10 septembre, 2020

Paganisme dans l’Eglise: chants et danse aborigènes lors de l’ordination d’un diacre permanent en Australie

Flanqué de sa femme, Bee, un aborigène australien, Philip Butler, a ouvert la messe d’ordination d'un diacre permanent en Australie par des chants et une danse d’invocation des esprits, avant de participer à la procession d’aspersion des fidèles à la demande de l'évêque local.

Les faits se sont déroulés le 28 août au soir en la paroisse Sainte-Marie Etoile de la mer dans la paroisse de Milton dans le New South Wales. Philip Butler était couvert de peintures rituelles, torse nu, simplement vêtu d'un pagne rouge, tandis que sa femme, portait jeans et haut occidental. Elle a participé à la cérémonie en reprenant le chant aux esprits lancé par son mari, pendant que celui-ci dansait devant l’autel en frappant rythmiquement des boomerangs et autres artéfacts.

Cette intrusion d'un rituel aborigène au paganisme assumé a pris la forme de ce qu’on appelle en Australie la « bienvenue au pays », à savoir une séquence par laquelle un représentant reconnu des « peuples premiers » marque l'accueil des nouveau-venus sur son territoire pour quelque événement officiel. Au cours d'une telle cérémonie, les esprits sont invoqués pour garder les visiteurs « sains et saufs » : en l'occurrence, ce furent l’air, la terre et l’océan, ainsi que les esprits d’oiseaux et d’autres animaux, en un paganisme assumé.


   


Le Welcome to country constitue en ce sens à la fois un rappel des droits des autochtones face aux colonisateurs mais aussi un rituel païen à part entière, même si l'authenticité en est discutable, à tel point que nombre d'Australiens et voit le summum du politiquement correct dans tout ce qu'il a de plus factice. Les premiers Welcome to country tels qu'ils existent aujourd'hui ne remontent pas plus loin que 1976 et les chants et invocations semblent avoir été taillées sur mesure à l'époque, notamment à des fins touristiques. 

Cependant, le rituel existait bien parmi les aborigènes en Australie et servait lors des déplacements des tribus ou de leurs représentants qui étaient ainsi accueillis dans des tribus voisines. 

L'intrusion d'une telle cérémonie païenne dans une messe catholique, et qui plus est dans une messe d'ordination d'un diacre marié permanent, est tout un symbole. En l’occurrence, c’est Philip Butler qui, en accomplissant un premier geste rituel parfaitement intégré dans l’ensemble, a donné le ton, alors même que ni le futur diacre, Justin Stanwix, ni l'assemblée majoritairement composée de Blancs du troisième âge dans quelque lien que ce soit avec ces peuplades et leurs invocations des esprits.

Précisons que les saintes espèces étaient présentes dans le tabernacle pendant les chants et la danse.

Lorsque la messe a commencé, Mgr Brian Mascord du diocèse de Wollongong a invité Butler à le suivre immédiatement dans la procession d'aspersion des fidèles – tous masqués, bien sûr, contrairement à l’évêque et au shaman. Tandis que le prélat aspergeait chaque membre de l’assemblée d'eau bénite, Butler suivait avec un panier rempli de brindilles fumantes qu'il passait devant leurs visages. Selon les croyances des autochtones australiens, la fumée émise par certaines plantes chasse les esprits mauvais.

Joint par Dorothy Cummings Maclean de LifeSite, Mgr Mascord a précisé par courriel que le Welcome to country n'est pas un rite religieux, mais un rite culturel de « respect et d'accueil des visiteurs au pays des Propriétaires Traditionnels ». « Cela a fait parti des cultures des aborigènes et de Torres Strait Island pendant des dizaines de milliers d’années. Des éléments essentiels de l'accueil des visiteurs et de l'offre d'un sauf-conduit restent en place jusqu'à aujourd’hui. » Et d’ajouter qu’un tel rituel avait accueilli à la fois Jean-Paul II et Benoît XVI lors de leur visite en Australie – ce qui n'excuse rien. Mais on peut observer que ce n'était pas avec un même degré de gravité puisqu'il ne s'agissait pas d'un rituel intégré dans une messe catholique.

Il reste aussi à comprendre comment un rite d'invocation des esprits pourrait ne pas être un rite religieux. Dans sa Première Lettre aux Corinthiens, saint Paul précise : « Je dis que les sacrifices des païens sont offerts aux démons, et non à Dieu, et je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. »

Dorothy Cummings Maclean a précisé dans l'article qu'elle a consacré à ce scandale qu'en décembre dernier, un festival de la jeunesse catholique organisée par la conférence épiscopale australienne s'était aussi ouvert sur une cérémonie aborigène de bienvenue au pays. Le chaman, Sean, avait clairement mis en évidence le caractère panthéiste de l'événement, affirmant que dans sa terre, la « terre mère », tout est lié et interconnecté. Et de chanter : « Mauvais esprit, va-t’en, nous n'avons pas besoin de toi maintenant… Bon esprit, viens t’asseoir, non dans l'air mais sur notre peau… Et quand tu sens la chair de poule traverser ton corps, on espère en passant de l'un à l'autre, ce sont les anciens qui dansent avec ton esprit d'enfant à l'intérieur. Tout naît avec un esprit qui nous unit instantanément. »

Voilà pour la philosophie de la chose. elle trouve à l'évidence sa source et sa justification dans les cérémonies de la Pachamama à Rome lors du synode sur l’Amazonie.

Mais revenons à Milton et à la messe d’ordination de Justin Stanwix. Le film complet de la cérémonie a été mis en ligne sur la chaîne YouTube de la paroisse. On peut notamment y entendre l'un des chants qui ont ponctué l’office : Seigneur, enseigne-nous ta décroissance.

Quant au nouveau diacre, il s'est adressé à tous à la fin de la messe à la fois pour remercier chacun et pour donner une petite exhortation diaconale. Se réjouissant de ce que le pape François vienne d'annoncer un synode des évêques sur la synodalité, Justin Stanwix a expliqué qu'il s'était senti comme saint François d'Assise appelé à réparer l’Eglise. Il travaillera, a-t-il annoncé, à l'émancipation des femmes, et il ce préoccupera tout spécialement des « personnes qui se sentent déconnectées, qu'il ne se sentent pas les bienvenues pour venir recevoir le corps et le sang du Christ ».

Stanwix a même eu les honneurs de La Croix International le 25 juillet, un mois avant son ordination diaconale. C'est en tant que « liturgiste paroissial » qu'il a commenté la situation post-COVID en dénonçant l'habitude prise de suivre la messe par les réseaux sociaux et les écrans interposés. S'il a bien fait remarquer qu'il ne s'agit pas là d'une véritable assistance au « sacrifice de l’Agneau de Dieu, réellement présent », il a aussi dénoncé la « raideur » d'une messe en ligne. « Bien pire, elle permet aux spectateurs de retourner ou de demeurer dans un contexte d'avant Vatican II », a-t-il écrit, dénonçant la forme ancienne de la liturgie qui avait permis selon lui de « faire naître de mauvaises habitudes » du fait de l'échec de l'Eglise à tenir compte des besoins des fidèles, notamment à travers une « architecture inappropriée » – ça ne s'invente pas.

L’ordination paganisée de Justin Stanwix n’est pas une première. Le 15 mars dernier, dans la province brésilienne occidentale d’Amazonia, un membre de la tribu Ticuna était lui aussi ordonné diacre permanent marié, au cours d'une cérémonie entrelardée de symboles et de rituels autochtones. Aux éléments végétaux et animaux s'ajoutaient les chants et les danses, tandis que la population locale réalisait une espèce d'adaptation de la cérémonie traditionnelle du passage à l'âge adulte des jeunes filles, cruelle tradition par laquelle elles sont mises à l'isolement pendant des semaines et même des mois au début de la puberté, avant que les jeunes hommes de la tribu n'effectuent une danse de la fertilité autour d'elle, déguisés en démons. Seule une danse réalisée avec les instruments et décorations utilisées pour ce ce rite de passage avaient eu lieu dans le diocèse d’Alto Simões.

S’y étaient ajoutés d’autres symbole et rituels païens, comme l'utilisation d'une couverture ronde posée par terre comme symbole de la protection contre toutes les forces de la nature. L’ordinand, Pereira Angelo, c'était prostré sur ce tapis indigène en même temps qu'une autre couverture ronde munie de symboles d'animaux, du soleil et de la Lune, était brandit pour signifier la protection face aux forces de la nature. A cette occasion, Mgr Adolfo Zon Pereira avait indiqué qu'il voulait particulièrement suivre l'appel du pape François à édifier une Eglise avec un visage amazonien. L'événement avait été repris et commenté avec admiration sur Vatican News.

J’en avais fait un long commentaire que l’on peut lire ici (en anglais).

L’événement similaire qui s'est déroulé fin août en Australie montre que le « visage amazonien » de l'Eglise obéit à sa propre forme de mondialisme, puisqu'il suffit d'être autochtone, issu des « peuples premiers », d'Amazonie, d'Australie et peut-être, demain, d'ailleurs, pour s'inscrire dans ce mouvement de paganisation et de panthéisation assumées.


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