06 novembre, 2014
Je vous propose ci-dessous ma traduction intégrale de l'entretien accordé par Mgr Athanasius Schneider à Polonia Christiana, d'après la traduction anglaise parue en exclusivité sur LifeSiteNews, ici. Mgr Schneider y donne sa vision du Synode sur la famille. Je rappelle qu'il sera à Paris début décembre et donnera des conférences à l'invitation de Renaissance catholique.
— Votre Excellence peut-elle nous
dire quelle est son opinion à propos du Synode ? Quel est son message pour
les familles ?
— Au cours du Synode il y a
eu des moments de manipulation de la part de certains clercs qui tiennent
des positions-clef sur la ligne éditoriale et dans la gouvernance du synode. Le
rapport d’étape ou relatio post
disceptationis était de toute évidence un texte préfabriqué qui ne faisait
pas référence aux des déclarations effectives des pères synodaux. Dans les paragraphes
concernant homosexualité, la sexualité et les « divorcés remariés »,
et leur accès aux sacrements, le texte est le reflet d’une idéologie néo-païenne
radicale. C’est la première fois dans l’histoire de l’Eglise qu’un texte aussi
hétérodoxe a été publié en tant que document émanant d’une rencontre officielle
des évêques catholiques sous la conduite d’un pape, même si le texte n’avait qu’un
caractère préliminaire
Grâce à Dieu, aux prières des
fidèles du monde entier, un nombre important de pères synodaux a résolument rejeté
ce programme ; ce programme qui reflète la pensée dominante corrompue et
païenne de notre temps, que l’on impose au niveau global par la pression
politique et à travers les mass media officiels quasi tout-puissants, qui sont
fidèles aux principes du parti mondial de l’idéologie du genre. Un tel document
synodal, même s’il n’est que préliminaire, est une véritable honte. Il donne
une idée du degré d’extension de l’esprit du monde anti-chrétien qui a déjà
pénétré à un tel niveau dans la vie de l’Eglise. Ce document restera pour
les générations futures et pour les historiens une marque noire qui a entaché l’honneur
du siège apostolique. Heureusement le Message des pères synodaux est un
véritable document catholique qui expose la divine vérité sur la famille sans
se taire sur les racines plus profondes des problèmes, c’est-à-dire la réalité
du péché. Il procure un vrai courage et une vraie consolation aux familles
catholiques. Quelques citations :
« Pensons à la souffrance qui peut apparaître lorsque qu’un enfant
est handicapé, lors d’une grave maladie, lors de la dégénérescence neurologique
due à la vieillesse, lors de la mort d'une personne chère. La fidélité
généreuse de tant de familles qui vivent ces épreuves avec courage, foi et
amour est admirable, lorsqu’elles les considèrent non comme quelque chose qui
leur a été arrachée ou imposée, mais comme quelque chose qui leur a été donné
et qu'ils offrent à leur tour, voyant en toutes ces personnes éprouvées le
Christ souffrant lui-même. (…) L'amour conjugal, unique et indissoluble,
persiste malgré les nombreuses difficultés des limites humaines, c’est l’un des
plus beaux miracles, bien qu’il soit aussi le plus commun. Cet amour se déploie
au travers de la fécondité qui n'est pas seulement procréation mais aussi don
de la vie divine dans le baptême, éducation et catéchèse des enfants. (…)
Que demeure sur vous la présence de la famille de Jésus, Marie et Joseph réunis
dans leur modeste maison. »
— Les groupes qui attendaient un
changement de l’enseignement de 'l’Eglise en ce qui concerne les questions
morales (l’accès à la communion des divorcés remariés ou une quelconque forme
d’approbation à l’égard des unions homosexuelles) ont probablement été déçus
par le contenu du rapport final, la Relation synodii. N’y a-t-il pas pourtant
un danger de voir l’ouverture au questionnement et à la discussion de sujets
fondamentaux pour l’enseignement de l’Eglise ouvrir la porte à de graves abus,
et à de nouvelles tentatives de revoir cet enseignement à l’avenir ?
— C’est un commandement divin, dans
ce cas précis, le sixième commandement sur l’absolue indissolubilité du mariage
sacramentel, une loi établie de façon divine, qui interdit à ceux qui se trouvent
dans un état de péché grave d’accéder à la Sainte Communion. C’est l’enseignement
de saint Paul dans sa Lettre inspirée par le Saint-Esprit (1 Cor. 11, 27-30).
Cela ne peut faire l’objet d’un vote, de même que la divinité du Christ ne peut
jamais être soumise à un vote. Une personne qui se trouve encore dans les liens
du mariage sacramentel indissoluble, et qui en dépit de cela vit dans un état
de cohabitation marital stable avec une autre personne, ne peut pas être admise
à communier, en raison de la loi divine. Dire cela constituerait une déclaration
publique par l’Église légitimant de manière néfaste la négation de l’indissolubilité
du mariage chrétien, révoquant en même temps le sixième commandement de
Dieu : « Tu ne commettras pas d’adultère. » Aucune institution
humaine, pas même le pape ou un Concile œcuménique, n’a autorité ou compétence
pour invalider, même de la manière la plus légère ou la plus indirecte, l’un
des dix commandements divins, ou les paroles divines du Christ : « Ce
que Dieu a uni, que l’homme ne sépare pas. »
En dépit de cette vérité limpide
qui a été enseignée de manière constante et invariable – parce que non
modifiable – à travers les âges par le magistère de l’Église jusqu’à nos jours,
par exemple dans Familiaris consortio
de saint Jean-Paul II, dans le Catéchisme de l’Église catholique et par le
pape Benoît XVI, la question de l’admission à la Sainte Communion de ce que l’on
appelle les « divorcés remariés » a été mise au vote au synode. Ce
fait est en lui-même déplorable et reflète une attitude d’arrogance cléricale envers
la divine vérité de la Parole de Dieu. La tentative de mettre la divine Vérité
et la divine Parole au vote n’est pas digne de ceux qui, en tant que
représentant du Magistère, ont le devoir de transmettre avec zèle le dépôt
divin, en serviteurs bons et fidèles (cf
Math 24, 45). En admettant les divorcés remariés à la Sainte Communion ces
évêques établissent une tradition nouvelle, fruit de leur propre vouloir, et ils
transgressent ainsi le commandement de Dieu, ce pour quoi le Christ accusa
jadis les Pharisiens et les scribes.
Encore plus grave est le fait que ces
évêques tentent de justifier leur infidélité à la parole du Christ au moyen d’arguments
de nécéssité pastorale, de miséricorde, d’ouverture à l’Esprit Saint. En outre
ils ne craignent pas de pervertir sans scrupule, à la manière gnostique, le
sens véritable de ces mots, tout en présentant ceux qui s’opposent à eux comme
rigides, scrupuleux ou traditionalistes. Au cours de la grande crise arienne du
IVe siècle, les défenseurs de la divinité du Fils de Dieu était aussi taxés d’intransigeance
et de traditionalisme. Saint Athanase a même été excommunié par le pape Libère ;
le pape a justifier cela en arguant qu’Athanase n’était pas en communion avec
les évêques orientaux qui pour la plupart étaient hérétique ou semi-hérétiques.
Saint Basile le Grand declarait alors : « Aujourd’hui seul un
péché est sévèrement puni : l’observance attentive des traditions de nos
pères. Pour cette raison les bons sont renvoyés de chez eux et amenés au
désert. »
En réalité les évêques favorables
à la communion pour les divorcés remariés sont les nouveaux Pharisien et les
scribes, parce qu’ils font fi du commandement de Dieu. participant au fait que du
corps et du cœur des « divorcés remariés » les adultères continue de
procéder (Matth 15,19), parce qu’ils recherchent une solution extérieurement
propre, et qu’ils veulent être « propres » également aux yeux de ceux
qui ont le pouvoir : les médias, l’opinion publique. Mais lorsqu’il
paraîtront devant le tribunal du Christ, ils entendront sûrement, avec un grand
désarroi, ces paroles du Christ : « Au méchant aussi, Dieu
s’adresse : “Pourquoi rabâches-tu mes lois ? Tu as mon alliance à la
bouche, mais tu détestes l’instruction et tu rejettes mes paroles au loin,
derrière toi. A peine as-tu vu un voleur, tu deviens son complice, et puis, tu
fais cause commune avec les adultères.” » (Ps 50, 16-18).
Le rapport final du Synode
conserve aussi malheureusement le paragraphe à propos de la communion pour les « divorcé
remariés ». Bien qu’il n’ait pas atteint les deux tiers des voix requis,
demeure le fait inquiétant et étonnant que la majorité absolue des évêques
présents a voté en faveur de la communion pour les divorcés remariés, triste reflet
de la qualité spirituelle de l’épiscopat catholique de nos jours. Il est triste
en outre que ce paragraphe, qui n’a pas obtenu l’approbation requise de la
majorité qualifiée, n’en demeure pas moins dans le rapport final et qu’il sera
envoyé à tous les diocèses en vue de discussions supplémentaires. Cela ne fera
qu’accroître la confusion doctrinale parmi les prêtres et les fidèles, l’idée
sera dans l’air que les commandements divins et les paroles divines du Christ,
ainsi que ceux de l’apôtre Paul, sont susceptibles de modification par des
groupes de décision humains.
Un cardinal qui a ouvertement et
fortement soutenu l’idée de la communion pour les « divorcés remariés »,
et même les déclarations honteuses sur les « couples » homosexuels
dans le rapport d’étape, était mécontents du rapport final ; il a déclaré
avec impudence que « le verre est à moitié plein ». Pour continuer l’analogie
il a déclaré qu’il fallait travailler afin que l’année prochaine lors du Synode,
il soit plein. Nous devons croire fermement que Dieu dissipera ces malhonnêtes,
d’infidélité et de trahison. Le Christ garde infailliblement la barre du
navire de son Eglise au milieu d’une telle tempête. Nous croyons et nous
mettons notre confiance dans le véritable chef de l’église, Notre Seigneur
Jésus-Christ, qui est la Vérité.
— Nous vivons actuellement un paroxysme
d’attaques contre la famille : une attaque accompagnée d’une confusion
terrible par rapport à l’humain et à l’identité humaine. Malheureusement certains membres de l’Église
catholique, en parlant de ces sujets, expriment des opinions qui contredisent l’enseignement
de Notre Seigneur. Comment devons-nous parler aux personnes qui sont victimes
de cette confusion, pour raffermir
leur foi et les aider sur le chemin vers la Rédemption ?
— En ces temps extraordinairement
difficiles le Christ purifie notre foi catholique pour qu’à travers cette
épreuve, l’Eglise finisse par briller davantage et devienne réellement sel et
lumière pour ce monde néo-païen insipide, grâce à la fidélité et à la fois
simple et pure des fidèles, des petits de l’Église, de l’ecclesia docta, l’Église enseignée, qui en nos jour donnera force à
l’ecclesia docens, l’Eglise
enseignante, le Magistère, ainsi que cela s’est produit lors de la grande crise
de la foi au IVe siècle.
[Mgr Schneider cite ici un long
passage de Les ariens du 4e siècle du Cardinal Newman sur le rôle des
petits et des humbles pour la sauvegarde de la foi : « L’époque des
docteurs de l’Eglise, représentés par les saints Athanase, Hilaire…, Augustin,
qui auraient failli sans eux » : « Et pourtant, au cours de
cette même époque, ce sont les fidèles bien plus que l’Episcopat qui ont
proclamé et préservé la tradition divine confiée à l’Eglise infaillible. » « Pendant
cette époque d’intense confusion, le dogme divin de la divinité de Notre
Seigneur était proclamé, respecté, maintenu, et (humainement parlant) davantage
préservé par l’Ecclesia docta que par l’Ecclesia docens. »]
Nous devons encourager les
catholiques de ordinaires à rester fidèles au catéchisme qu’ils ont appris, à
être fidèle aux claires paroles du Christ dans l’Évangile, à être fidèles à la
foi qui leur a été transmise par leurs pères et leurs aïeux. Nous devons
organiser des cercles d’études et de conférences sur l’enseignement constant de
l’Eglise sur la question du mariage et de la chasteté, en y invitant
spécialement les jeunes et les couples mariés. Nous devons montrer la beauté
même d’une vie chaste, la beauté même du mariage chrétien et de la famille, la
grande valeur de la Croix et du sacrifice dans nos vies. Nous devons présenter
toujours davantage les exemples des saints et des personnes exemplaires qui ont
montré qu’ayant pourtant souffert les mêmes tentation de la chair, et subi la même
hostilité et la même dérision de la part du monde païen, ils ont vécu avec la
grâce du Christ une vie de joie dans la chasteté, au sein du mariage chrétien
et de la famille. La foi, la foi pure et intégrale catholique et apostolique
vaincra le monde.
Nous devons fonder et promouvoir
des groupes de jeunes au cœur pur, des groupes de familles, des groupes d’époux
catholiques, qui s’engageront à rester fidèle à leurs vœux matrimoniaux. Nous
devons organiser des groupes qui aideront moralement et matériellement les
famille brisées, les mères seules ; des groupes qui assisteront, par la
prière et par les bons conseils, les couples séparés ; des groupes de
personnes qui aideront les « divorcés remariés » à entamer un
processus de conversion sérieuse, en reconnaissant avec humilité leur situation
de péché qui viole le commandement de Dieu et la sainteté du sacrement de
mariage. Nous devons créer des groupes qui aideront avec prudence les personnes
ayant des tendances homosexuelles afin de les faire entrer sur le chemin de la
conversion chrétienne, ce chemin beau et joyeux d’une vie chaste, et pour leur
proposer éventuellement, de manière délicate, une aide psychologique. Nous
devons montrer et prêcher à nos contemporains de ce monde néo-païen le pouvoir
libérateur de la bonne nouvelle de l’enseignement du Christ : que le
commandement de Dieu, y compris le sixième commandement, est sagesse et beauté.
« La Loi de Dieu est parfaite, elle nous redonne vie. Toutes ses
affirmations sont dignes de confiance. Aux gens sans détour elle donne la
sagesse. Justes sont ses exigences, elles font la joie du cœur ; et ses
ordres, si limpides, donnent du discernement. » (PS 19, 7-8.)
— Au cours du Synode, Mgr Gądecki,
archevêque de Poznan, et d’autres distingués prélats ont publiquement exprimé
leur désaccord avec le fait que les résultats des discussions s’éloignaient de
l’enseignement constant de l’Eglise. Existe-t-il un espoir qu’au milieu de
cette confusion, il y ait un réveil des membres du clergé et des fidèles
qui ignoraient jusqu’ici qu’au sein même de l’Eglise il y a des personnes qui
sapent l’enseignement de notre Seigneur ?
— Il est certainement tout à l’honneur
du catholicisme polonais que le président de la Conférence épiscopale, Son
Excellence, Mgr Gądecki, ait défendu avec clarté et courage la vérité du Christ
sur le mariage et la sexualité humaine, se montre ainsi un vrai fils spirituel
de saint Jean-Paul II.
Le cardinal Georges Pell a bien
décrit le programme sexuel libéral et le soutien prétendument miséricordieux et
pastoral à la communion pour les divorcés remariés que l’on a vu au cours du
Synode, disant que il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg et d’une sorte de
cheval de Troie dans l’Eglise. Qu’au sein même de l’Eglise, il existe des
personnes qui sapent l’enseignement de Notre Seigneur est devenu un fait
visible pour le monde entier, grâce à Internet et au travail de certains
journalistes catholiques qui n’était pas indifférents à ce qui se arrivait à la
foi catholique qu’ils considèrent comme le trésor du Christ. J’ai été heureux
de voir que certains journalistes catholiques et bloggueurs se sont comportés
en bons soldats du Christ en attirant l’attention sur ce programme clérical de sape
de l’enseignement pérenne de Notre Seigneur.
Les cardinaux, les évêques, les prêtres,
les familles catholiques, les jeunes catholiques doivent se dire : « Je
refuse de me conformer à l’esprit néo-païen de ce monde, même lorsque cet
esprit est répandu par certains évêques et certains cardinaux, je n’accepterai
pas leur utilisation fallacieuse et perverse de la sainte miséricorde divine et
d’une « nouvelle Pentecôte », je refuse de jeter des grains d’encens
devant la statue de l’idole de l’idéologie du genre, devant l’idole du remariage,
du concubinage, même si mon évêque devait le faire, je ne leferai pas ;
avec la grâce de Dieu je choisirai de souffrir plutôt que de trahir l’entière
vérité du Christ sur la sexualité humaine et sur le mariage. »
Ce sont les témoins qui
convaincront le monde, et non les professeurs, a dit le bienheureux Paul VI
dans Evangelii nuntiandi. L’Eglise et
le monde ont vraiment besoin de témoins intrépides et sincère de la vérité
intégrale du commandement et de la volonté de Dieu, de la vérité intégrale des
paroles du Christ sur le mariage. Les Pharisiens et les scribes cléricaux
modernes, ces évêque et ces cardinaux qui jettent des grains d’encens devant
les idoles néo-païennes de l’idéologie du genre et du concubinage, ne
persuaderont personne à croire au Christ ou à être prêts à offrir leur vie pour
le Christ. En vérité, « veritas
Domini manet in aeternum » (Ps 116, la vérité du Seigneur demeure pour
toujours), « le Christ est le même hier aujourd’hui et pour toujours »
(Héb 13,8), et « la vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32). Cette
dernière phrase était l’une des citations de la Bible préférées de saint Jean)-Paul II,
le pape de la famille. Nous pouvons ajouter : la vérité divine révélée et
transmise sans changement sur la sexualité humaine et le mariage apportera la
vraie liberté aux âmes, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Eglise. Au milieu
de la crise de l’Eglise et du mauvais exemple moral et doctrinal de certains
évêques de son temps, saint Augustin réconfortait les simples fidèles avec ces
paroles de : « Quels que
nous soyons, nous évêques, vous êtes en sécurité, vous qui avez Dieu pour père
et son Eglise pour mère » (Contra
litteras Petiliani III, 9-10).
• Voulez-vous être tenu au courant des informations originales paraissant sur ce blog ? Abonnez-vous gratuitement à la lettre d'informations. Vous recevrez au maximum un courriel par jour. S'abonner
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
6 commentaires:
Il y a des dénnonces l'Église est infiltré des franc-maçons, des communistes et aussi des protestants, et certains membres de la haute hiérarquie pouvaient être entre ceux.
Mgr Schneider a été très correct leur exposition.
(suite)
Le témoignage et l’intransigeance de St Jean-Baptiste face à l’adultère public d’Hérode fut certes très héroïque et louable, mais depuis la Pentecôte, les « petits » quant au Royaume qui « sont plus grands que lui », n’ont-ils pas reçu la force de témoigner courageusement et fidèlement des exigences de l’Amour divin d'abord avec douceur et patience, en évitant de « crier, d’ hausser le ton, d’écraser le roseau froissé et d’éteindre la mèche qui faiblit pour exposer le Droit avec loyauté » (Isaïe 42,1-4) ?
Du fait de la désorientation spirituelle durant les années coïncidant avec l'après Concile Vatican II, sous les coups croisés d’un contexte socio-politique très défavorable (matérialismes marxiste et libéral contestant toute valeur d'autorité) et des graves négligences pastorales au niveau de la formation et de l’accompagnement des fidèles catholiques, on peut considérer que la faute de bien des fidèles catholiques divorcés « remariés » soit probablement susceptible de circonstances atténuantes pouvant pousser l’Eglise à ne pas les traiter avec la même intransigeance que celle de fidèles catholiques bien conscients et formés.
Puisque Mgr Schneider se réfère au magistère sur le mariage de celui qu’il nomme à juste titre "saint Jean-Paul II", rappelons un de ses textes, ainsi que les pistes de réflexion de Benoit XVI à ce sujet :
(suite)
N° 84 : Les pasteurs doivent savoir que, par amour de la vérité, ils ont l'obligation de bien discerner les diverses situations. Il y a en effet une différence entre ceux qui se sont efforcés avec sincérité de sauver un premier mariage et ont été injustement abandonnés, et ceux qui par une faute grave ont détruit un mariage canoniquement valide. Il y a enfin le cas de ceux qui ont contracté une seconde union en vue de l'éducation de leurs enfants, et qui ont parfois, en conscience, la certitude subjective que le mariage précédent, irrémédiablement détruit, n'avait jamais été valide. (Familiaris Consortio, Jean-Paul II)
L'Osservatore Romano, le journal du pape, a publié le 30 novembre dernier un texte que Benoît XVI a rédigé en 1998, alors qu'il était encore préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Le vaticaniste Sandro Magister voit dans cette publication le signe que la Vatican souhaite ouvrir des pistes de réflexion sur la communion pour les personnes divorcées et remariées: en effet, tout en réaffirmant l'indissolubilité absolue du mariage, le futur pape ouvre deux pistes: "La première est le possible accroissement des reconnaissances canoniques de la nullité des mariages célébrés 'sans foi' par au moins l’un des deux époux, même s’il est baptisé. La seconde est le possible recours à une décision 'au for interne', de la part d’un catholique divorcé et remarié, d’accéder à la communion au cas où la non-reconnaissance de la nullité de son précédent mariage (en raison d’un jugement considéré comme erroné ou de l'impossibilité d’en prouver la nullité par voie de procédure) serait en opposition avec sa ferme conviction en conscience que ce mariage était objectivement nul".
(suite)
Rappelons (aussi) que l’accusation de laxisme envers la hiérarchie de l’Eglise de la part de personnages intransigeants se croyant "plus catholiques que les autres" et que l’Eglise même, a pu conduire à des schismes au cours de l’Histoire. Exemples :
Novatien, évêque schismatiquedu IIIe siècle *** (1), qui accuse le Pape Corneille de laxisme face aux repentis, ces chrétiens relaps durant la persécution de Dèce et qui souhaitent retrouver le giron de l'Église. "II soutint qu'on ne devait pas admettre à la communion ceux qui étaient tombés dans le crime d'idolâtrie, quelque pénitence qu'ils fissent."
Ce schisme est à l'origine de l'Église novatianiste, proche d'autres mouvements postérieurs comme le donatisme et le mélécisme, qui, au IVe siècle, s'interrogent, comme lui, sur l'attitude à avoir face aux repentis. Il perdure pendant deux siècles, avec son propre clergé, se confondant à partir du milieu du IVe siècle avec le donatisme.
(suite)
Donatus Magnus, évêque schismatique d'Afrique du Nord au IVe s., dont les partisans prirent le nom de donatistes, animateur intransigeant de la contestation contre la nomination de l'évêque de Carthage en 307, il est à l'origine du schisme qui porte son nom, le donatisme, qui divisa les chrétiens africains pendant le IVe siècle.
Évêque de Cellae Nigrae en Numidie, il provoqua un schisme vers 305 en refusant d'admettre à la communion les traîtres (traditores), ou renégats, c'est-à-dire ceux qui avaient livré les vases sacrés et les livres saints aux païens pendant la persécution de Dioclétien, reniant par là le christianisme.
Il fit déposer Cécilien, évêque de Carthage, qu'il accusait d'indulgence par rapport aux traîtres ; mais il fut lui-même excommunié par le pape Miltiade (313), et par le de concile de Rome (313) et au concile d'Arles (314). Il se révolta, se porta avec ses partisans aux plus grands excès contre les chrétiens non schismatiques et déclencha une guerre civile qui désola l'Afrique sous les règnes de Constantin et de ses successeurs jusqu'à l'invasion des Vandales, qui persécutèrent également donatistes et chrétiens non schismatiques. *** (2)
(suite et fin)
*** (1) "Novatien trouve trois évêques italiens qui acceptent de le sacrer. Mais le synode de Rome qui réunit à l'automne 251 plus de 60 évêques valide l'élection de Corneille et excommunie Novatien. Il quitte Rome en 253 suite à la persécution de Trébonien Galle et la fin de sa vie est inconnue. Il est sans doute mort vers 258."
*** (2) "La signification profonde du schisme est sujette à débat: on peut y voir l'effet d'une lutte ethnique entre la population romanisée et celle numide, ou celui d'une lutte de classes entre colons et indigènes. Plus profondément encore, ces aspects sociaux et politiques s'enracinent dans l'histoire de l'Eglise africaine, car l'Eglise donatiste prolonge les traditions locales, centrées en particulier sur le culte des martyrs. L'Eglise "catholique", c'est en réalité l'Eglise "ultra-marine" pour les autochtones, laquelle essaie d'imposer des règles universelles contre le particularisme national. Il faudra tout le génie de saint Augustin pour arriver à résorber le schisme."
source : wikipédia"
________________________
Que Notre Seigneur vous bénisse dans votre travail
Emmanuel
Enregistrer un commentaire