Divorcés-remariés : les dominicains entrent en lice. C'est revigorant !
« Au cœur des propositions actuelles, il y a un doute sur la chasteté. C’est en effet la suppression de l’obligation de la chasteté pour les personnes divorcées qui est leur principale innovation, puisque les personnes divorcées remariées qui, pour une raison sérieuse (telle que l’éducation des enfants), continuent de vivre ensemble, sont autorisées par l’Église à recevoir la communion si elles acceptent de vivre en frère et sœur et s’il n’y a pas de risque de scandale. Jean-Paul II et Benoît XVI ont tous deux enseigné cela.
En tous les cas, l’hypothèse des propositions en question est qu’une telle chasteté est impossible pour les personnes divorcées. N’y a-t-il pas là un désespoir caché vis-à-vis de la chasteté et de la puissance de la grâce sur le péché et sur le vice ? Le Christ appelle toute personne à la chasteté, selon son état de vie, que celle-ci soit non mariée, célibataire, mariée ou séparée. Il promet la grâce d’une vie chaste. »
« En outre, les propositions actuelles préconisent ce que même les orthodoxes orientaux n’accepteraient pas : la communion pour ceux qui vivent des unions civiles (adultères) non bénies. Les orthodoxes orientaux admettent les personnes divorcées remariées à la communion seulement si leur union ultérieure a été bénie au cours d’un rite orthodoxe oriental. En d’autres termes, l’admission de personnes divorcées remariées à la communion exigerait inévitablement de l’Église catholique qu’elle reconnaisse et bénisse les seconds mariages après un divorce, ce qui est clairement contraire au dogme catholique établi et à l’enseignement expresse du Christ. »
« Ainsi, l’Église a rendu, dans le monde contemporain, un témoignage consistant à la vérité tout entière sur la sexualité humaine et la complémentarité des sexes. Le bien de la sexualité humaine est intrinsèquement lié à son potentiel à engendrer une vie nouvelle et sa juste place se trouve dans une vie partagée de fidélité réciproque et aimante entre un homme et une femme. Ce sont des vérités salvifiques que le monde a besoin d’entendre ; l’Église catholique est de plus en plus une voix solitaire qui les proclame. »
« Si elle accepte cela, toutefois, on voit mal comment l’Église pourrait refuser d’admettre à la sainte communion des couples non mariés cohabitant ou des personnes engagées dans une union homosexuelle, etc. En effet, la logique de cette position suggère que l’Église devrait bénir de telles relations (comme le fait maintenant la Communion anglicane), et même accepter toute la gamme que comporte la « libération » sexuelle contemporaine. La communion pour les personnes divorcées remariées n’est que le début. »
Sur l'argument de l'invalidité supposée de nombreux mariages, les pères dominicains apportent aussi des réponses précises, rappelant notamment que la validité du sacrement n'est pas fonction de l'état de grâce du ministre ou de sa foi mais « de la forme et de la matière correcte » ; il suffit que les mariés aient pour intention « les biens naturels du mariage ».
La lenteur des procédures juridiques pour faire reconnaître une véritable nullité ne saurait dispenser, expliquent-ils ensuite, d'avoir recours à cette procédure : il s'agit cependant de l'améliorer notamment en ce qui concerne l'instruction.
« On voit souvent l’approche pastorale comme opposée à l’approche canonique. C’est une fausse dichotomie. Benoît XVI exhortait les séminaristes « à comprendre et – j’ose dire –à aimer le droit canon dans sa nécessité intrinsèque et dans les formes de son application
pratique : une société sans droit serait une société privée de droits. Le droit est condition de l’amour. » L’approche canonique est pastorale par nature, parce qu’elle pose les conditions nécessaires en vérité pour changer les cœurs. Là où cela ne se produit pas, c’est le droit canon lui-même qui a été mal interprété. Malheureusement, ce qu’on appelle souvent approche pastorale mène à des décisions arbitraires et donc injustes. C’est le danger imminent lorsqu’on envisage d’abandonner les procédures tracées par le droit. »
Que faire ? Pour les co-signataires de l'article, la première chose serait de remettre la chasteté à l'honneur. La deuxième, d'expliquer que le pardon et la miséricorde divines permettent réellement à l'homme de changer de l'intérieur pour « vivre libre du vice et du péché : ils guérissent. Mais pour cela, il faut « revitaliser la catéchèse sur ce point »… La troisième, de traiter les divorcés-remariés avec « respect » en les encourageant à continuer d'assister au « Sacrifice de la messe », à prier, à contribuer aux œuvres de charité, à « élever leurs enfants dans la foi chrétienne »… C'était là ce que demandait déjà Familiaris Consortio. La quatrième ? Mieux préparer au mariage. La cinquième : renforcer les tribunaux de première instance pour qu'ils puissent avoir les moyens de répondre aux demandes. Et enfin, montrer que l'enseignement de l'Eglise n'est pas intolérant mais vise le « bien authentique de toutes les personnes », et mène « au bonheur et à l'amour ».
Le texte intégral mérite vraiment d'être lu : je le répète, c'est par là.
4 commentaires:
"Au coeur des propositions actuelles, il y a un doute sur la chasteté [...] puisque les personnes divorcées remariées qui, pour une raison sérieuse (telle que l’éducation des enfants), continuent de vivre ensemble, sont autorisées par l’Église à recevoir la communion si elles acceptent de vivre en frère et soeur et s’il n’y a pas de risque de scandale. Jean-Paul II et Benoît XVI ont tous deux enseigné cela."
J'ignorais totalement cela. J'avais cru comprendre que, dans l'état actuel du droit canon, même en vivant "comme frères et sœurs", dans l'abstinence, ces personnes étaient quand même privées des sacrements. Et cela me révoltait. Et je ne comprenais pas pourquoi personne, ni le cardinal Kasper ni le cardinal Müller ni personne, ne proposait l'abstinence aux divorcés-remariés et leur accès aux sacrements à la condition de cette abstinence.
Mais pourquoi, si c'est déjà le cas, personne n'insiste-t-il sur ce point dans l'Eglise ? Pourquoi les fidèles divorcés-remariés ne se voient-ils jamais proposés cette solution de l'abstinence si elle est déjà permise ?
Je ne sais pas si cette solution est proposée en pratique ou non. Mais l'accès à la communion est alors conditionné par le fait qu'il ne doit pas être cause de scandale. C'est bien expliqué dans le document intégral.
Merci Jeanne pour cet article et pour le lien vers le document des pères dominicains. Merci de souligner avec eux que la question de la chasteté est centrale dans la lutte qui se joue actuellement dans le monde occidental qui se dit « civilisé », « progressiste », « éclairé ».
Certes les questions éthiques ne constituent pas l'essentiel du christianisme qui se défini d'abord comme l'affirmation pascale « Christ est ressuscité », par l'affirmation d'un Dieu unique créateur, et d'une temporalité « linéaire », de l'Alpha à l'Oméga.
Mais précisément c'est la finalité de la vie qui est en cause dans l’opposition laïco-maçonnique à l'Église catholique. C'est l'affirmation d'un hédonisme absolu dans le cadre d'un relativisme qui l'est tout autant.
C'est bien sur la question de la chasteté que l'Église est attaquée, que ce soit sur le célibat des prêtres ou la communion des divorcés-remariés, mais au-delà sur la conception des relations homme-femme et de la sexualité. Il faut donc, comme vous le faites, avec les pères dominicains replacer la question dans une perspective beaucoup plus large. Merci.
John-Paul
Merci Jeanne pour cet article et pour le lien vers le document des pères dominicains. Merci de souligner avec eux que la question de la chasteté est centrale dans la lutte qui se joue actuellement dans le monde occidental qui se dit « civilisé », « progressiste », « éclairé ».
Certes les questions éthiques ne constituent pas l'essentiel du christianisme qui se défini d'abord comme l'affirmation pascale « Christ est ressuscité », par l'affirmation d'un Dieu unique créateur, et d'une temporalité « linéaire », de l'Alpha à l'Oméga.
Mais précisément c'est la finalité de la vie qui est en cause dans l’opposition laïco-maçonnique à l'Église catholique. C'est l'affirmation d'un hédonisme absolu dans le cadre d'un relativisme qui l'est tout autant.
C'est bien sur la question de la chasteté que l'Église est attaquée, que ce soit sur le célibat des prêtres ou la communion des divorcés-remariés, mais au-delà sur la conception des relations homme-femme et de la sexualité. Il faut donc, comme vous le faites, avec les pères dominicains replacer la question dans une perspective beaucoup plus large. Merci.
John-Paul
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