06 décembre, 2013
L’ACLU (American Civil Liberties
Union) association laïciste, poursuit en justice la Conférence des évêques
catholiques des Etats-Unis pour obtenir la condamnation de leurs directives
anti-avortement, a-t-elle annoncé lundi. Les évêques, et à travers eux
l’Eglise, sont accusés d’empêcher la procuration de soins médicaux nécessaires
aux femmes enceintes en état de détresse, entraînant des refus de soins
(« medical negligence », en droit américain).
Le procès sera plaidé devant la
cour fédérale du Michigan où
l’ACLU représentera une femme qui se plaint de ne pas avoir reçu des
informations adéquates sur son état ni des soins appropriés, alors qu’elle
s’était présentée dans l’hôpital catholique de la ville de Muskegon à 18
semaines de grossesse, après avoir perdu les eaux, malgré le risque d’infection
que cela lui faisait courir. Mais qui ne s’est pas réalisé…
Tamesha Means, la jeune femme en
question, estime que ses droits ont été méconnus. Il n’y avait pas d’autre hôpital
à proximité que le Mercy Health Partners,
c’est donc là qu’elle est allée lorsque l’urgence s’est présentée, pour se voir
renvoyée chez elle. Le lendemain elle s’est de nouveau présentée, alors qu’elle
saignait et éprouvait des douleurs, pour être encore une fois rassurée et
renvoyée à la maison. C’est seulement au cours de la nuit suivante que,
fiévreuse et saignant toujours, elle a été accueillie ; elle devait assez
rapidement mettre au monde son bébé qui est mort peu de temps après.
Qu’il y ait eu là mauvaise
appréciation de l’affaire, erreur médicale ou non, en tout cas mauvais accueil
pour autant qu’on puisse en juger, n’est pas la question. Ce qui compte, c’est que l’affaire est
exploitée au nom du « droit à l’avortement » contre une institution qui
ne peut pas accepter l’avortement pour des motifs qui dépassent la loi civile
et la compétence des tribunaux.
Mme Means estime que son droit a
été méconnu dans la mesure où personne ne lui a dit que son bébé – le fœtus,
dit le New York Times – n’avait qu’une
petite chance de survivre dans cette situation, ni ne l’a prévenue que la
poursuite de la grossesse pouvait présenter un risque.
En l’occurrence, l’ACLU cherche à
faire admettre que dans un tel cas, il est obligatoire d’informer la patiente
du fait que fréquemment, les équipes médicales choisissent de provoquer le
travail même si la date de viabilité n’est pas atteinte, condamnant l’enfant à
une mort certaine, ou d’« extraire chirurgicalement le fœtus » pour
réduire (et non éliminer !) les risques d’infection pour la mère.
On comprend qu’ACLU se soit
précipitée sur l’affaire dans l’objectif d’obtenir une jurisprudence contraignante
et générale contre la politique de vie des évêques catholiques à l’heure ou un
sixième des hôpitaux aux Etats-Unis sont catholiques et que les partenariats se
multiplient avec des hôpitaux non catholiques.
De son côté un responsable du
National Catholic Bioethics Center de Phhiladelphie, John M. Haas, a réagi en
déclarant que sans connaître l’affaire, il pouvait quand même souligner que les
directives des évêques sont parfois interprétés avec trop de zèle et qu’elles
sont plus nuancées que leurs détracteurs ne le pensent. Et de rappeler qu’une
femme enceinte et malade peut recevoir un traitement même si celui-ci risque de
mettre en danger, par une sorte d’effet secondaire, la vie de son enfant.
La difficulté ici réside en le
fait que la seule « solution » exigée par ACLU est bien une
intervention destinée directement à mettre fin à la grossesse, avec un effet
secondaire potentiel : éviter une infection. Il s’agit donc non pas de
venir au secours de cette femme mais de l’instrumentaliser au nom du droit à l’avortement
« thérapeutique » ou « médical » – sans quoi on
s’interrogerait peut-être d’abord sur le fait que Mme Means n’a pas été admise
et placée en observation, alors que, pour autant que les faits soient connus,
son état le justifiait d’emblée.
La guerre se fait de plus en plus
frontale entre les tenants de la culture de mort et ceux qui veulent
sauvegarder les droits de la vie.
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