18 septembre, 2013
2. Le bien de la conjugalité.
Ayant vu ce
qu’est la conjugalité, demandons-nous maintenant quelle est sa valeur, son
grand prix propre et spécifique. En un mot : sa bonté.
Avant d’entrer
dans la seconde partie de notre réflexion, je dois poser une prémisse assez
importante. Il existe une vérité sur le bien de la personne, qui peut être
partagée pas toute personne douée de raison. Que signifie « la vérité sur
le bien » ? Cela ne signifie pas en premier lieu ce que l’on doit ou
ne doit pas faire. C’est la perception de la valeur propre d’une réalité (dans
notre cas : la conjugalité).
Je prends un
exemple. En voyant la Pietà de Michel Ange, nous « voyons » une
beauté sublime, ce qui fait que ce morceau de marbre est unique : il a en
soi sa propre valeur. En ce cas : une valeur esthétique.
A la question qu’est-ce que le bien/ qu’est-ce que le mal,
la réponse n’est pas de dire de manière simpliste : c’est ce que chacun
pense être bien/mal, sans que personne ait la possibilité de partager une même
réponse. Il existe au contraire une vérité sur le bien, qui peut être
découverte et partagée par toute personne douée de raison. Nous autres, nous
cherchons quelle est la valeur propre de la conjugalité, sa précieuse
spécificité, sa beauté évidente. Le bien qu’est la conjugalité présente deux
aspects fondamentaux.
Le premier. La conjugalité est une communio personarum. La bonté propre de
la conjugale est une bonté de communion. J’aimerais que nous notions
quelques-unes de ses dimensions.
(a) Une telle
relation ne peut exister qu’entre personnes, et son fondement consiste en la
perception de la bonté, du caractère précieux propre à la personne. Les
conjoints sont, l’un pour l’autre, des personnes.
(b) La communio personarum qui constitue le
bien de la conjugalité n’est pas fondée sur les émotions, sur la simple
attraction physique : même les animaux sont capables de liens basés sur
cela. Seules les personnes sont capables de la promesse suivante : « Je
promets de t’être toujours fidèle… tous les jours de ma vie. » Seules les
personnes sont capables de vivre en communion, car seules les personnes sont
capables de se choisir de manière libre et consciente.
(c) Seule la
personne est capable de faire le don d’elle-même
et seule la personne est capable d’accueillir ce don. La personne – et la
personne seulement – est capable d’autodonation, parce qu’elle est capable
d’autopossession, dans la force de sa liberté. Il est évident qu’elle ne peut
donner ce qu’elle ne possède pas, et la personne peut se posséder elle-même
dans la force de sa liberté. Mais la personne peut aussi renoncer à sa liberté,
et se maintenir au niveau où elle se laissera conduire par le mainstream social ou par ses propres
pulsions. La conjugalité est particulièrement exposée à ce piège.
(d) La communion personarum conjugale –
autodonation et accueil réciproque – plonge jusque dans l’intimité de la personne : au « Je » lui-même. C’est la personne en tant que telle qui est
donnée/accueillie. C’est là peut-être le mystère le plus profond de la
conjugalité. Vous savez bien que la Sainte Ecriture désigne le rapport sexuel
homme-femme par le verbe « connaître ». Il s’y vit une révélation de
l’un à l’autre dans leur identité intime.
C’est dans cet
événement que peut s’introduire une sorte d’indolence, de paresse spirituelle
qui empêche les conjoints d’aller au bout de cet acte qui ne peut naître que de
leur centre spirituel et libre. Et alors la communion des personnes
s’engourdit.
Le deuxième aspect de la valeur éthique
qui est le propre de la conjugalité, c’est la capacité qui lui est intrinsèque
d’être à l’origine d’une nouvelle personne humaine.
La possibilité
de donner la vie à une nouvelle personne est inscrite dans la nature même de la
conjugalité. C’est elle, dans l’univers créé, la plus haute capacité et la plus
haute responsabilité dont disposent l’homme et la femme. Elle est l’un des
« points » où l’action créatrice de Dieu entre dans notre univers
créé. Le temps dont je dispose ne me permet pas de prolonger la réflexion sur
ce thème sublime.
Conclusion
Deux simples
réflexions pour conclure. La première.
Vous avez remarqué que je me suis bien gardé d’utiliser le mot amour. Pourquoi donc ? Parce qu’il
a fait l’objet… d’une sorte de vol à la tire. L’une des paroles-clef de la
proposition chrétienne, l’amour justement, a été prise en otage par la culture
moderne et elle est devenu un terme vide, une espèce de récipient où chacun
met ce qu’il sent. La vérité de
l’amour est aujourd’hui difficile à partager. « Dépourvu de vérité,
la charité bascule dans le sentimentalisme. L’amour devient une coque vide
susceptible d’être arbitrairement remplie. C’est le risque fatal auquel est
exposé l’amour dans une culture sans vérité » (Benoît XVI, Caritas in veritate 3).
La deuxième. Les témoins de la vérité de
la conjugalité auront la vie dure, comme il n’est pas rare que cela arrive aux
témoins de la vérité. Mais il s’agit là de la tâche la plus urgente de l’éducateur.
Cardinal Carlo Caffarra
archevêque de Bologne
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