Les manifestants de dimanche réclament-ils vraiment la création d'une alliance civile ?
Place Pinel ou place d’Italie, à la Porte Maillot ou à Denfert-Rochereau, une chose est claire : les milliers de personnes, et probablement les centaines de milliers de personnes qui seront dans les rues de Paris dimanche y viennent exprimer une seule chose, leur refus de la légalisation du « mariage » des couples de même sexe. « Catholiques pour le mariage » côté Civitas, Renaissance Catholique, etc., une écrasante majorité de… catholiques pour le mariage de l’autre, et partout des personnes qui ne partagent pas la foi, défendront objectivement, comme l’écrit l’abbé de Tanoüarn sur son blog, « cette institution chrétienne bimillénaire qui s’appelle le mariage ».
On entendra moins dire dimanche que la défense du mariage, tel qu’il existe en France avec ses reliefs d’héritage chrétien, est aussi une conséquence d’une considération simplement naturelle de la morale, partagée depuis des millénaires avant d’être contestée sous la pression du nihilisme « antiraciste » porté par bien des institutions internationales, et qui voit dans la finalité évidente de la sexualité le moyen de perpétuer l’espèce, de fournir son cadre naturel à la famille et de permettre à l’amour de s’exprimer physiquement entre un homme et une femme, cimentant leur alliance. Et – ajouteront les catholiques – signifiant l’amour total, fécond et fidèle de Dieu dans sa Trinité et du Christ pour son Eglise.
Il est devenu délicat, voire délictueux de dire que les « amours homosexuelles » dans leur expression physique sont une perversion, un dévoiement de la sexualité humaine. D’autres expressions physiques du désir sexuel – l’inceste, la pédérastie et d’autres que je ne vais pas détailler ici – demeurent publiquement honnies.
On se demande bien pourquoi dès lors que les participants à ces actes n’y verraient pas d’inconvénient en tant que personnes consentantes…
Quoi qu’il en soit, les deux choses, défense du mariage et avis moral sur la finalité et le cadre de l’activité sexuelle, le cadre et la forme de la procréation et de l’éducation sont au fond indissociables, même si l’objectif de dimanche est d’obtenir le retrait – le retrait, pas l’aménagement ! – de la loi sur le « mariage pour tous ».
Jeudi matin, les organisateurs de la « Manif pour tous » ont tenu une conférence de presse dans le cadre prestigieux du Grand Palais à Paris, à l’invitation de l’Association de la presse étrangère. Beaucoup de journalistes, beaucoup de caméras. On a pu y entendre d’intéressants exposés sur le droit et le bien des enfants, notamment de la part du pédopsychiatre Vincent Rouyer, et l’exposé de Tugdual Derville qui a précisé en cours de route que si la manifestation s’affirme contre « l’homophobie », c’est « en ce qu’elle est discrimination injuste ou stigmatisation à l’égard des personnes ». On sait que tel n’est pas le sens de la loi réprimant l’homophobie qui vise toute discrimination, quelle qu’elle soit. Le terme est dangereux à manier…
Frigide Barjot, personnalité-vedette de cette « conférence de presse » aux allures de meeting (la moitié des journalistes sont partis avant la fin, excédés, cela arrive même quand on pense savoir « parler aux médias »), a cité deux sondages. 63 % de Français sont pour le « mariage » homosexuel, 54 % contre l’adoption par les couples homosexuels, a-t-elle dit. Comme le droit du mariage entraîne de lui-même possibilité d’adoption plénière, elle propose de laisser tomber le terme « mariage », dont les Français ne veulent pas en réalité à 54 %. « Comme les Français sont pour le mariage, que le président (Hollande) nous propose un nouveau texte sur l’union des couples de même sexe puisque les Français le veulent. »
Laurence Tcheng, qui se présente comme une militante socialiste, a précisé : « Nous espérons que la loi ne passera pas, ou en tout cas en l’état, car nous sommes pour l’alliance civile. » Frigide Barjot l’interrompt pour ajouter : « Même si des gens dans la manif ne sont pas encore convaincus de cela. »
Mais ce n'est pas sa manif.
Je doute que 5 %, ou même 3 % des personnes qui rejoindront les manifs de dimanche soient « convaincus de cela ». Leur écrasante majorité, je suis prête à l'affirmer, est même contre cette idée d’un pseudo « mariage », même sans le mot « mariage » et sans l’adoption ou la filiation impossible.
L’un des homosexuels contre le mariage qui s’est exprimé en ce sens sur le site homovox.com, Benoît, a commenté lors de la conférence de presse le nombre de pacs conclus désormais tous les ans :
« Le pacs, c’est un produit qui marche bien, il répond à un besoin. Il offre des droits light avec des devoirs light et c’est très bien comme ça. »
Il a explique que du coup les couples homosexuels sont demandeurs d’obtenir une possibilité d’« engagement plus fort ». Des « droits équivalents au mariage » (hormis l’adoption, PMA etc), et les devoirs liés au mariage. « Il faut qu’on puisse proposer une loi. Il ne suffit pas de dire non au mariage gay, sans proposer autre chose. »
Frigide Barjot : « C’est ça ! »
Ce projet d’alliance civile a fait l’objet d’un dépôt d’amendement, mardi, par Nathalie Kosciusko-Morizet et Axel Poniatowski : « Il suffit de voter cela à la place de la loi sur le mariage pour tous », a conclu Frigide Barjot.
Et il faut le dire.
De larges passages de ce message sont empruntés à un article paru dans Présent daté du samedi 12 janvier.
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