Pour la première fois dans
l’histoire de la Colombie et même de l’Amérique latine, un Colombien s’est
prévalu d’une jurisprudence autorisant le suicide assisté dans son pays pour obtenir
l’euthanasie. Octavio Gonzalez, 79 ans, est mort vendredi dernier dans la
clinique Oncólogos de Occidente de Pereira, dans la province de Risaralda. Il
souffrait d’un cancer de la face en phase terminale pour lequel seuls les soins
palliatifs pouvaient lui être proposés. Son histoire a été fortement médiatisée,
un fait qui laisse prévoir de nouvelles pressions pour généraliser ce
« droit » à la mort choisie dans un pays naguère catholique.
La Colombie a rejoint le petit
nombre de pays au monde qui autorisent l’euthanasie par le biais d’une décision
de la Cour constitutionnelle qui avait approuvé le suicide assisté dans le
courant des années 1990. Faute de régulation de la procédure, la décision –
dont il faut préciser qu’elle n’a pas été approuvée par un vote du Congrès
colombien – est restée dormante. Ce n’est qu’en mai dernier que le ministère de
la Santé a publié une série de directives autorisant non plus le suicide
assisté mais l’euthanasie qui est désormais encadré et peut être pratiqué sur
une personne qui la demande de manière lucide et délibérée, au nom du
« droit fondamental » à « mourir dignement ».
L'euthanasie est arrivée en Colombie par le biais des juges
Gouvernement des juges ? Oui,
c’est dans de nombreux pays que les juges font la loi et la poussent dans le
sens de la culture de mort. La Colombie est un cas d’école : l’avortement
y a également été imposé par voie juridictionnelle.
José Ovidio Gonzalez Correa a
adressé sa demande d’euthanasie aux médecins de sa clinique en juin,
« sous serment », évoquant son « intention d’être
euthanasié » alors qu’il était « en pleine possession de ses facultés
mentales et de manière libre et volontaire ». Il était malade depuis cinq
ans d’un cancer qui commençait à détruire son visage.
La presse colombienne n’a pas
manqué de montrer des images de ce visage meurtri et défiguré, comme si cela
était conforme à la dignité humaine : l’intention de susciter
l’approbation publique par la force de l’image était évidente.
Le 26 juin tout était prêt,
Ovidio Gonzalez avait pris congé de sa femme, de io GOnzalez ses enfants, de ses
proches : ses affaires étaient en ordre. Mais à 15 minutes de l’heure
prévue pour l’expédier ad patres, le
fils du malade recevait un coup de fil dans sa voiture de la part de la
clinique : le comité scientifique créé pour l’occasion s’était réuni et
l’un des médecins, le thanatologue Juan Pabo Cardona, s’opposait à la
procédure. La mort annoncée n’aurait pas lieu…
L'euthanasie d'Octavio Gonzalez imposée par les autorités de tutelle
contre la volonté d'un médecin
Le fils, Julio Cesar Gonzalez,
connu en Colombie comme dessinateur de presse sous le nom (prédestiné ?)
de « Matador », s’est lancé alors dans une bataille pour obtenir la
mise à mort de son père. L’estocade ? Il a en tout cas publié plusieurs dessins sur son père dans son journal,
El Tiempo, l'un des principaux quotidiens du pays.
C’est à partir de ce moment-là
également que l’affaire fut médiatisée : le fils expliquait qu’il n’était
pas possible de donner « un tel coup au moral » de la famille alors
que tous avaient fini par « assumer cette si difficile décision ». On
attendit le passage du « pont » de la fin juin. Dès le mardi suivant,
le père présenta par la voix de son avocate, Adriana Gonzalez, une demande
devant les autorités de tutelle pour exiger son « droit à mourir
dignement ».
Les autorités ayant ordonné à la
clinique de se soumettre, celle-ci céda et se mit d’accord jeudi dernier avec
Don Ovidio pour programmer sa mort. Elle était prévue pour les jours qui
viennent mais pris d’un accès de fièvre après un changement de médicament il
exigea que les choses aillent plus vite. « Il faut que ce soit aujourd’hui
ou demain, mais je ne peux pas aller jusqu’à samedi », dit-il à son
épouse.
La clinique a pris la décision
alors de l’euthanasier pendant son sommeil, vendredi matin, en présence de sa femme et de ses quatre enfants, mais aussi d’un médecin qui avait
« accompagné » sa demande, ainsi que son avocate.
Immanquablement, celle-ci a témoigné
à la radio des derniers instants de son client : « Tout a été très
tranquille, très beau. C’était sublime. »
Bien sûr. L’euthanasie, c’est
toujours « sublime » au regard de ses partisans.
Quand en plus ils peuvent
l’imposer contre la volonté d’un opposant, comme ce fut le cas pour cette première
euthanasie de Colombie, ils la savourent d’autant plus. Car cela les assure
contre l’objection de conscience.
L’Eglise catholique de Colombie,
qui gère de nombreux établissements de santé dans le pays, a déclaré que
l’euthanasie est moralement inacceptable et elle a menacé de
fermer ses hôpitaux maintenant que les autorités colombiennes imposent aux
médecins un véritable devoir de tuer.
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