01 juin, 2015

Une lettre d'Ettore Gotti Tedeschi au pape François sur les raisons de la crise et la véritable protection de l'environnement

Sandro Magister, sur son blog en italien, rappelle le scandale de la présence de Jeffrey Sachs, proche conseiller de Ban Ki-moon, au récent symposium sur le climat et le développement durable au Vatican. Sachs, néo-malthusien, partisan du contrôle de la population, de la contraception et de l'avortement. Il les qualifie de “présumés inspirateurs de Laudato sii”, la prochaine encyclique du pape François. Sandro Magister renvoie vers un texte de l'ex-président de l'IOR, Ettore Gotti Tedeschi, qui a écrit fin mai une “Lettre ouverte” au pape François pour le mettre en garde contre cette ouverture vaticane qui risque de déboucher, au bout du compte, sur une “religion universelle” de l'environnement. En passant par le maintien de fausses “solutions ” qui sont à l'origine de la crise actuelle. Je vous en propose une rapide traduction. La lettre ouverte a été publiée en italien sur La Nuova Bussola Quotidiana. – J.S.

Cher pape, on ne peut pas continuer d'enseigner la morale qui est à l'origine de la crise de l'environnement 

 Très Saint-Père,
Je me permets de me tourner directement vers vous après avoir suivi le débat et les nombreuses déclarations – y comprit de la part d’hommes d’Eglise – relatifs au thème de l'environnement et du développement. Je crois qu'il est important de fuir toute ambiguïté et de dire avec clarté que la véritable responsabilité des équilibres socio-économiques, qui ont produit une pauvreté très répandue ainsi que ce qu’il est convenu d’appeler la crise de l'environnement, se trouve dans les thèses de ceux qu'on appelle les néomalthusiens et leurs amis, qui aujourd'hui semblent devoir être mise en avant pour contribuer, si ce n'est même donner des injonctions morales pour affronter le problème de l'environnement et celui de l'économie. Puisque nous savons bien que leur diagnostic est erroné ou faux, le pronostic sera tout aussi erroné.
La crise économique en cours et les déséquilibres environnementaux que l'on a pu constater au cours des dernières décennies, trouvent leur origine dans l'application de la théorie néomalthusienne, divulguée au départ dans plusieurs universités américaines pendant les années 1970-1980, qui ont inspiré et forcé l'effondrement des naissances dans le monde occidental.
Mais comment le PIB (produit intérieur brut) peut-il croître réellement et de manière « durable » si la population de grandit pas ? En réalité, toute illusion mise appart, cela ne peut se produire qu'en faisant augmenter la consommation individuelle. C'est bien pour corriger et pour compenser les risques de l'effondrement proportionnel de la croissance du PIB que l'on a adopté ce qu'on appelle le modèle consumériste. Dans une société mûre, avec une morale relativiste, nihiliste, il n'a pas été difficile de proposer à l’homme occidental, en tant que véritable et principale satisfaction, cette satisfaction matérielle et consumériste. Mais pour satisfaire à l'exigence d'un consumérisme largement répandu on a créé en même temps les conditions de la pauvreté et de l'exploitation de l'environnement. Cela s'est fait au moyen de la désindustrialisation de pays occidentaux, où la production coûte trop cher, et en délocalisant, c'est-à-dire en transférant la production vers des pays à bas coûts de main-d'œuvre, qui n'étaient pas prêts pour les technologies qui protègent l'environnement.
Pour faire consommer davantage on a aussi favorisé la transformation de l'épargne en consommation, en soustrayant au système bancaire une base monétaire pour le crédit et surtout en privant les familles de leurs moyens d'autoprotection. La croissance zéro de la population, souhaitée par les néo-malthusiens (deux enfants par couple), a ensuite provoqué le phénomène du vieillissement de la population, avec la croissance consécutive des coûts fixes, (santé et retraites), compensé par une croissance en proportion des taxes, qui ont entraîné une réduction des revenus, des investissements et la croissance de la dette.
Pour éviter l’effondrement subséquent la croissance économique, on a forcé toujours plus sur la croissance de la consommation, toujours plus à crédit. Mais on a aussi forcé la progression de la production délocalisée, moins attentive à l'exploitation de l'environnement. L'origine de la crise économique, de la pauvreté qui lui est liée et des déséquilibres de l'environnement, est la conséquence de cette doctrine néo-malthusienne.
Comment donc cette même doctrine pourrait-elle résoudre le problème qu’il a créé ? Le risque est de voir celle-ci s’occuper au contraire de faire disparaître tout soutien à la véritable croissance économique : le soutien à la famille et la croissance équilibrée et consciente du nombre d'enfants. Ainsi les ressources pour rééquilibrer les stratégies productives globales et pour investir dans des technologies favorables à l'environnement ne feront que manquer davantage. Les ressources pour s'occuper des vieux, pour créer du travail pour les jeunes et pour protéger les plus faibles manqueront toujours davantage.
Mais comment peut-on penser qu'une culture néo-malthusianisme et avortiste, qui nie le caractère sacré de la vie humaine qui considèrent l'homme comme un animal intelligent, fruit de l'évolution d'un bacille, mais aussi comme cancer de la nature dont le seul but est de consommer, puisse élaborer des projets pour l'environnement et pour l'homme ? Comment peut-on imaginer d’'aller chercher les solutions pour l'environnement chez ceux qui prônent une pseudo solution environnementale-économique comme prioritaire, à la place d'une véritable solution de conscientisation morale de l'homme à travers une maturation spirituelle et intellectuelle ?
Le risque que nous courons, en tolérant la mise en place de solutions malthusiennes environnementaliste, est de permettre à l'environnementalisme de s'affirmer comme religion universelle dans un monde globalisé où coexistent différentes cultures religieuses. Cet environnementalisme malthusien risque de créer une plus grande pauvreté, de plus grands déséquilibres socio-économiques, et une moindre protection véritable de l'environnement.
Saint-François aimait les créatures et l’environnement, qui sont l’œuvre de son bien-aimé Créateur, selon les fins que Celui-ci a prévues.
C’est pourquoi j'ai confiance en vous, Très Saint-Père, avec un filial dévouement.
Ettore Gotti Tedeschi
(Traduction : Jeanne Smits.)


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