Ancien
diplomate autrichien, devenu prêtre catholique deux ans après son veuvage en
2009, Michael Weninger vient de publier un ouvrage de près de 500 pages sur la
franc-maçonnerie. Son objectif : « démontrer » que les francs-maçons
ne sont « certainement pas » excommuniés par l'Eglise catholique, et
que depuis Vatican II, surtout, la
défiance à leur égard n'est plus ce qu'elle était. Tout reposerait, selon
l'auteur de Loge und Altar (« Loge
et autel »), sur un malentendu : la condamnation du Grand Orient,
pour des raisons politiques, qui aurait en quelque sorte déteint sur l'ensemble
de la franc-maçonnerie, parfaitement compatible selon lui avec l'Eglise
catholique.
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Lors de cette
réunion, Weninger a affirmé qu'il avait déjà présenté son livre au pape, aux
plus hauts cardinaux de la Curie et au cardinal Schönborn. Comment ont-ils
réagi, lui demanda-t-on. La réponse fusa : « Avec bienveillance, sans
exception. »
Portant
clergyman et col romain, l'ancien diplomate (et conseiller de José Barroso à la
Commission européenne) s'est employé à
faire
une distinction entre ce qu'il
appelle les maçons « réguliers » qui relèvent du patronage de la
Grande Loge d’Angleterre, et les maçons européens anticléricaux et sectaires
surtout actifs en France et en Italie.
Selon
le site kathpress.at, l'agence de presse catholique autrichienne, Weninger
a déclaré au cours de la présentation de son livre qu'au cours de ses voyages à
travers le monde, il a rencontré un grand nombre de catholiques – ils seraient selon lui quelque 2 millions à
faire partie des loges liées à la Grande Loge d’Angleterre – qui lui parlaient
de leurs « problèmes de conscience et troubles mentaux » liés au fait
qu'ils étaient inquiets d'être excommuniés en raison de leur appartenance
maçonnique.
« Je leur
répondais, la conscience tranquille, qu'ils ne l’étaient pas. »
Certes, le code
de droit canonique de 1917 réservait expressément cette sanction – automatique –à tout membre
d'une loge quelle qu'elle soit. Mais selon l'ancien diplomate, l'absence d'un
paragraphe condamnant expressément l'appartenance à la franc-maçonnerie dans le
nouveau code de droit canonique de 1983 devait les tranquilliser tout à fait.
Comment
concilier cette déclaration avec un
document
tout à fait clair publié par la Congrégation pour la Doctrine de la foi à
la veille de l'entrée en vigueur du code de 1983, le 27 novembre
1983 ? Le document de la CDF, dont le cardinal Josef Ratzinger était alors
le préfet, affirme ceci, avec l’approbation expresse du pape Jean-Paul II
(texte intégral) :
On a demandé si le jugement de l’Eglise sur les
associations maçonniques était changé, étant donné que dans le nouveau Code de
droit canonique il n’en est pas fait mention expresse, comme dans le Code
antérieur.
Cette Congrégation est en mesure de répondre qu’une
telle circonstance est due au critère adopté dans la rédaction, qui a été suivi
aussi pour d’autres associations également passées sous silence parce qu’elles
sont inclues dans des catégories plus larges.
Le jugement négatif de l’Eglise sur les associations
maçonniques demeure donc inchangé, parce que leurs principes ont toujours été
considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise, et l’inscription
à ces associations reste interdite par l’Eglise. Les fidèles qui appartiennent
aux associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent accéder
à la sainte communion.
Les autorités ecclésiastiques locales n’ont pas
compétence pour se prononcer sur la nature des associations maçonniques par un
jugement qui impliquerait une dérogation à ce qui a été affirmé ci dessus, dans
la ligne de la déclaration de cette Congrégation du 17 février 1981 (cf. AAS
73, 1981, p. 240-241: DC 1981, n° 1805, p. 349. Voir aussi la
déclaration de l’épiscopat allemand du 12 mai 1980, DC 1981, n°
1807, p. 444-448).
*
Il faut préciser ici que le code de droit canonique de 1983, canon 1374 est ainsi rédigé : « Qui s'inscrit à une association qui conspire contre l'Église sera puni d'une juste peine ; mais celui qui y joue un rôle actif ou qui la dirige sera puni d'interdit. » Un peu moins radical que l'excommunication, l'interdit prive tout de même de la sépulture chrétienne et des sacrements…
Pour Michael
Weninger, la déclaration de la CDF n’a pas la même force contraignante que le code de
droit canonique – même s’il a été obligé de reconnaître, au cours de sa
prestation du 12 février, qu’elle a un certain
poids théologique.
Pour ce faire,
deux axes. L’histoire de ces derniers siècles, et celle de ces dernières
décennies marquées selon l’auteur par une forme de rupture vis-à-vis des
condamnations et excommunications systématiques antérieures.
Le premier
consiste donc pour Weninger à minimiser le rôle de la franc-maçonnerie dans sa lutte
plusieurs fois centenaire contre l’Eglise et le dogme en tant que tel.
Selon
une recension de Loge und Altar publiée
par le « wiki » allemand des francs-maçons, la première motivation du
« conflit » était simplement la « peur de la concurrence »,
la crainte – infondée selon Weninger – de voir les Frères créer une
« nouvelle communauté religieuse ». La recension, signée Rudi Rabe,
poursuit :
« Mais le
contexte des condamnations souvent massives que plusieurs papes ont prononcées
contre les loges, était en fin de compte davantage motivée par des raisons
politiques que théologiques. Elle a déjà commencé au début du XVIIIe siècle
avec la lutte pour le trône britannique, les loges maçonniques y étant impliquées,
et elle s’est poursuivie avec la peur du triptyque “liberté-égalité-fraternité”
lors de la Révolution française et à l'ère napoléonienne, et a atteint son
apogée au XIXe siècle avec la lutte pour l'Etat-nation italien, devant lequel
l'État-église pontifical a dû céder. Soit les francs-maçons ont été accusés
sans le savoir ou à tort, soit ils y ont effectivement participé, comme ils
l'ont fait notamment lors du Risorgimento : la naissance de l’État italien. Sur
ce front, les deux camps se sont battus sans merci avec leurs propres armes :
les francs-maçons de Garibaldi avec le fusil et les papes avec leurs foudres. »
Mais selon
Weninger, assure Rudi Rabe, l’Eglise s’est trompée : « la
franc-maçonnerie en tant que telle n’existe pas » :
« Alors
que les francs-maçons italiens mais aussi français et les grandes loges ont
souvent agi contre l’Eglise politiquement et militairement (Weninger : « pseudo-francs-maçons »),
contre les principes de base de la franc-maçonnerie, cela ne s'applique pas du
tout à la franc-maçonnerie d’orientation anglaise. Cependant, la plupart des
loges dans le monde, y compris la plupart de celles de l'espace germanophone,
sont toujours orientées dans ce sens. Cette franc-maçonnerie dite régulière –
voir le sous-titre du livre – est politiquement très réservée. Elle maintient
une tolérance élevée et encourage également ses membres à une certaine
spiritualité, qui est absolument compatible avec le christianisme. Michael
Weninger en parle encore et encore dans son livre. »
On aimerait connaître
les contours que donne Weninger à cette « spiritualité » qui par
définition, n’est pas catholique. De très nombreuses études de la
franc-maçonnerie en tant que telle, avec sa devise « Solve et
coagula » – « détruis et reconstruis » – ont démontré jusqu’à
plus soif son caractère initiatique, ésotérique, et surtout de société secrète
en tant que telle incompatible avec la religion catholique.
Il est d’ailleurs
remarquable qu’en France, ce ne soit pas ce « Grand Orient » que
Weninger comme étant seul problématique qui ait poussé le plus efficacement à
la mise en place de la culture de mort – contraception et avortement – puisque
le Dr Pierre Simon, qui raconte tout le rôle qu’il a eu et que la
maçonnerie a décuplé dans leur légalisation dans De la vie avant toute chose, était à la Grande Loge de France,
réputée d’une maçonnerie classique.
On peut aussi
citer le parcours de Serge Abad-Gallardo, membre de la Loge du Droit humain
– rattachée à un réseau international lié à la Grande Loge symbolique
écossaise – qui a attesté dans plusieurs ouvrages du caractère luciférien de la
fran-maçonnerie qui devient évidente quand on y monte en grade. Les livres de
ce grand converti à la religion catholique sont tous à lire, en particulier
celui-ci :
Jeservais Lucifer sans le savoir. Il y explique par exemple comment la
franc-maçonnerie en général et sa loge en particulier servaient l’avancée de la
culture de mort, notamment pour imposer la légalisation de l’euthanasie.
Le deuxième axe
de défense de cette franc-maçonnerie qui ne serait pas anti-catholique, en
particulier parce qu’elle n’est pas laïciste – c’est aller bien
vite ! – porte sur le changement d’attitude de l’Eglise catholique au
cours du XXe siècle. Ici Weninger a des cordes à son arc, même s’il est
obligé de minimiser pour cela le texte du cardinal Ratzinger expressément voulu
par Jean-Paul II.
« Il y a
eu à plusieurs reprises des approches pleines d’espoir pour une entente, mais
selon le schéma de deux pas en avant et un pas en arrière », regrette
l’ecclésiastique, pour reprendre les termes du chroniqueur de son livre. Le
plus récent de ces « pas en arrière » étant bien sûr constitué par la
Déclaration de la Congrégation pour la Doctrine de la foi.
Ici, on peut se
tourner une nouvelle fois vers Pierre Simon qui dans De la vie avant toute chose mettait lui aussi en avant des
rapprochements entre des responsables catholiques français et des
francs-maçons, précisément au moment où la bataille faisait rage en France pour
faire légaliser contraception, puis avortement.
Weninger, de
son côté, estime que les temps sont de nouveau au rapprochement : lentement,
parce que l'Eglise est une institution vieille « de plus d'un millénaire
et demi », note étrangement Rudi Rabe dans son compte rendu.
Celui-ci détaille les grands chapitres du
livre, expliquant notamment que le « mystère maçonnique » n’a selon
Weninger « rien à voir avec le mystère religieux ». Ce serait plutôt
« uniquement une expérience personnelle, par l’expérience très personnelle
du travail rituel, par l'intériorisation de l’expérience maçonnique ». Ces
rituels, entre folklore apparemment absurde et ésotérisme délibéré, ont été
démontés par de nombreux auteurs, parmi lesquels Serge Abad-Gallardo se révèle
particulièrement accessible aux lecteurs d'aujourd'hui.
Après une présentation historique de
l'apparition de la franc-maçonnerie dite « spéculative » qui aurait
pour objectif « l’amélioration de la société », présentation qui se veut
équilibrée en parlant aussi des « excès de la franc-maçonnerie »,
Weninger expose ses ces condamnations successives par la papauté, l'accent
étant mis sur les raisons politiques. Avec le renversement des Etats
pontificaux au temps de Pie IX en point d'orgue.
Et voici donc
un point central de l'argumentation, telle que la rapporte Rudi Rabe :
« Sous son
successeur Léon XIII, l'encyclique Humanum
Genus atteint son point culminant. Les deux parties ne se sont fait aucun cadeau. Les attaques mutuelles et souvent malveillantes ont duré jusqu'au début
du siècle, puis la tempête s'est lentement calmée. Mais, simple rappel : du
côté maçonnique, seules les loges romaines se sont battues : surtout les
Italiens. Mais comme les papes ne faisaient aucune distinction, leurs verdicts
ont frappé tous les francs-maçons catholiques, y compris ceux de l’orientation anglaise,
bien qu’ils n'aient rien à voir avec la lutte pour l'unification de l'Italie et
les “guerres culturelles” françaises. »
Le XXe siècle,
à compter de la fin de la première guerre mondiale et surtout, note Weninger,
depuis Vatican II, a été marqué la naissance, puis l’accélération du dialogue
entre ces deux parties allant vers une « réconciliation ».
Ce dialogue a
été particulièrement fort à Vienne à la fin des années 1960 : le cardinal
autrichien Franz König s'entretenait alors avec des francs-maçons autrichiens,
allemands et suisses « dans le sillage du concile Vatican II ».
Cela devait aboutir à la « Déclaration de Lichtenau » en 1970, ou les
deux parties déclaraient que la franc-maçonnerie n'est pas une religion et
qu'elle partage avec le catholicisme le commandement d'aimer ses frères et tous
les hommes. Elle présentait l'excommunication des francs-maçons comme une
« relique de l'histoire ».
L'auteur repère
aussi un « dialogue particulier » en Allemagne entre 1974 et 1980. C'est à lui
et à l’action du cardinal König que selon Weninger, il faut attribuer la disparition
de la mention expresse de la franc-maçonnerie dans le nouveau code de droit
canonique de 1983. Il consacre quant à lui de longs développements à la nature
juridique de la Déclaration qui précéda d'un jour son entrée en vigueur.
Aujourd'hui,
selon Michael Weninger, « le temps de la réconciliation n’a jamais été
aussi favorable. »
Cela est dû
selon lui au fait que sur le plan socio-politique leurs relations sont
aujourd’hui beaucoup moins « conflictuelles », car les deux seraient
traversées par des forces de réflexion et de réforme.
On ne
s'étonnera pas d'apprendre que Georg Semler, Grand Maître de la loge d'Autriche
et catholique revendiqué, ait salué l'ouvrage de Michael Weninger comme un pas
important vers la réconciliation, qui devra se faire selon lui avec « un
ou deux gestes officiels » pour solenniser la chose. Selon Weninger, ceci
pourrait se concrétiser à travers une réunion des grands maîtres avec des
représentants de l'Eglise : le pape lui-même ou le préfet de la
Congrégation de la Doctrine de la foi.
Et ainsi
l'Eglise ne condamnerait plus cette hiérarchie parallèle qui agit discrètement
aux côtés, voire à la place des responsables politiques, administratifs et
économiques visibles, héritière de gnoses diverses, moins servante de la raison
comme on pourrait l'imaginer que d'antiques kabbales. Cette franc-maçonnerie
revendique son action pour peser sur l'adoption de nouvelles lois. Elle hait le
dogme et prétend mettre l'homme au centre, maître de son propre destin. Qu'à
Dieu ne plaise.
• C'est le
moment de lire ou de relire
Vérités sur
la Franc-maçonnerie. De la subversion des loges à la République des initiés,
disponible entre autres chez
Livresen famille.
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2 commentaires:
Le pape François refuse un ambassadeur franc-maçon au Vatican !!!
Selon le quotidien italien Il Messaggero, le Vatican refuse de valider la candidature de Johnny Ibrahim à l’ambassade du Liban près du Saint-Siège, en raison de son appartenance à la franc-maçonnerie.
Claire Lesegretain DU JOURNAL LA CROIX (avec The Tablet), le 24/10/2017 à 17:26 Modifié le 25/10/2017
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ET LES FRANCS MAçONS LE DISENT EUX MÊME :
FRANÇOIS NE VEUT PAS DE FRANCS-MAÇONS AU VATICAN
Publié par Géplu Dans Dans la presse
Si d’aucuns se posaient encore des questions sur la position du pape François à l’égard de la franc-maçonnerie, sa récente décision de récuser la nomination d’un nouvel ambassadeur du Liban auprès du Saint-Siège au motif que ce dernier serait franc-maçon les édifiera.
Un refus du pape révélé par Il Messaggero et qu’explique le journal La Croix sur son site : (…) parce que Johnny Ibrahim serait engagé dans la franc-maçonnerie, une société fermée à l’égard de laquelle le pape François s’est toujours montré très critique.
Ainsi, dans l’avion de retour des JMJ de Rio de Janeiro, en juillet 2013, le pape s’était fermement opposé aux groupes de pression infiltrant l’Église, dénonçant « les lobbys de la cupidité, les lobbys politiques, les lobbys maçonniques ».
De même, lors de sa visite apostolique à Turin, en juin 2015, pendant son discours aux jeunes, le pape argentin avait critiqué l’influence des francs-maçons et leur hostilité envers l’Église : « À la fin du XIXe siècle, il régnait les pires conditions pour le développement des jeunes : la franc-maçonnerie était en plein essor, l’Église ne pouvait faire quoi que ce soit, il y avait des anticléricaux, il y avait aussi des satanistes… C’était l’un des pires moments et l’un des pires endroits de l’histoire de l’Italie. »
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CETTE FOIS VOUS DEVRIEZ DÉFENDRE LE SAINT PÈRE QUI EXCLUT TOTALEMENT LA FRANC-MAÇONNERIE DU VATICAN ET DE L'EGLISE... QUI LES RÉFUTE TOTALEMENT EN BLOC...!!!
MÊME LES BLOGS FRANCS MAÇONS METTENT EN GARDE CONTRE LE PAPE FRANÇOIS... C'EST VOUS DIRE SI L’ANIMOSITÉ EST GRANDE ENTRE EUX...!!!
Ce livre de P. Michael Weninger est scandaleux.Ou bien ce prêtre n'a rien compris à la franc-maçonnerie ( ce que je ne pense pas car il s'agit d'un homme brillant), ou bien il est lui même franc maçon! Parmi de très nombreux exemples sur l'incompatibilité d'être franc-maçon et catholique, que je ne pourrai pas tous citer ici, une déclaration du Grand Maître ( responsable national ) de la Grande Loge Nationale Française ( obédience déiste et reconnue par la fm anglo saxonne et à laquelle se réfère l'ouvrage de P.Weninger ): " Au nombre des dispositions de notre règle, la croyance ( non dogmatique ) en Dieu, Grand Architecte de l'Univers... ( déclaration de JP Servel sur le site officiel de la GLNF ). Or comment un chrétien pourrait-il, par exemple, être "adogmatique", sans apostasier sa foi, à l'égard du dogme de la Sainte Trinité? Par ailleurs, toutes les obédiences ( GLNF comprise ) font de Tubal-Caïn ( descendance de Caïn )une filiation spirituelle.Cela démontre le caractère sulfureux, et donc incompatible avec la foi chrétienne, en particulier catholique, de toute Franc maçonnerie!
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