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Le foyer d'un des établissements WVO (“Au service des plus anciens”) |
Un établissement de soins de
Vlissingen (Flessingue), aux Pays-Bas s’est vu contraint, mardi, de laisser
partir une femme de 80 ans en compagnie de ses proches en vue d’obtenir
l’euthanasie, alors même qu’elle n’était plus en mesure d’exprimer sa volonté.
La femme, dont le nom n’a pas été révélé, a été euthanasiée
mercredi par le truchement de la Clinique de fin de vie qui se charge notamment
des cas où le médecin soignant refuse d’accéder à la demande d’euthanasie de
son patient.
La décision d’ordonner la remise
de la femme entre les mains de sa famille a été prise à la demande de cette
dernière par un juge des référés d’Utrecht, à l’issue d’une nouvelle audience de
référé qui s’est déroulée dans l’urgence mardi après-midi. Dans un premier temps,
la famille avait saisi le juge des référés de Middelburg, obtenant une première
victoire judiciaire face à l’établissement Ter Reede et à l’association qui la
gère, WVO, qui arguaient de
l’incapacité de la femme à exprimer sa volonté, sur la foi du jugement de son
médecin traitant et d’un pyschologue. Le juge avait refusé d'ordonner une enquête sur la capacité de la femme à prendre une telle décision, comme l'avait demandé WVO.
Apprenant que les proches de la
patiente voulaient la faire euthanasier dans de très brefs délais,
l’association WVO avait aussitôt saisi le juge pour faire suspendre l’exécution
de la première décision jusqu’à son examen par une cour d’appel, soulignant
qu’il s’agissait d’une « situation d’urgence ». L’éventuelle décision
de la cour d’appel n’était attendue que pour le mois de mai prochain.
L’avocate de la famille a fait
valoir à l’audience que cette attente serait « insupportable » pour
la femme qui a déjà pris congé de sa famille une première fois au mois de mai
et qui allait devoir recommencer.
Le juge Sap d’Utrecht a fermement rejeté
la demande de l’établissement de soins soulignant qu’il se réclamait à tort
d’une situation d’urgence. « Il ne s’agit pas d’une incapacité. Vous ne
voulez pas accepter la décision. Vous vous mettez vous-même dans cette
situation. Je pars du principe que vous allez respecter le souhait de Madame.
C’est la dernière chose que vous puissez faire pour elle. »
Deux juges ont ainsi suivi
l’opinion de la famille de la victime et de sa famille selon lesquels la femme
avait le désir de mourir aux termes d’une décision qu’elle avait prise alors
qu’elle était en pleine possession de ses moyens. C’est la première fois qu’un tel conflit
autour d’un refus d’euthanasie aboutit ainsi devant la justice. Et la première
fois aussi qu’un juge donne plus de poids à l’avis de la Clinique de fin de vie
(Levenseindekliniek) qu’à celui du
médecin traitant qui est proche d’une patiente qu’il connaît bien, et d’une institution qui
affirme
aujourd’hui avoir voulu protéger une personne âgée vulnérable.
La Clinique de fin de vie a fait
évaluer l’état de l’octogénaire par un médecin qu’elle avait mandaté, un
deuxième médecin indépendant qui fait partie des médecins-conseil chargés de
conseiller les médecins saisis de demandes d’euthanasie, et par un psychiatre
indépendant, qui ont tous jugé que la femme était en situation d’exprimer sa
volonté, au moins en ce qui concerne un désir d’euthanasie.
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Steven Pleiter, directeur de la Clinique de fin de vie |
L’établissement où elle était
soignée avait au contraire tenu compte de sa situation cognitive d’ensemble,
faisant appel au médecin traitant, au psychologue « maison » et à l’ensemble
du personnel. Le juge d’Utrecht a estimé cela insuffisant, puisqu’ils n’était
pas apparu qu’ils avaient la connaissance ni l’expérience spécialisées que l’on
peut attendre en matière d’évaluation de demandes d’euthanasie. La Clinique de fin de vie estime en effet si bien cibler ses conversations avec des candidats à l'euthanasie qu'une heure d'entretien est bien plus révélatrice que les mois, voire les années d'une relation de soins personnalisée. Steven Pleiter, son directeur ajoute qu'on peut prendre plaisir à boire du chocolat chaud à la chantilly, à chanter dans une chorale et faire des blagues et avoir quand même un désir de mort…
Ainsi se dessine un nouveau pas
vers la « démocratisation » de l’euthanasie aux Pays-Bas : l’évaluation
des demandes est ici jugée plus juste et plus certaine lorsqu’elle émane d’une
organisation spécialisée, fût-ce une association qui milite pour un accès plus
facile à la « mort choisie » ?
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