Pour préserver la vie de la mère, l'avortement n'est jamais nécessaire
Un symposium international sur les soins aux mères a réuni quelque 140 professionnels de la santé le 8 septembre dernier à Dublin, qui se sont mis d'accord pour publier une déclaration confirmant que l'avortement volontaire – la mise à mort directe volontaire d'un enfant avant sa naissance – n'est jamais nécessaire pour sauver la vie d'une mère.
The Dublin Declaration veut donner une information claire et sûre aussi bien aux législateurs qu'aux médecins, sur la foi d'une expérience large du suivi de la grossesse.
Le choix du lieu de cette conférence est en soi tout un programme : alors qu'en Irlande, l'avortement est toujours interdit, ce pays se situe depuis des années dans le peloton de tête des pays présentant le plus bas taux de mortalité maternelle…
Voici le texte de la Déclaration :
« En tant que praticiens et chercheurs confirmés en gynécologie et en obstétrique,
• Nous affirmons que l'avortement direct n'est pas médicalement nécessaire pour sauver la vie d'une femme.• Nous proclamons qu'il existe une différence fondamentale entre l'avortement et les soins médicaux nécessaires pratiqués pour sauver la vie de la mère, même si de tels soins ont pour effet la perte de la vie de son enfant à naître.
Les chercheurs, gynécologues, accoucheurs, spécialistes en biologie moléculaire ou de la santé mentale ont à cette même occasion publié une série d'articles scientifiques sur la santé maternelle, abordant la question des grossesses à hauts risques, les anomalies fœtales, la santé mentale et la mortalité maternelle.• Nous confirmons que l'interdiction de l'avortement n'affecte d'aucune façon la disponibilité des meilleurs soins possibles aux femmes enceintes. »
L'un des objectifs principaux de la réunion était de montrer que les arguments mettant en avant la nécessité de légaliser l'avortement au moins pour permettre de sauver la vie des femmes repose sur une tromperie qui brouille les pistes entre le fait de courir le risque de provoquer la mort de l'enfant à naître sans la rechercher, et celui de le tuer purement et simplement « pour » sauver la mère, ce que l'avortement ne fait « absolument jamais », a souligné l'organisateur du symposium, le Dr Eoghan de Faoite.
On peut ajouter quelques exemples.
Le cas relativement fréquent de la grossesse ectopique (avec une nidation ailleurs que dans l'utérus) ne fait pas exception : dans cette configuration, il n'est pas question d'avortement (sauf si l'on donne à la mère un médicament qui a pour but et effet de provoquer la mort de l'embryon), mais d'intervenir chirurgicalement sur un organe malade, la trompe de Fallope, dans le cas où elle menace de rompre et de provoquer une hémorragie mortelle. La mort de l'embryon – si elle n'est pas intervenue déjà comme cela semble être fréquemment le cas – n'est alors ni voulue ni recherchée.
Le cas de la chimiothérapie ne se situe pas non plus dans la logique de l'avortement. La chimiothérapie peut léser et tuer l'enfant dans le cadre d'un effet indirect non voulu et non recherché. Si des mères choisissent de ne pas y avoir recours tant que leur enfant n'est pas né – et que certaines, héroïquement, y laissent la vie – après avoir donné le jour à leur bébé, ce n'est pas pour ne pas avorter, mais parce qu'elles prennent la décision délibérée de mettre la vie et la santé de celui-ci avant la leur. De lui donner le maximum de chances. Nul n'exige cela d'une mère, mais ce genre de décision n'est pas inouï.
Si la Dublin Declaration vaut pour le monde entier, elle revêt une importance particulière en Irlande qui est sous le coup d'une décision de la Cour européenne des droits de l'homme pointant ses déficiences en termes de respect des droits et de la santé des femmes. La CEDH y a reproché à l'Irlande de n'avoir pas mis une femme lituanienne en position de connaître facilement le moyen de savoir si son état devait lui permettre d'aller se faire avorter en Angleterre parce que sa santé serait menacée. Le lobby de l'avortement est en train d'instrumentaliser cet arrêt, qui ne dit rien de tel, pour faire reconnaître que l'Irlande méconnaît les droits de l'homme en ne prévoyant pas une dépénalisation claire en cas de « danger pour la vie de la mère ».
Dans de nombreux pays, ce critère du « danger pour la vie de la mère » est aujourd'hui utilisé pour justifier ou tenter de justifier le refus au droit à l'objection de conscience pour les médecins dans ce cas précis, et de créer une sorte d'obligation d'avortement.
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