22 avril, 2016

Marketing : Donald Trump revoit encore sa position sur l'avortement et les droits LGBT

S'il fallait la preuve que Donald Trump n'a aucune conviction profondément ancrée sur le respect de la vie, il vient de la donner en affirmant sur NBC qu'il comptait modifier le programme du parti républicain en assouplissant sa position sur l'avortement. A ce jour, la plate-forme républicaine aux Etats-Unis comprend l'affirmation du droit à la vie de tous les enfants à naître, sans exception. Trump entend changer tout cela, en prévoyant des exceptions en cas de viol, d'inceste, ou de danger pour la vie de la mère. Non content de faire ces déclarations qui montrent le peu de cas qu'il fait des électeurs provie, il s'est moqué des lois adoptées récemment par la Caroline du Nord et d'autres Etats en vue de protéger les toilettes et vestiaires séparés pour hommes et femmes selon leur sexe biologique.
Trump s'exprimait ainsi lors de l'émission Today filmée au centre Rockefeller de Manhattan, répondant aux questions de Savannah Guthrie.
C'est elle qui l'interpella sur la question des exceptions pour l'avortement. « Voudriez-vous changer la plate-forme républicaine afin d'y faire figurer ces exceptions ? », a-t-elle lancé.
« Oui, je le voudrais. Oui je le voudrais. Absolument », a déclaré Trump. « Pour ces trois exceptions, je le ferais. »
Donald Trump n'est certes pas le seul candidat ou présidents républicains – McCain, Romney, Bush père et fils – à avoir adopté cette position, qui peut sembler d'ailleurs assez théorique face aux larges possibilités d'avortement légal institué par l’arrêt Roe v. Wade de la Cour suprême des États-Unis, que rien pour l'instant n'a permis de renverser. Mais c'est une manière de céder devant le lobby de l'avortement est aussi d'abandonner ce combat avant même de l'avoir mené. Pour Trump, ce combat est manifestement tout sauf une priorité.
Son rival direct, Ted Cruz, a explicitement rejeté toute idée d'exception permettant de dépénaliser l'avortement dans certains cas.
Pour ce qui est des toilettes séparées – les fameuses »Bathrooom laws » qui s'opposent au moins pour partie à la déférence de plus en plus accentuée à l'égard de l'idéologie du genre et du respect des droits « trans » et LGBT – Trump a répondu d'une manière tout aussi politiquement correcte, affirmant que les personnes qui se rendent aux toilettes doivent utiliser celles « qu'il considère appropriées ».
« La Caroline du Nord a fait quelque chose – c'était très fort – et maintenant elle paie le prix fort. Et il y a beaucoup de problèmes. Et j'ai entendu… l'une des meilleures réponses que j'ai entendues était celle d'un commentateur qui disait hier, laissez les choses comme elles sont, aujourd’hui. » Avant que la Caroline du Nord n'adopte sa loi, a ajouté Trump, il n'y avait eu que « très peu de problèmes » mais aujourd'hui la Caroline du Nord subit l'exode des grosses sociétés et se trouve en proie aux luttes entre factions. Pour lui, c'est clair, réserver les toilettes des hommes aux hommes et les toilettes des femmes aux femmes, en créant des toilettes séparées pour les transgenre, relève de la « discrimination », et mettre cela en œuvre serait « incroyablement coûteux pour les sociétés commerciales et pour le pays ».
Interpellé sur le fait de savoir si ses propres sociétés emploient des transgenre, Trump a répondu qu'il ne connaissait vraiment pas la réponse, ajoutant cependant : « C’est probable. » Et oui, si la célèbre transgenre « Caitlyn » Jenner devait entrer dans la Trump Tower à New York et demander à utiliser les toilettes, cela ne le gênerait aucunement qu'elle aille dans celles de son choix.
Bref, Trump modifie son discours au gré du vent : il n’y a pas si longtemps, avant de se rétracter, il affirmait que les femmes devaient être punies dans le cadre de la repénalisation de l’avortement.
Et d'ailleurs il s'en vante. Ou plutôt, les deux nouveaux chefs de sa campagne présidentielle, embauchés pour rendre sa candidature acceptable aux « éléphants » du parti républicain, ont indiqué que jusqu'ici Trump a joué un rôle. Paul Manafort, son stratège en chef, a déclaré au cours d'une réunion à huis clos du comité national républicain, jeudi, que son poulain commence désormais à s'orienter vers la création d'une « persona » plus professionnelle, plus présidentielle.
« Il a compris. Le rôle qu'il a joué jusqu'ici est en train d'évoluer vers le rôle que vous attendez. Les côtés négatifs vont diminuer, l'image va changer… » pour Manafort, Donald Trump n'a pas de problème sur le plan du caractère. Les réticences qu'il provoque sont liés à sa personnalité, assure le spécialiste de campagne : « On ne peut pas changer le caractère, mais on peut changer la manière dont une personne se présente. »
Confiant de voir Trump gagner, son stratège ne craint pas d'affirmer en substance que c'est un homme de marketing avant tout. Certes, il ne s'agissait pas d'une déclaration publique. Mais en l'occurrence, c'est un quotidien ayant pignon sur rue qui l’affirme : The Washington Post s'offre même le luxe de mettre en ligne l'enregistrement des propos du directeur de campagne.
On peut s'attendre à voir Donald Trump afficher une personnalité de plus en plus « convenable ».

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