Le maire de Buenos Aires, Mauricio Macri, avec ses un pas en avant, un pas en arrière, aura fini par déclencher une affaire dont le monde entier parle. Et même la presse française, puisque l'information a fait l'objet d'une dépêche d'AFP facile à reproduire… Je vous racontais
ici comment l'élu avait décidé d'opposer son veto à une loi locale élargissant le champ d'application d'une décision de la Cour suprême sur l'avortement dépénalisé. Mais par la même occasion, lors d'un dîner politique du « Consensus républicain », il annonçait que ce mardi, aurait lieu à Buenos Aires le premier avortement « « légal » dans un hôpital public de la ville, sur la personne d'une femme victime d'un réseau de traite qui n'a donc pas eu à apporter la preuve qu'elle avait été violée.
Maintenant on accuse le maire d'avoir trop parlé…
Ce dont la presse internationale s'émeut aujourd'hui, c'est en effet de voir que l'intervention a été suspendue par la grâce d'un recours en justice par une association pour le respect de la vie, Pro Vida, au nom du droit de l'enfant de vivre. Le juge y a fait droit, interrompant le processus qui devait aboutir à l'élimination d'un enfant dans le cadre d'une grossesse à 9 semaines, par une décision de sauvegarde.
Le juge, Myriam Rustan de Estrada, a motivé sa décision en écrivant qu'« il n'est pas juste de procurer un soulagement à l'une des victimes en supprimant la vie de l'autre ». « Il n'est pas possible de réparer un dommage en créant un dommage encore plus grand, et irréversible », a-t-elle ajouté. Elle a interdit par la même occasion que l'avortement ne se pratique dans un autre hôpital que celui prévu.
« Il n'y a pas de collision entre les droits de la mère et de l'enfant puisque les droits des deux peuvent être sauvegardés au mieux des moyens existants, sans se porter atteinte mutuellement. Les deux ont été victimes d'un injuste agresseur et les deux ont subi des atteintes à leur dignité personnelle, la mère en ayant été violée dans son très personnel droit à l'intégrité physique, et l'enfant, en ayant été conçu sans l'amour d'une famille auquel il a droit », a-t-elle encore précisé, ajoutant que « si la mère a besoin de réparer le traumatisme dont elle a été victime en rompant tout lien avec l'enfant engendré, elle pourra le faire à sa naissance, au moyen de l'adoption, mais elle ne peut le faire au moyen de son élimination de la face de la terre ».
La victime du viol, dont l'identité n'a pas été révélée, a fait appel du jugement. Le juge Miguel Ricardo Guiraldes, qui devait en connaître, s'est dit incompétent et a rendu l'affaire à Mme Rustan de Estrada. Du coup les instances judiciaires devront d'abord statuer pour savoir qui, en définitive, va devoir se prononcer, avant d'élever l'affaire au niveau de la Chambre. Le gouvernement de Buenos Aires a également fait appel, estimant que la femme enceinte entre dans le champ des avortements non punissables du fait du viol dont elle dit être victime.
Quant à Mauricio Macri, il est depuis ce jour sous le coup d'une plainte pénale pour avoir révélé des données privées et sensibles à propos de l'avortement qui devait être commis, donnant le jour et l'heure tout comme la situation de la femme qui devait en « bénéficier », ce qui, selon la plainte, a permis aux « militants anti-avortement » d'introduire un recours.
Celui qui a annoncé vouloir porter cette plainte est le président de la commission Santé de la législature de Buenos Aires, Jorge Selser.
Celuic- a affronté une représentante du Red Federal de Familias lors d'un débat télévisé décoiffant.
C'est un morceau d'anthologie, ou pour une fois le présentateur, poussant chaque orateur au bout de sa logique, oblige Selser à se contredire, à expliquer qu'il n'y a pas d'enfant avant la naissance dans une phrase, l'appelant le « bébé » ou l'« enfant » dans la suivante, pataugeant, en somme, pour une fois mis devant les incohérences de son propre discours. Ceux qui comprennent l'espagnol pourront compter les coups…
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