c’est qu’il y a droit à une famille. Et cela ne signifie pas qu’il faut approuver les actes homosexuels, bien au contraire. »Le journaliste demande alors à Bergoglio : « Vous avez mené toute une bataille sur le mariage des personnes du même sexe en Argentine. Et puis ils disent que vous êtes venu ici, que vous avez été élu pape et que maintenant vous semblez beaucoup plus libéral qu’en Argentine. Vous reeconnaissez-vous dans cette description que font de vous certaines personnes qui vous connaissaient avant, ou est-ce la grâce du Saint-Esprit qui vous a donné davantage ? » Et le Pape de répondre : « La grâce du Saint-Esprit existe, certes. J’ai toujours défendu la doctrine. Et ce qui est curieux, dans la loi sur le mariage homosexuel… C’est incongru de parler de mariage homosexuel. » Aucune trace, au contraire, des mots que Francis a prononcés dans le documentaire sur l’union civile : « Les homosexuels ont le droit d’être dans une famille. Ils sont enfants de Dieu et ont droit à une famille. Personne ne doit être exclu ou rendu malheureux pour cette raison. Ce que nous devons créer, c’est une loi sur les unions civiles. De cette façon, ils sont couverts légalement. Je me suis battu pour cela. »Cette affaire, celle du Pape censuré sur les unions civiles, rappelle la lettre de Benoît XVI trafiquée par le préfet du département des communications du Saint-Siège de l’époque, Mgr Dario Edoardo Viganò. Une affaire qui a obligé le prélat a démissionner, même si par la suite les SMS entre lui et l’archevêque Georg Gänswein, préfet de la maison pontificale mais surtout secrétaire particulier du pape émérite, ont été publiés, d’où il ressort que l’opération de rendre publique une partie seulement de la lettre de Ratzinger avait été convenue d’abord entre les deux. Et maintenant, qui va expliquer à François pourquoi ses phrases ont été censurées ?
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