22 août, 2015
La justice uruguayenne a donné
raison à un groupe de 100 gynécologues face au gouvernement de l’Uruguay en
reconnaissant leur droit à l’objection de conscience par rapport à
l’avortement. Le groupe de médecins avait introduit un recours, il y a deux
ans, contre la loi dépénalisant l’avortement dans le pays et qui limitait leur
droit au seul geste abortif et à la prescription de pilules abortives.
Le Tribunal du contentieux
administratif (TCA), par une décision définitive, permet à tous les
gynécologues du pays, de s’abstenir de participer à n’importe quel étape que
doit franchir une femme en vue d’obtenir un avortement, s’ils sont opposés à
cet acte : l’ensemble sera considéré comme relevant de l’objection de
conscience.
La loi obligeait tout médecin,
même objecteur de conscience, à participer à la première consultation de la
femme demandant un avortement légal devant une commission
interdisciplinaire ; il ne pouvait pas non plus refuser de signer le
formulaire autorisant l’« interruption volontaire de grossesse ».
Le TCA a suivi l’argumentation des
100 gynécologues en constatant que « quiconque signe un tel formulaire
participe activement et directement au processus de l’interruption de la
grossesse, il n’a pas le droit de formuler son objection, au contraire, on
l’oblige à intervenir ». Il a jugé que la loi « restreignait de
manière illégitime le droit à l’exercice de l’objection de conscience du
personnel de santé ».
Le tribunal a annulé sept articles
de la loi contestés par les médecins ; de ce fait ces obligations seront
levées, y compris celle qui est faite aux médecins objecteurs d’adresser leur
patiente à un médecin plus complaisant disposé à pratiquer l’avortement. En
revanche, ils seront tenus
d’informer les femmes sur les autres options : l’adoption ou « le
recours à une organisation d’aide aux femmes enceintes », à la grande
satisfaction des avocats des objecteurs qui ont expliqué tout cela à la presse.
Gianni Gutiérrez et Agustín Amonte ont souligné que « la sentence de la
TCA est conforme à la défense de la liberté et à l’exercice de la profession
médicale » dans la mesure où l’objection pourra s’exprimer de la manière
la plus large.
C’est, de fait, une victoire dans
la victoire : obliger les médecins objecteurs à exposer aux femmes les
options qui existent pour garder leur bébé va encore plus loin que la simple
reconnaissance de leur droit de ne pas participer à un crime.
L’un des articles controversés de
la loi d’origine, obligeant les médecins objecteurs à s’inscrire sur un
registre public, avait été suspendu provisoirement dès octobre dernier, mais il
n’a finalement pas été annulé par le tribunal. Mais dans un contexte d’objection
large, cela est (un peu) moins gênant.
Le ministère de la Santé publique
de l’Uruguay a annoncé dès ce vendredi qu’il établira un registre des
gynécologues objecteurs de conscience.
Car on reste tout de même dans la
logique d’un « droit » à l’avortement, comme l’a souligné le
porte-parole du ministère.
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