18 octobre, 2013

Béatrice Bourges répond à “Présent” : « Faire sauter ce “front républicain” absurde, insensé »

Elle a conquis le devant de la scène lors des Manifs pour tous, et surtout le 24 mars dernier, lorsqu’elle a été « lâchée » pour avoir fait ce dont tout le monde rêvait, se joignant à ceux qui ont « pris » les Champs-Elysées. Béatrice Bourges continue de travailler et de réfléchir et anime le Printemps français, mouvement actif, spontané, droit dans ses idées. Voix grave et regard pétillant, elle a répondu à nos questions – sans langue de bois. Et ça, pour un journaliste, c’est toujours un régal. – J.S.

— Béatrice Bourges, bien avant les manifs contre le « mariage pour tous », vous exprimiez déjà des idées très fortes sur le sujet. Qu’est-ce qui a motivé votre montée au créneau pour prendre la défense de l’enfant ?

— J’ai commencé à m’intéresser très sérieusement à la question il y a environ huit ans, répondant à une intuition due au fait que je percevais le sujet comme récurrent alors qu’il concernait un nombre de personnes incroyablement faible. Et je me suis demandée pourquoi. On commençait à en entendre parler dans les médias de façon courte mais régulière. Je me suis donc intéressée à ce qu’il y avait derrière tout cela… et c’est là que j’ai découvert le pot aux roses. Le gender. L’homoparentalité, c’est juste l’arbre qui cache la forêt. Il fallait montrer la chose qui lui est liée, et qui est beaucoup plus grave : l’idéologie du genre. Si grave parce qu’elle touche à l’essence même de l’homme.

J’ai des convictions très fortes que je porte depuis longtemps et peut-être, en tant que femme, que mère, je suis touchée par ce qui touche l’enfant : c’est viscéral pour une femme. Et je sais bien qu’une société devient déshumanisée quand on touche aux plus fragiles… et l’enfant en fait partie. Le plus fragile porte l’humanité.

Au moment de la campagne présidentielle précédente – Sarkozy-Hollande – les signaux encore faibles jusque-là sont devenus des clignotants rouges et je me suis dit que c’était le sujet.

— Qu’est-ce qui a nourri votre réflexion ? Vous avez très vite écrit un livre, donné des conférences… Est-ce votre foi ?

— Oui, ce qui me nourrit dans la vie, c’est la foi. Parce que je sais que si l’on touche à l’essence même de l’homme, on touche à ce qui fait sa transcendance – et donc à ma foi. Donc oui, si ce combat est personnel, c’est parce qu’il touche à ma foi.

Comment je me suis formée ? Je n’étais pas spécialiste de la question, même si je commence à le devenir. Chose très révélatrice : lorsque j’ai tapé pour la première fois dans Google le mot « homoparentalité », je n’ai vu que des sites de propagande sur les deux premières pages de résultats. Il fallait donc y aller ! J’ai monté un site, et c’est à force de chercher que je l’ai nourri en arguments. J’ai beaucoup travaillé avec un pédopsychiatre, Christian Flavigny, qui a préfacé mon livre, et avec beaucoup d’autres spécialistes du gender et de l’homoparentalité.

—  Ce n’est pas uniquement une réaction de tripes, si je puis dire, vous êtes allée au fond des choses…

— Quand on me demande de me décrire, je dis volontiers que je suis une « tripale qui réfléchit ». Tout démarre à partir de choses que je ressens très fortement, mais je sais que cela ne suffit pas.

— Dans les programmes scolaires français, cela fait quand même belle lurette qu’on lutte contre les « stéréotypes de genre », expression qui fait partie du langage du gender. Cette idéologie n’est pas neuve dans la vie publique. Peut-on faire aujourd’hui confiance à un parti politique pour porter le combat qui nous anime ?

— Non. Ma conviction est que tous les partis politiques existants ne sont pas intrinsèquement porteurs d’une véritable vision anthropologique, et que la vie politique à venir connaîtra une rupture à son sujet, précisément. D’un côté, il y aura ceux qui se reconnaissent dans la forme de société individualiste et hédoniste portée par le gouvernement actuel, mais initiée par les gouvernements précédents, quels qu’ils soient. L’homme y est réduit à un producteur-consommateur qui se suffit à lui-même et qui n’a plus de transcendance. Le désir y devient un droit. C’est très exactement le germe du totalitarisme, car ce sont toujours les plus faibles qui en font les frais. De l’autre côté, il y aura ceux qui reconnaissent l’homme dans son essence et dans sa transcendance. Celui-là sait qu’il n’est qu’un maillon de l’humanité, et il accepte la faiblesse et la fragilité de l’homme en tant que force de la société.

C’est un paradoxe ? Mais je suis persuadée que la force d’une société réside dans l’accueil qu’elle fait aux plus faibles. C’est aussi chrétien. Mais dans ce monde où prévaut le mythe du surhomme, et même du super-enfant, de l’enfant parfait, donc déshumanisé, la société ne tient dans son humanité que par la place qu’elle fait aux plus faibles et aux plus fragiles, en reconnaissant qu’elle a un Créateur. Que l’homme ne se suffit pas à lui-même. Il a cette relation verticale, mais aussi une relation horizontale qui lui fait dire : « Je ne suis rien sans les autres. »

La rupture se fera là-dessus, elle pourra se faire dans chacun des partis actuels. La politique de demain sera de l’ordre du « métapartisan » : ce à quoi je travaille maintenant, c’est de savoir comment traduire ces convictions en langage politique et aider ceux qui, dans chaque parti politique, pensent cela. Pour qu’ils puissent en toute liberté sortir de leur système partisan pour entrer dans une vision politique au service du bien commun.

Il faut reconnaître que c’est difficile pour les hommes politiques, car pour le moment rien d’autre n’est proposé. Il faut leur demander d’être des héros, mais tout le monde en a-t-il l’étoffe ? Il faut donc travailler à leur offrir la plate-forme nécessaire, mais aussi la pensée nécessaire. Notre objectif est de faire tomber le système, de reprendre le pouvoir, et c’est sur cela que je mets des mots. Si nous voulons que notre concept devienne réalité, il faut essayer de reprendre le pouvoir, et essayer de le reprendre rapidement pour éviter que les dégâts ne soient encore plus grands.

— Vous tenez là un langage qui n’est pas politiquement correct mais que les centaines de milliers de jeunes qu’on a vus enthousiastes dans la rue peuvent partager. Pensez-vous que cette jeunesse est suffisamment formée – ainsi que ce courant qui les porte d’ailleurs – pour aboutir à un résultat ?

— Je suis au cœur du cœur de cette révolte, c’était vrai avant même qu’elle naisse officiellement. Eh bien, je suis émerveillée par la maturité acquise en un an. Pour moi, il n’y a aucune génération sacrifiée ou à sacrifier et ces jeunes ont besoin de moins jeunes : tout le monde a sa place dans cette résistance. Mai 68, c’était « du passé faisons table rase ». On mettait les générations précédentes qui « n’avaient rien compris » à la poubelle. Aujourd’hui les générations renouent entre elles.

Je suis émerveillée. Par ces jeunes qui descendent un peu spontanément dans la rue parce qu’ils se rendent compte, intuitivement, que le « mariage pour tous » ne va pas du tout, que c’est la destruction de la société – ils se rendent compte qu’on ne leur offre pas la société qu’ils souhaitent. Mais ils restent très minoritaires parmi leurs pairs. Lorsqu’ils rentrent au lycée ou à la fac ou dans leurs grandes écoles le lundi après les manifs du dimanche, ils sont confrontés à 90, voir 95 % des gens qui ne pensent pas comme eux. Et les voilà obligés d’expliquer pourquoi ils étaient dans la rue. Et donc, ils se forment. Et si d’habitude on commence par penser avant d’aller dans la rue, ils commencent, eux, par descendre dans la rue. C’est un instinct de survie ; ils savent qu’ils ont raison, maintenant ils veulent savoir pourquoi ils ont raison.

Ces jeunes ont commencé à se former, et ils se sont trouvés passionnés par ce qu’ils ont découvert. Sont-ils, sommes-nous assez formés ? Evidemment non. Mais ce n’est pas très grave : il va suffire que quelques personnes donnent les clefs et les grilles de lecture – responsabilité, liberté, transcendance, subsidiarité. Une fois que cela est compris, aligné, une fois qu’ils sont en cohérence, ils peuvent avoir plus ou moins de culture, cela ne fait rien. Cela ne sert à rien d’être très formé si on est mal formé. Un intellectuel pourra toujours contrer un autre intellectuel – mais celui qui n’est pas « aligné » perdra toujours face à celui qui est en cohérence. C’est cela qui nous permettra de gagner cette révolution. Et le réel l’emportera sur le virtuel.

— Ces jeunes que vous fréquentez beaucoup, ont-ils dans l’ensemble reçu dans leurs familles ce qu’ils ont envie de transmettre ou au contraire sont-ils nombreux à avoir vécu de mauvaises expériences familiales et à chercher à refaire un bon modèle ?

— J’ai reçu beaucoup de confidences et j’en suis toujours d’ailleurs très touchée. J’ai vu tous les cas de figures. Des jeunes qui ont eu une enfance très heureuse et qui ont envie de transmettre ce qu’ils ont reçu et des jeunes qui n’ont pas eu la même chance et qui ont envie de se battre pour transformer leur vie.

C’est d’abord une génération qui vit beaucoup avec l’ordinateur, et donc dans le virtuel : peut-être est-ce cela qui leur donne envie de toucher le réel ? Une recherche de quelque chose de mieux que ce que la société ou leur famille leur a offert ? C’est courageux, et en même temps c’est un besoin.

— A propos de la rupture au sein des partis, vous n’en excluez pas le Front national. Et vous soulignez combien il est urgent de faire sauter les barrières – celles qui, au fond, conduisent les uns à écarter les autres au nom du politiquement correct. Comment établir d’autres critères ?

— Il faut d’abord fluidifier les relations entre les partis et en finir avec la rupture artificielle : faire sauter ce « front républicain » absurde, insensé, inventé par Mitterrand qui doit d’ailleurs se frotter les mains car c’était un plan de génie. Le système s’effondrera alors de lui-même. A l’intérieur de l’UMP, on voit déjà les divisions entre Copé et Fillon, les pas en avant et en arrière, mais à l’intérieur du Front national on observe aussi ces divisions. Je crois que le FN tient grâce au système qu’il appelle « UMPS » – c’est d’ailleurs joliment dit parce que c’est vrai – mais si l’UMPS n’existait pas je ne sais pas ce que deviendrait le Front national puisque, je pense, il est lui-même traversé par cette rupture. Quand ce système tombera, il va bien falloir que le Front national se questionne sur ces sujets qui sont les vrais sujets, il y sera obligé.

Ce que je reproche aux partis politiques, quels qu’ils soient, c’est de ne pas avoir de colonne vertébrale. Ils proposent des mesures cosmétiques comme solutions à de vrais problèmes : l’insécurité, la nation, la justice, l’économie, la dette… Mais ils oublient la colonne vertébrale du bien commun : cet équilibre très subtil entre l’intérêt général et le respect des personnes.

Lorsque le système s’effondrera, le Front national sera obligé de se poser ces questions, puisqu’il deviendra le seul parti dominant. Se bornera-t-il à proposer des mesures contre l’immigration, contre l’insécurité, contre l’Europe ? A ce propos, je ne dis pas du tout qu’il a tort – mais ce n’est pas un programme, c’est du « contre ». Quelle est la société de l’espérance qu’il proposera ?

— Mais pour faire un peu l’avocat du diable : la loi a été votée en mai, premier « mariage » au mois de juin ; la société en est-elle ébranlée ? On pourrait dire que tout continue comme avant.

— Mais oui, tout continue comme avant : tranquillement vers le chaos ! Cette loi sur le mariage n’est que la face visible du chaos, la partie émergée de l’iceberg.  Tout est pourri et la société continue sa descente aux enfers. Mais on sait très bien que cette loi ne veut rien dire et qu’elle n’est même pas demandée.

— C’est donc le symptôme d’autre chose ?

— Oui, c’est ça. Le « mariage » de Montpellier n’est qu’un épiphénomène dans ce grand champ de ruines.

— Qu’est-ce qui explique, selon vous, la force de la réaction française ? La France est le pays qui a mis le plus de personnes dans la rue et qui s’est battu de la manière la plus étonnante : pourquoi ?

— Je pense que la France est tombée très, très, très bas et que c’est un instinct de survie. Et je dirai aussi, puisque j’ai la foi, que la France est la fille aînée de l’Eglise, et quoi qu’elle fasse, comme le premier-né peut être premier dans l’ordre des turpitudes mais reste premier dans l’ordre de naissance, elle le demeure. Et elle a, à ce titre, une vocation particulière. Je ne peux pas séparer le combat qui s’est passé de ma foi : si je le séparais, cela voudrait dire que je pense qu’il nous est possible de ne compter que sur nos propres forces. « Nous avons réussi » ? Nous avons juste été les instruments répondant « oui » à quelque chose qui nous dépasse ; et ce combat nous dépasse. C’est important de le dire, car nous pouvons vite tomber dans la prétention ou l’orgueil. Quoi qu’on ait voulu faire paraître, ceux qui sont descendus dans la rue sont catholiques à 90 %.

Cela ne veut pas dire, d’ailleurs, que ce soit un combat de catholiques : cela n’a absolument rien à voir. Mais comme c’est un langage universel, il faut se rappeler que l’Eglise est universelle, elle n’est pas réservée à quelques initiés. Le chrétien, dans ce combat, a eu un rôle particulier : il a répondu à sa vocation.

— Avez-vous pensé un instant que Hollande ferait marche arrière ?

— Non. Non.

— Je vais vous demander pourquoi, même si je ne m’attendais pas à une autre réponse.

— Parce que c’était idéologique. On peut dire qu’il a imposé le « mariage pour tous » parce qu’il ne pouvait rien faire d’autre, et parce qu’il pensait que cela ne lui coûterait rien – il s’est bien trompé d’ailleurs ! – dans cette France ruinée. Mais c’est bien plus grave que cela. C’est l’idéologie qu’il fallait faire passer coûte que coûte. Hollande a été financé par Pierre Bergé et de riches francs-maçons – je ne vais pas mettre tout cela à leur compte parce que ce serait trop facile, cette idéologie n’est pas portée seulement par eux – mais ce n’est pas l’histoire d’une coterie de 150 personnes. Il y avait une pression idéologique internationale, quelque chose d’incroyablement profond.

En démarrant ce combat, je savais que je me battais pour quelque chose d’autre. Lorsque des gens ont été désespérés quand cette loi est passée, en disant : « Tout ça pour ça », je peux vous avouer que cela ne m’a fait ni chaud ni froid, car j’en étais sûre. On pouvait faire ce qu’on voulait ; c’était comme un tsunami. On pouvait bien construire des digues au dernier moment, la vague allait les dépasser.

— On s’y est donc pris trop tard ?

— Oui, au dernier moment. Mais cela n’aurait rien changé de commencer trois mois avant ou un an avant. L’affaire est beaucoup trop profonde.

— Mais le bilan est néanmoins positif parce qu’il y a eu un réveil…

— Bien sûr ! C’est pour cela que je n’ai pas été triste quand la loi a été votée : il y a un an, jamais on n’aurait pu penser qu’on en serait là aujourd’hui. Ce qui s’est passé est incroyablement beau. Et cela ne s’arrêtera pas.

— Etant proche des jeunes, vous pensez donc que cela va continuer ?

— Oui ! Ils se battent pour la société qu’ils veulent ! Et qui est totalement à l’inverse de celle qu’on leur propose. C’est leur avenir, c’est leur « demain ». Cette loi leur a donné l’occasion de révéler quelque chose qu’ils avaient en eux. Sur la famille, mais pas seulement. Ils pensent au sens qu’ils donnent à leur vie, à leur travail.

—Pour revenir sur le combat qui a été perdu, il y avait quand même des a priori qui étaient contestables. On a mis en avant la lutte contre « l’homophobie ». On a axé ce combat, et je pense qu’il le fallait, sur les droits de l’enfant, mais on n’a peut-être pas assez clairement défini ce qu’est un mariage, ou ce qu’il doit être, de peur d’être taxé d’homophobie. L’avez-vous perçu ainsi ?

— Oui, et pour tout vous dire je n’étais pas d’accord, mais minoritaire, et même très minoritaire à le percevoir ainsi. Il est vrai que cela fait très longtemps que je suis engagée dans ce combat. J’ai tout de suite pensé qu’en axant ce combat sur l’homophobie nous partions sur le terrain de l’adversaire. Le terrain, ici, n’est pas celui de l’orientation sexuelle mais de l’altérité. En partant sur l’altérité, nous aurions évité de prendre beaucoup de choses en boomerang.

Il y avait certes de bonnes intuitions. Il était évident que nous risquions d’être traités d’homophobes – surtout en nous trompant de sujet. Qui s’excuse s’accuse. Il ne fallait pas dire : « Je ne suis pas homophobe, j’aime les homosexuels. » Moi, je n’aime pas « les homosexuels », pas plus que je n’aime « les hétérosexuels » : j’aime telle personne humaine.

Mais une fois de plus, je salue les très belles intuitions : nous sommes dans un monde de communication. C’était important d’harmoniser cette communication, ne serait-ce que visuelle. Ces marées humaines avec les mêmes drapeaux, cela faisait un effet choc – et esthétique ! Mais ce n’était pas une fin en soi. On a très vite commencé à confondre la fin et les moyens. La fin, ce n’était pas l’harmonisation, c’était le retrait de la loi. C’est en oubliant cette fin qu’on en est venu à parler de contrat d’union civile…

Et on a dit aussi que nous étions contre le « mariage » des homosexuels en raison des conséquences : les conséquences sur l’enfant. On a très vite occulté le mariage lui-même, et surtout sa signification profonde, car le mariage, ce n’est pas seulement l’enfant ; il y a des époux qui n’ont pas d’enfant et ce n’est pas pour autant qu’on pourrait accepter le mariage de deux personnes de même sexe qui n’auraient pas d’enfant. Et c’est pourquoi je suis contre le contrat d’union civile, qui relève de la même logique.

— La Manif pour tous espérait mobiliser les banlieues. En définitive il y avait très peu de «minorités visibles » et d’ailleurs la majorité de ces populations avaient voté Hollande. Comment expliquez-vous ce manque d’intérêt ?

— En fait ces gens ne se sentent pas concernés : ce n’est pas pour eux. Pour parler plus clairement : les musulmans n’ont pas forcément pour objectif de s’intégrer aux lois de la République. Et cela ne les empêchera pas de revoter pour Hollande, puisque de toute façon, même dans un Etat socialiste, et dans un Etat plus socialiste encore, ils n’en feront pas, de ces mariages.

— On pourrait rétorquer que ce n’est pas non plus pour des chrétiens – si ce n’est que les chrétiens ont l’idée du bien commun.

— C’est exactement cela. Pour les musulmans, c’est leur communauté qui n’est pas concernée. Alors que notre communauté, c’est la France.

— Qu’avez vous pensé de la mise en avant de Camel Bechikh, de Fils de France ?

— Je le connais ; il est sympathique… Mais il y a un problème : il est proche de l’UOIF, et pour moi, ce n’est pas compatible. Personne ne peut évidemment l’empêcher de participer : en revanche, sa mise en avant, pour moi, c’est non. Pourquoi le faire ? Parce qu’il est musulman et que ça fait bien ? On continue d’ailleurs de le mettre en avant… et ce n’est pas pour autant qu’il y a davantage de musulmans. Alors, c’est une personne alibi ? Dire qu’on ne va pas faire monter à la tribune Marion Maréchal-Le Pen mais un trotskiste et un musulman, pour dire qu’on est musulman et de gauche – eh bien ! cela ne fait pas qu’on est musulman et de gauche. C’est comme si on cachait ce qu’on est, pour mettre en avant ce qu’on n’est pas.

— Vous avez participé à une initiative avec Jean-Claude Martinez et Christine Boutin qui semble ne pas être promise à un avenir quelconque.

— J’en suis sortie ; j’ai envoyé un mail à Christine fin septembre pour dire que cette initiative avait une intention qui ne se traduit pas dans les actes. Je n’étais pas partie derrière des personnes mais avec l’idée que des personnes prenaient une initiative ensemble pour faire un programme fondé sur des valeurs liées à la vie, sans considération des partis politiques. Malheureusement,  Christine Boutin n’a pas pu faire ce choix du métapartisan. Elle n’arrive pas à sortir du système, bien qu’elle s’en défende : le PCD est toujours à l’UMP, et elle continue à fustiger le FN. Je pense que vouloir aller chercher les électeurs du FN tout en le critiquant tant et plus est un manque de cohérence et une forme d’hypocrisie.  Comment faire comprendre qu’il est inutile de continuer à faire confiance à un système à bout de souffle ?

— Vous présenterez-vous aux prochaines élections ?

— Non – même si nul ne peut dire de quoi demain sera fait. Cet embryon de liste, cette intuition intelligente du mois de juillet, je ne vois pas bien comment et par qui cela peut être porté. Pour moi, la seule condition serait celle-là. Si nous avions pu élargir, nous aurions peut-être pu faire quelque chose. Pour moi, les municipales, c’est exclu, totalement exclu – même si on me l’a demandé, et les européennes a priori aussi, pour les mêmes raisons. Je le dis clairement, il faut faire sauter le front républicain. Je le dis clairement aussi : être traité d’extrémiste par nos gouvernants et par les médias est pour nous une preuve de liberté d’esprit – pour ne pas dire un compliment.

Propos recueillis par Jeanne Smits et publiés dans Présent daté du samedi 12 octobre. 




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2 commentaires:

Anne Charlotte Lundi a dit…

Le livre de béatrice Bourges :

De la théorie du genre au mariage de même sexe...
L'effet dominos

Comment la question du mariage et de l'adoption pour des personnes de même sexe a-t-elle pu se poser dans nos sociétés occidentales, alors que le droit de la famille n'a pas besoin de préciser que le mariage est l'union d'un homme et d'une femme, tant cela est une évidence ?
Le projet de loi relatif à "l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples de personnes de même sexe" n'est pas une simple modification du droit de la Famille.
Depuis sa présentation, les surenchères s'accélèrent : accès à la PMA pour les couples de femmes, à la GPA pour les couples d'hommes...

L'effet dominos fonctionne à plein. Jusqu'où ira-t-il ? Nul ne le sait.
Au sommaire :
LA CONFUSION DES GENRES
- La diffusion du concept de genre
- Les buts recherchés par les théoriciens du genre
- Les conséquences pour notre société
DE L'IDEOLOGIE DU GENRE AU MARIAGE ET A L'HOMOPARENTALITE
- Le mariage
- L'homoparentalité : la volonté d'être "parent"
- Le bouleversement du Code Civil

Sur Livres en Famille : http://www.livresenfamille.fr/p8393-beatrice_bourges_aude_mirkovic_elizabeth_montfort_de_la_theorie_du_genre_au_mariage_de_meme_sexe....html

Anonyme a dit…

L'échec de la Manif Pour Tous, les pathétiques tentatives de récupérations de sympathiques groupuscules qui ont des bonnes idées mais n'aligneront jamais plus de 2 000 personnes dans la rue (type Printemps Français), les relations troubles avec l'UMP et la drague jamais courageuse des électeurs FN : tout cela était prévisible d'avance pour des catholiques de droite capable d'analyser la situation. Où seulement d'ouvrir leurs yeux.
Pour Barjot, Mariton etc. : ils avaient fait des déclarations claires et la déception des cocus qui ont manifesté derrière eux est à la hauteur de leur aveuglement.
Avec Mme Bourges, ça va finir aussi mal et c'est prévisible.

Allons madame Smits, faites votre travail de journaliste et investiguez.
Par exemple, vous auriez pu mettre madame Bourges en contradiction :
- A propos de son ouverture relative à l'égard du FN, n'a t elle pas dit : « Ils n’ont pas leur place ici. Je prône la non-violence. Contrairement à Frigide Barjot, je n’ai pas embrassé Collard à la manifestation. » ou bien "I have never voted for the far right. I am passionately opposed to violence of any kind,”
- A propos de sa vie privée, n'est il pas génant qu'elle revendique avec fierté son statut de divorcée remariée, ce qui en fait me semble t il une catholique qui ferait mieux de s'occuper de ses oignons avant d'aller faire la leçon à François Hollande et sa poule (cf. le très comique lacher de poules du Printemps Français devant le domicile de notre président) : «Ma foi me porte dans cette guerre de civilisation, mais ma vie privée ne peut pas me faire classer parmi les intégristes catholiques. Je suis divorcée et remariée. Je n’ai pas dix enfants, mais deux. » ou bien "“I have been divorced. How can I be a Catholic extremist?"

... Bref, en dépit de quelques méchantes piques contre Christine Boutin, c'est blanc bonnet, bonnet blanc : une brave démocrate chrétienne qui n'a pas que des mauvaises idées mais qui est prête à tout (même à embrasser Collard ?) pour être sous les projecteurs, avoir un siège quelque part et surtout : ne pas retourner dans l'ombre dont la Manif Pour Tous l'a sortie et où sont déjà retournés T Derville et plein d'autres gens dont on a déjà oublié le nom...


Sources :
http://www.parismatch.com/Actu/Politique/Beatrice-Bourges-entouree-de-mystere-511994
http://www.independent.co.uk/news/world/europe/im-no-homophobe--but-the-law-on-gay-marriage-undermines-humanity-is-batrice-bourges-of-printemps-franais-the-most-dangerous-woman-in-france-8652847.html

 
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