08 octobre, 2011

Chen Guangcheng est-il mort ?

Des nouvelles inquiétantes nous proviennent de Chine où plusieurs groupes de défense des droits de l'homme font état de la possibilité du décès de Chen Guangcheng, incarcéré puis maintenu en résidence (très) surveillée pour s'être opposé à la monstrueuse politique de l'enfant unique dans son pays.

L'avocat aveugle – qui avait été nommé par Time l'un des 100 hommes les plus influents en 2006 et que certains auraient bien vu prix Nobel de la paix pour avoir déféndu les femmes de sa province de Shandong contre les avortements et les stérilisations forcées – a passé quatre ans et trois mois en prison jusqu'en octobre 2007. Il a ensuite été assigné à résidence avec sa femme et sa fille, placé sous surveillance rapprochée constante, passé à tabac à plusieurs reprises, privé de soins et de possibilités de ravitaillement (voir ici une vidéo clandestinement tournée chez lui par des amis).

Ce sont aujourd'hui les villageois de son lieu de résidence qui ont fait savoir qu'il était « déjà mort » mais il est difficile de le vérifier vu le black-out créé par les autorités par rapport à Guen Chuangcheng. Selon Radio Free Asia, citée ici, quelque neuf militants des droits de l'homme tentaient de s'approcher de son domicile pour lui rendre visite mais ont pour la plupart été privés de tout moyen de communication, mercredi ; certaines dépêches assurent même que le groupe a essuyé des tirs de la part des autorités du Shangdong.

La présidente de Women's rights without frontiers, Reggie Littlejohn, s'est dite « alarmée » par les rumeurs à propos de la mort de Chen : « Si Chen est mort, le Parti communiste chinois est pleinement responsable de sa mise à mort par la torture et le déni de soins médicaux, et en l'ayant lentement affamé. S'il est en vie, nous demandons urgemment que lui et sa famille soient libérés immédiatement et sans condition, pour qu'ils puissent bénéficier d'examens médicaux et de soins. »


Reggie Littlejohn – qui jadis a travaillé aux côtés de Mère Teresa en Inde – dénonce sans relâche la politique de l'enfant unique : lors d'une interview donnée à Rome à Zenit elle a dénoncé la barbarie des officiels du planning familial chinois dont la brutalité atteint non seulement à des enfants à naître tués jusqu'à la veille du terme mais parfois à leurs mères, et à leurs proches torturés et parfois tués si elles ne se rendent pas.

« La politique chinoise de l'enfant unique est la cause de plus de violence à l'égard des femmes et des filles que n'importe quelle autre politique au monde, et que n'importe quelle politique officielle de l"histoire du monde », avait-elle déclaré à Rome fin juin. Elle s'est elle-même mise au service de cette cause en travaillant, en tant qu'avocate, pour des chinoises chrétiennes demandeuses d'asile aux Etats-Unis parce qu'elles avaient été persécutées pour leur foi et stérilisées de force.

Elle estime que ces horreurs sont bien connues, y compris des grands de ce monde – par exemple Hilary Clinton – mais que bien des pays doivent trop d'argent à la Chine pour vouloir s'occuper de cette question (sans compter les juteux contrats qui lient les pays riches à cette « économie émergente », riche de ses millions de travailleurs !).

Les dommages sont directs et indirects : outre les avortements et stérilisations forcées, la politique a conduit à l'élimination prioritaire des filles avant leur naissance, à l'infanticide et à l'abandon de nombre de celles qui naissent quand même, puis à l'esclavage sexuel puisque le manque de jeunes filles conduit au trafic de jeunes femmes que l'on va chercher dans les pays voisins.

Me Littlejohn évoque également les taux de suicides féminins en Chine, les plus hauts du monde : sans que la corrélation avec la politique de l'enfant unique soit officiellement établie, on sait que chaque jour, 500 Chinoises mettent fin à leur vie.

Plusieurs témoignages sur des cas d'avortements forcés ont été livrés devant la Chambre des représentants aux Etats-Unis : des récits glaçants dont LifeSite rappelle aujourd'hui un des exemples les plus poignants : celui d'une femme avortée de force parce qu'elle n'avait pas de permis de grossesse – l'une des 10.000 femmes soumises à un avortement forcé dans son seul comté, selon l'un des officiels à qui elle avait eu affaire. Leur brutalité était telle qu'une infirmière avait pris plaisir à lui montrer le pied sanglant de son bébé avant de le jeter à la poubelle…

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