« Mariage » gay en Argentine : des « non », des « bravo » et des « encore »
Une juge de la paix argentine de province de La Pampa, Marta Covella, a déclaré peu après l'adoption de la loi autorisant le mariage entre couples de même sexe qu'elle refuserait de célébrer elle-même de telles cérémonies, « pour une question de principes chrétiens », son attitude dût-elle lui « coûter la vie » (ou son poste). « Dans la Bible, Dieu n'approuve pas cette façon de vivre. Une relation entre homosexuels est une chose mauvaise aux yeux de Dieu, a-t-elle précisé, aujoutant qu'elle ne comptait, « pour rien ni personne », hypothéquer son arrivée au paradis.
« Des gens me condamneront mais cela n'a pas d'importance pour moi parce que ce que je ne veux pas, c'est que Dieu me condamne. Je sais que lorsque je pourrai je commencerai à vivre une vie qui ne s'arrêtera jamais, c'est la vie éternelle que Dieu me promet. »La juge courage a déjà fait l'objet d'une dénonciation de la part des responsables politiques de la ville de Général Pico auprès de l'Institut national contre la discrimination, la xénophobie et le racisme de La Pampa pour « discrimination homophobe », tandis que le directeur des registres civils de Buenos Aires, Alejandro Lanús (!) a fait savoir que tout juge refusant d'accomplir ses fonctions serait obligé d'y renoncer.
Mais l'affaire se corse puisque la directrice générale des registres civils de La Pampa, Irene Giusti, a fait savoir il y a quelques heures, selon El Clarin, que Marta Covella avait « changé d'avis » au terme d'un « dialogue avec son pasteur » (de quelle dénomination ?) et qu'elle avait déjà reçu plusieurs couples homosexuels en leur indiquant la marche à suivre pour le mariage.
C'est là encore une information en pointillés puisque La Arena a apporté un démenti à la déclaration de cette fonctionnaire en assurant qu'elle s'était exprimé cet après-midi auprès d'un média électronique local pour assurer que : « Cela n'est pas vrai. Je n'ai pas changé d'opinion. Nous allions fermer lorsqu'un jeune homme est venu vérifier ce qu'il en était. Je lui ai expliqué ce que j'avait dit jusqu'alors, puis nous nous sommes mis à parler. J'ai pu lui exposer mon point de vue et il l'a compris. »
Cette contradiction et cette confusion montrent au moins une chose : on n'aime pas ceux qui se rebiffent. Un juge qui dit non suffit en quelque sorte à gripper la machine. Deux, dans ce cas précis : un autre fonctionnaire des registres civils, Alberto Arias d'Entre Rios, a déclaré à son tour vouloir refuser la célébration des mariages gays, en invoquant sa foi catholique.
Cristina Fernandez de Kirchner, présidente de l'Argentine, a indiqué qu'elle promulguera la loi de « mariage égalitaire » mercredi, lors d'une cérémonie à la Maison Rose à laquelle ont été convié des organismes qui ont lutté pour l'adoption de la loi, notamment la « Communauté homosexuelle argentine » (CHA) et d'autres ONG qui voient dans leur présence la récompense de tout ce qu'ils ont fait pour le « mariage égalitaire ».
Enfin l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a félicité l'Argentine pour l'adoption de la loi en appelant tous les autres pays latino-américains à suivre cet exemple. « C'est un pas historique vers l'égalité de droits pour les lesbiennes, les gays, les bisexuels et les transgenre » qui, par une modification du code civil dont on a biffé les termes « mari et femme » pour les remplacer par les mots « contractants », ouvre tous les droits du mariage, adoption comprise, aux couples de même sexe.
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