Mgr Athanasius Schneider dénonce la réception anti-démocratique de l'Appel pour l'Eglise et pour le monde
Voici donc ma traduction de cette réaction où Mgr Schneider fait le parallèle entre les méthodes du régime soviétique, qu'il a bien connu pour avoir vécu sous sa férule pendant sa jeunesse, et la manière dont l'appel de trois cardinaux, neuf évêques et de nombreux médecins, universitaires, journalistes, avocats… a été balayée comme relevant d'un complotisme ridicule.
Précédemment, le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, avait lui aussi défendu sa décision de signer l'Appel, non comme un document scientifique (qu'il ne prétend pas être) mais comme une invitation à aborder sérieusement les effets secondaires médiatiques et politiques de la pandémie du coronavirus.
Voici donc le texte intégral de la réaction de Mgr Schneider. – J.S.
Appel pour l’Eglise et le monde : catalyseur pour un débat honnête
Le 8 mai 2020, a été publié un document intitulé Appel aux catholiques et à toutes les personnes de bonne volonté pour l’Eglise. Parmi ses premiers signataires figuraient, entre autres, trois cardinaux, neuf évêques, onze médecins, vingt-deux journalistes et treize avocats.
Il est étonnant de voir comment les représentants de l’establishment ecclésiastique, mais aussi politique et médiatique, ont unanimement cherché, par obéissance à la pensée unique dominante, à jeter le discrédit sur les préoccupations exprimées dans l’Appel, et à étouffer toute discussion à leur sujet, avec l’« argument massue » selon lequel il ne s’agit que d’une « théorie du complot ». Je me souviens des mêmes types de réactions et de discours sous la dictature soviétique, lorsque les dissidents et les critiques de l’idéologie et de la politique dominantes étaient accusés d’être complices de la « théorie du complot » diffusée par l’Occident capitaliste.
Les détracteurs de l’appel refusent de prendre en compte les preuves, tel le taux de mortalité officiel (pour la même période) de la saison de la grippe 2017-2018, par rapport à l’épidémie actuelle de Covid-19 en Allemagne. Le taux de mortalité de la seconde est beaucoup plus faible. Il existe des pays où les mesures de sécurité et de prévention des coronavirus sont modérées et qui n’ont pas eu un taux de mortalité plus élevé du fait de leur mise en œuvre. Si on qualifie la simple reconnaissance des faits et la discussion à leur sujet de « théorie du complot », alors toute personne qui pense encore de manière indépendante a de bonnes raisons de s’inquiéter de la possibilité que des formes subtiles de dictature existent dans notre société. Comme on le sait, éliminer ou discréditer le débat de société et les voix dissidentes est l’une des principales caractéristiques des régimes totalitaires, dont la principale arme contre les dissidents n’est pas constituée par les arguments factuels, mais plutôt par la rhétorique démagogique et populaire. Seules les dictatures craignent un débat objectif en présence d’opinions divergentes.
L’Appel ne nie pas l’existence d’une épidémie, ni la nécessité de la combattre. Toutefois, certaines mesures de sécurité et de prévention entraînent la mise en place obligatoire d’une surveillance totale des personnes. Au prétexte d’une épidémie, de telles mesures violent les libertés civiles fondamentales et l’ordre démocratique de l’État. Les propositions concernant la vaccination obligatoire, sans alternative au vaccin approuvé par l’État, qui restreindraient inévitablement les libertés individuelles, sont également très dangereuses. De telles mesures et propositions habituent les citoyens à des formes de tyrannie technocratique et centralisée, tandis que le courage civique, la pensée indépendante et, surtout, toute résistance sont gravement paralysés.
L’un des aspects des mesures de sécurité et de prévention qui a été mis en œuvre de manière semblable dans la quasi totalité des pays est l’interdiction drastique du culte public. De telles interdictions n’ont existé qu’aux temps de persécution systématique des chrétiens. La nouveauté absolue, cependant, est que dans certains lieux, les autorités de l’État vont jusqu’à prescrire des normes liturgiques à l’Église, comme la manière de distribuer la sainte communion. Il s’agit là d’une ingérence manifeste dans des questions relevant de l’autorité immédiate de l’Église. Le jour viendra où l’histoire dénoncera les « clercs du régime » de notre époque qui ont accepté obséquieusement une telle ingérence de l’État. L’histoire a toujours déploré qu’en période de grande crise, la majorité se soit tue et que les voix dissidentes aient été étouffées. Par conséquent, il faudrait au moins donner à l’Appel pour l’Église et pour le monde une chance équitable de susciter un débat honnête, sans crainte de représailles sociales et morales, comme il sied à une société démocratique.
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