01 octobre, 2012

Pays-Bas : en finir avec le contrôle des euthanasies ?

La publication du dernier rapport en date des commissions régionales de suivi de l'euthanasie vient de révéler qu'en 2011, sur 3.695 euthanasies ou suicides assistés, il n'y a eu que 4 cas où pour une raison ou pour une autre l'acte n'a pas été estimé répondre aux exigences de méticulosité de la loi. Soit parce que la justification de l'euthanasie n'était pas assez claire (par exemple, il aurait fallu obtenir l'avis d'un deuxième spécialiste médical juste avant de passer à l'acte pour vérifier la volonté du patient et sa capacité à l'exprimer librement), soit parce que les substances létales avaient été mal dosées et que le coma préalable à la piqûre finale avait trop duré et n'était pas assez profond.

Cela fait du 1 pour 1.000.

Raison suffisante, à en croire l'association néerlandaise pour une fin de vie volontaire (NVVE), pour qu'on en finisse carrément avec les commissions de suivi. C'est son dernier cheval de bataille en date, enfourché dès la publication du rapport 2011 la semaine dernière.

La NVVE observe que depuis l'existence de la loi et des rapports des commissions régionales, le nombre des euthanasies jugées non conformes a toujours été « négligeable » et qu'en outre, ces rares cas, quoiqu'ayant fait l'objet d'un renvoi devant le Procureur, n'ont pas provoqué une seule poursuite.

Euthanasie conforme ou non, le résultat pour le médecin est donc le même…

De toute façon, estime la NVVE, le fait que l'immense majorité des euthanasies soit jugée conforme aux exigences de la loi apporte bien la preuve que les médecins agissent avec sérieux et qu'on devrait leur faire confiance.

J'ai observé ici le glissement progressif de l'interprétation de la loi sur l'euthanasie pour justifier l'euthanasie dans un nombre croissant de cas naguère encore considérés comme litigieux, et je notais que cela accompagnait manifestement, petit à petit, les demandes d'élargissement introduites par l'association.

Celle-ci me donne raison.

« L'augmentation de l'euthanasie en cas de démence (49 cas en 2011 contre 25 l'année précédente) ainsi que de l'euthanasie chez les malades psychiatriques (13 cas contre 2 en 2010) est remarquable. Spécialement pour l'euthanasie en psychiatrie, la NVVE a suscité un groupe de « Soutien psychiatrie ». Ce groupe de soutien propose un soutien collégial aux psychiatres et aux médecins de famille qui se trouvent face à une demande d'aide au suicide de la part d'un patient psychiatrique. Le groupe de soutien a été impliqué dans plusieurs cas en 2011. Ces cas ont été jugés conformes à la loi. La NVVE a l'impression que les connaissances des médecins et des psychiatres à propos du champ d'applicatiojn de la loi d'euthanasie sont en train de progresser. Les patients, eux aussi, parlent davantage de leurs désirs en fin de vie avec leur médecin et leurs proches. »

La NVVE souligne également avec satisfaction que des cas ont été jugés conformes où le patient n'était plus en état d'exprimer sa volonté librement et en connaissance de cause mais où l'on a tenu compte de son testament de vie écrit.

Deux gros verrous ayant sauté, celui du consentement libre et éclairé et celui de la nature de la maladie  – on achève maintenant des personnes en phase plus avancée de démence, dans le coma ou simplement malades dans leur tête – la NVVE propose donc de démanteler les commissions de contrôle. De son point de vue, elles ont fait leur œuvre

• Voulez-vous être tenu au courant des informations originales paraissant sur ce blog ? Abonnez-vous gratuitement à la lettre d'informations. Vous recevrez au maximum un courriel par jour. S'abonner



© leblogdejeannesmits



Aucun commentaire:

 
[]