19 décembre, 2011

Magdi Allam quitte le PPE : à cause de l'islam, mais aussi de l'avortement et de l'européisme

Plusieurs sites français ont répété l'information selon laquelle Magdi Cristiano Allam – cet ancien musulman baptisé par Benoît XVI, journaliste et député au Parlement européen – a annoncé son départ du PPE pour protester contre l'alliance de son groupe avec les « islamistes turcs ». Je vous propose ici  ma traduction de sa lettre publiée le 15 décembre par Il Giornale, où il met d'abord l'accent sur les « valeurs non négociables », la question de l'avortement et la mise en place d'un super-Etat européen. Son texte mérite d'être lu en entier.

« Cher Directeur,
Je t'écris au nom de la liberté d'expression qui nous unit et qui pour moi trouve son inspiration et sa force dans l'exhortation de Jésus : “Que votre oui soit oui, que votre non soit non, tout le reste vient du malin” (Matth. 5, 37).
C'est avec souffrance que je te fais part de la décision que j'ai prise pour pouvoir rester cohérent avec ma foi chrétienne et avec les valeurs non négociables auxquelles je crois en tant que laïque, d'abandonner le Parti Populaire européen (PPE) pour adhérer en tant qu'indépendant au groupe “Europe de la liberté et de la démocratie” (EFD) au sein du Parlement européen.
Ma souffrance est surtout liée au rapport fraternel qui m'unit à Mario Mauro, président de la délégation du PDL, à Carlo Casini, président de la délégation de l'UDC, et à l'ensemble des parlementaires européens italiens adhérents au PPE. Avec eux l'amitié sera toujours là. Mais je ne pouvais continuer de passer outre à la frustration née du contraste toujours plus net entre ce que je ressens à l'intérieur de moi, et qui correspond à un choix de vie, et les positions publiques du PPE en faveur de la liberté de vote sur les thèmes sensibles sur le plan éthique, son soutien au caractère central de l'euro avec la perspective d'une Europe des banquiers, la manière dont il a légitimé d'abord des régimes militaires puis des intégralistes islamiques sur l'autre rive de la Méditerranée, et pour finir le fait qu'il ait fait adhérer au PPE le Parti pour la justice et le développement d'Erdogan, devenant de fait son principal allié pour l'entrée de la Turquie dans l'UE.
J'en en même temps pris acte du fait que sur le thème de l'avortement on envisage jusqu'à l'intérieur du PPE la liberté de choix, en raison de la perte substantielle de l'identité chrétienne du groupe, au point que l'appellation “Chrétien démocrate” n'apparaît plus, pas même entre parenthèses, ni sur le site, ni sur le logo officiel. Plus récemment, la décision du PPE de soutenir la perspective d'un super-Etat qui décide de manière centralisée de la politique financière, du budget et de l'économie des pays adhérents à l'euro, qui est de fait asservi aux pouvoirs financiers forts, m'a fait toucher du doigt son choix de privilégier la monnaie par rapport à la personne, le profit par rapport au bien commun. Le coup de grâce aura été l'alliance du PPE avec les islamiques, démontrant sa totale ignorance de la réalité de l'instrumentalisation des élections pour imposer la charia, la loi coranique.
J'aime l'Europe comme j'aime l'Italie, mais j'aime l'Europe des peuples, qui n'a pas honte de ses racines judéo-chrétiennes, qui ne vend pas les valeurs non-négociables, qui ne négocie pas notre dignité à coups de pétrodollars, qui met la personne au centre et qui recherche le bien commun. Désormais, ma mission sera de contribuer à donner une âme à l'Europe. »

© leblogdejeannesmits pour la traduction.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un grand merci à Magdi Allam. Il nous faudrait tant de "Magdi" pour résoudre tous nos problèmes....

 
[]