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Le vaticaniste allemand Paul Badde. |
L’édition
allemande de Catholic News Agency a publié le 10 août un entretien avec le
vaticaniste germanophone Paul Badde, qui y apporte notamment un nouvel
éclairage sur le groupe de Saint-Gall – la « Mafia » des cardinaux,
pour reprendre le mot du cardinal Godfried Danneels. Il affirme avoir eu
connaissance de cette affaire en 2005 et apporte des précisions. Je traduis ci-dessous
les extraits de l’entretien relatifs à l’ancien primat des Belges, en m’aidant
de la traduction anglaise mise
en ligne par The radical Catholic ce jeudi. Il fait état d’une réunion
après la mort de Jean-Paul II en vue d’éviter l’élection du cardinal Ratzinger.
Ce n’était pas à Sankt-Gallen, en Suisse, mais à Rome. — J.S.
CNA. – Un petit scandale mijote en
fond de synode : le pape François a invité l’ancien archevêque de
Bruxelles Godfried Danneels, qui a récemment avoué devant les caméras avoir
appartenu à une sorte de « club-mafia » au sein de l’Eglise.
Paul Badde. — C’est exact. Je ne sais pas si c’est un petit
scandale, ou un gros. C’est en tout cas une énigme. Il est en tout cas certain
que le cardinal Danneels a totalement couvert un évêque qui avait abusé de son
neveu. Il est également supposé avoir fait pression sur le roi Baudouin pour
que celui-ci promulgue le projet de loi belge légalisant l’avortement, et qu’il
soit moins mesquin dans cette affaire. Quel conseils ce cardinal est-il censé
pouvoir donner à un synode catholique qui discute de « la vocation et la
mission du mariage et de la famille » est pour beaucoup un mystère, pour
parler légèrement. En ce qui concerne sa revendication du mois dernier d’avoir
été membre d’une sorte de « mafia » dans le collège des cardinaux, je
peux la confirmer par expérience personnelle.
CNA. – Que voulez-vous dire par
là ? Aviez-vous déjà des indications là-dessus ?
Paul Badde. — Oui. En avril 2005, j’ai reçu d’une source fiable
l’information selon laquelle, à peine trois jours après les funérailles de
Jean-Paul II, les cardinaux Martini de Milan, Lehmann et Kasper
d’Allemagne, Bačkis de Lituanie, Van Luyn des Pays-Bas, Danneels de Belgique et
O’Connor de Londres se sont réunis dans ce qu’on appelle la Villa Nazareth avec
celui qui n’était plus papabile, le
cardinal Silvestrini, en vue de mettre secrètement au point une tactique qui
permette d’éviter l’élection de Joseph Ratzinger. C’est alors que j’ai écrit un
article pour Die Welt, publié le 17
avril 2005, évoquant cette rencontre en précisant qu’elle violait les
directives dans l’instruction de 1996 du pape défunt, Universi Dominici Gregis, qui posait de nouvelles règles pour les
modalités de la succession, avec notamment cette directive stricte : aucun
accord ne devait être pris en vue d’influencer l’issue du conclave, que ce soit
avant ou pendant celui-ci. Trois jours plus tard, Joseph Ratzinger fut élu pape
à une large majorité. Le cardinal Meisner de Cologne, aujourd’hui à la
retraite, pourrait vous dire exactement comment cela s’est passé– si
n’était l’obligation du secret en ce qui concerne toutes les procédures d’un
conclave. Mais ce n’est un secret pour personne que Meisner était, à cette
époque, l’adversaire le plus ardent de ce groupe dans son ensemble et du
cardinal Danneels en particulier. Pourtant ce n’est pas lui, le vieil ami de
Joseph Ratzinger, qui a été personnellement invité au synode par le pape, mais plutôt
le cardinal Danneels, lui aussi émérite, qui a même six mois de pus que l’archevêque
de Cologne. C’est un fait.
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