04 avril, 2011

La mort plutôt que la vieillesse, ou l'euthanasie digne et en bonne santé

Nan Maitland. Elle respirait
la joie de vivre.
Une femme britannique de 84 ans – cultivée, intelligente, et riche – a choisi de mourir en Suisse alors qu'elle n'avait pas d'autre maladie qu'une arthrite gênante et douloureuse assez répandue à cet âge. Nan Maitland a volontairement quitté cette vie le 1er mars dernier, en vue d'éviter le lent et pénible déclin qui l'attendait sûrement. L'affaire a été présentée à la presse samedi, de son propre aveu pour promouvoir le droit de choisir le moment de sa mort quelles que soient les circonstances, par un militant du droit de mourir, le Dr Michael Irwin, qui l'avait accompagné lors de son dernier voyage.

Ensemble, le médecin et la retraitée avaient fondé il y a quinze ans l'association pour le suicide rationnel au moment de la vieillesse (Society for Old Age Rational Suicide).

Nan Maitland laisse un mari dont elle était séparée, et trois enfants, dont elle a pris « calmement » congé à la veille de son départ pour la Suisse vers la clinique Dignitas. Prix du voyage aller sans retour : quelque 10.000 £, cocktail lytique compris.

C'est pourquoi je précisai qu'elle était riche…

La nouveauté consiste dans les circonstances de l'affaire : loin de souffrir abominablement d'une maladie incurable et prochainement mortelle, Mme Maitland était une femme heureuse, active, qui avait toute sa tête. Elle craignait seulement des souffrances futures, une déchéance qu'elle imaginait insupportable, une installation de la démence qui l'aurait au bout du compte privée du « droit de choisir ». Elle ne voulait tout simplement pas «  s'étioler ».

La veille de sa mort, Mme Maitland a dîné avec son ami, le Dr Irwin. Trois heures pour un repas de gourmet, voyez l'élégance. On y parla famille, et droit de mourir.

Puis, pas loin de l'heure fatidique, elle s'est sentie gênée par un ongle qui accrochait. Elle a réclamé une manucure.

Une luxueuse limousine avait été affrétée pour conduire la victime et son mari auprès du médecin qui allait donner le feu vert pour l'au-delà – non pas pour constater son état pitoyable, mais au contraire pour la dire en pleine possession de ses moyens. Ensuite, direction la clinique.

Le Dr Irwin.
Délicieux  et affable compagnon.
« Nous nous sommes alors rendus à l'endroit où elle est effectivement morte et elle était parfaitement détendue tout au long du processus. Elle était déterminée à faire ce qu'elle a fait et ses désirs ont été comblés d'une manière merveilleusement digne », a raconté le Dr Irwin.

Riche, éduquée, intelligente, digne, détendue, soulagée – que de qualités pour vanter, et donc mieux « vendre », le refus de la vie !

« J'ai aidé des gens à mourir par le passé et si leurs raisons sont bonnes, sensées et qu'ils sont  compétents sur le plan mental, et arrivés à un âge où ils ne peuvent espérer vivre beaucoup plus longtemps, j'estime que cela doit relever de leur choix personnel et individuel », a ajouté le médecin, qui espère être inquiété par la police pour le délit d'assistance au suicide afin de faire progresser son idée.

St. Thomas More. Vrai humoriste qui
blaguait sur l'échafaud. Mais il n'avait
aucune envie de mourir.
Mais à ce jour, plus de 100 Britanniques ont utilisé les services de la clinique Dignitas en Suisse et aucun de leur proches n'a été inquiété.

Le site de Dignitas comporte une citation de L'Utopie de saint Thomas More – patron des juristes, et des hommes d'Etat et des hommes politiques par la volonté de Jean-Paul II, rappelle cyniquement la « clinique » – justifiant l'euthanasie.

Mais ce texte se termine sur une note burlesque : « L’homme qui se tue, sans cause avouée par le magistrat et le prêtre, est jugé indigne de la terre et du feu ; son corps est privé de sépulture, et jeté ignominieusement dans un fossé. »

Car telle est la clef de lecture de L'Utopie : l'humour, la plaisanterie, le badinage. Pour ceux qui veulent en savoir davantage, c'est par ici.


Source (entre autres) : ici.

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