06 octobre, 2022

Mgr Athanasius Schneider invite les catholiques à défendre la messe traditionnelle, fût-ce au risque de “l'exil liturgique”

Les restrictions imposées par le pape François sur la célébration de la messe traditionnelle de rite latin constituent un « abus flagrant de l’office pontifical » et une « violation de la tradition bimillénaire » de l’Eglise catholique : c’est en ces termes que Mgr Athanasius Schneider, s’exprimant lors de la Conférence sur l’identité catholique organisée à Pittsburgh, Etats-Unis, par The Remnant le week-end dernier, a dénoncé la mise en place de Traditionis Custodes et les directives du cardinal Roche en vue de son application.

« La restriction ou l’interdiction de la forme traditionnelle de la liturgie est sans fondement », puisque « le Saint-Esprit ne se contredit pas », a-t-il ajouté.

L’évêque auxiliaire d’Astana n’avait jamais jusque-là employé des termes aussi vifs, qu’il a d’ailleurs pris soin d’expliciter, en affirmant que la mise en place de la messe de Paul VI avait constitué une « véritable révolution ».

Je précise que tous les propos de Mgr Schneider que j’ai traduits rapportés ici ont été retranscrits et publiés sur LifeSiteNews par Michael Haynes.

Mgr Schneider estime que l’Eglise se trouve aujourd'hui au sein d’un « combat » mené « contre le rite traditionnel de la Sainte Messe, que tous les saints – depuis un millénaire au moins – ont aimé, et que prêtres et évêques ont célébré avec révérence et avec un grand bénéfice spirituel. » Rome n’a pas autorité « pour dépeindre comme nocive une forme du rite romain restée quasi inchangée depuis un millénaire, ni pour mettre en place des mesures discriminatoires contre sa célébration ».

L’attachement au rite traditionnel est tout sauf « rigide », a ajouté Mgr Schneider :
« Par fidélité et amour pour notre sainte Mère, l’Église, et pour l’honneur du siège apostolique, des évêques, des prêtres et des fidèles ressentent aujourd’hui le devoir de préserver la forme traditionnelle de la sainte messe et des sacrements. »
« Les pouvoirs en place détestent ce qui est saint, et c’est pourquoi ils persécutent la messe traditionnelle », a déclaré Mgr Schneider – ce qui va très loin, quand on y pense ! – mais il a invité à la confiance : « Pourtant, il ne faut pas répondre par la colère et par la pusillanimité, mais bien par une profonde certitude de la vérité, par la paix intérieure, la joie et la confiance en la Providence divine. »

C’est dans ce contexte qu’il a accusé le pape d’avoir outrepassé son pouvoir : tout comme le pape ne peut pas abolir le Credo des Apôtres, a noté Mgr Schneider, il ne peut pas non plus « interdire l’usage de la messe traditionnelle », car cela constituerait « un abus de pouvoir ».
Et de contester les références faites par le pape François à la réglementation liturgique mise place par saint Pie V :

« Le pape Pie V n’a pas déclaré que la liturgie, selon le Missel romain qu'il a publié en 1570, était la seule lex orandi de l’Église romaine et du rite romain. (…) Le fait de déclarer que le rite réformé du pape Paul VI est l’unique expression de la lex orandi du rite romain comme le fait le pape François, est une violation de la tradition bimillénaire ans respectée par tous les pontifes romains qui jamais, n’ont fait montre d’une intolérance aussi rigide. »

Mgr Schneider a insisté sur cette « rigidité » que François reproche si volontiers à ceux qui défendent la liturgie traditionnelle.

« On ne peut pas créer subitement un nouveau rite, comme l’a fait Paul VI, et déclarer que ce rite est l’expression exclusive du Saint-Esprit à notre époque, et en même temps dépeindre le rite précédent – qui n’a pratiquement pas changé en l’espace d'au moins mille ans – comme défectueux et nuisible à la vie spirituelle des fidèles », a-t-il déclaré, expliquant qu’une telle argumentation « conduit inévitablement à la conclusion que le Saint-Esprit se contredit lui-même ».

De manière plus surprenante peut-être – sauf pour qui a lu La Messe catholique de Mgr Schneider, son dernier ouvrage récemment publié en français – il a détaillé les raisons de sa préférence pour le rite latin traditionnel, en affirmant que « le nouvel Ordo de Paul VI affaiblit sans aucun doute la clarté doctrinale quant au caractère sacrificiel de la messe et affaiblit considérablement la sacralité et le mystère du culte lui-même ». La messe traditionnelle, venait-il de souligner, contient et fait rayonner « une éminente intégrité doctrinale et  une  sublimité rituelle ».

Et c’est justement cela qui explique l’hostilité de ceux qui persécutent la messe traditionnelle, estime Mgr Schneider :
« La splendeur de la vérité, le caractère sacré et surnaturel du rite traditionnel de la Messe inquiètent précisément, parmi les clercs qui occupent des postes élevés au Vatican, ceux qui, comme d’autres, ont adopté une nouvelle position théologique révolutionnaire, plus proche de la vision protestante de l'Eucharistie et du culte, caractérisée par l'anthropocentrisme et le naturalisme. »
La nouvelle messe fut un acte de « véritable révolution », a-t-il encore déclaré, notant que Paul VI est « le premier pape en deux mille ans à avoir osé faire une révolution de l’ordo de la messe : une véritable révolution ».

La messe traditionnelle pourrait bien se retrouver dans les « catacombes », a encore commenté Mgr  Schneider, en soulignant qu’il faudrait peut-être y avoir recours pour continuer de transmettre la liturgie traditionnelle aux générations futures :

« Cet immense trésor liturgique de l’Eglise qu’est la forme traditionnelle de la messe, ne peut pas tout bonnement être détruit », a-t-il déclaré. « Ce trésor liturgique est la propriété de l’Eglise et non la propriété privée de tel ou tel pape », dit-il :  
« La persécution actuelle qui vise un rite jalousement et immuablement gardé par l’Eglise romaine pendant un millénaire au moins – et donc longtemps avant le Concile de Trente – fait aujourd’hui penser à une situation analogue à celle de la persécution contre l’intégrité de la foi catholique pendant la crise arienne au IVe siècle. Ceux qui, à cette époque, conservaient immuablement la foi catholique étaient bannis des églises par la grande majorité des évêques, et ils ont été les premiers à célébrer en quelque sorte des messes clandestines. »

Rien de nouveau sur le soleil ? Mgr Schneider a également cité saint Basile le Grand dans ses diatribes contre la hiérarchie ecclésiastique de son temps, non sans affirmer lui-même au préalable qu’« aujourd’hui, les clercs et les évêques qui encouragent l’impiété reçoivent des promotions ». Parmi ses nombreuses citations de saint Basile, on peut relever celle-ci, tirée de la lettre 92 aux évêques d’Italie et de Gaule :
« Les doctrines de la vraie religion sont foulées aux pieds. Les lois de l’Église sont dans la confusion. L’ambition d’hommes, qui ne craignent pas Dieu, se précipitent aux plus hautes positions et rangs élevés, est à présent publiquement connue comme étant le prix de l’impiété. »
Tout cela n’atteint pas l’espérance de Mgr Schneider au sujet de l’avenir de l’Eglise : « L’Église est toujours, et même sous le pontificat du pape François, entre les mains toutes-puissantes du Christ. Elle n’est pas entre nos mains », a-t-il déclaré. Mais elle est à l’heure de son « Golgotha » : la crise qu’elle traverse la fait souffrir « avec le Christ, tête du Corps mystique ».

Que faire face à la persécution ? « Nous devons garder une grande sobriété, notre bon sens et notre vision surnaturelle. Nous ne devons pas céder à la tentation en adoptant une attitude qui consisterait à résoudre avec des moyens humains l’immense crise de l’Eglise », a-t-il insisté, invitant au contraire les catholiques à accueillir « l’exil liturgique » à la manière d’une persécution subie pour Dieu.

Ce qui n’exclut pas le panache :
« Nous pouvons dire à ces hommes d’Eglise de notre époque, spirituellement aveuglés et arrogants, qui méprisent le trésor du rite traditionnel de la messe et qui persécutent les catholiques qui y sont attachés, nous pouvons leur dire : “Vous ne réussirez pas à vaincre et à anéantir le rite traditionnel de la messe.” Très Saint Père Pape François, vous ne réussirez pas à anéantir le rite traditionnel de la Messe. Pourquoi ? Parce que vous luttez contre l’œuvre que le Saint-Esprit a tissée avec tant de soin et d’art à travers les siècles et les âges.

« L'Église catholique, avec sa tête visible, le Pontife romain, redeviendra le pilier de la beauté et du caractère sacré du rite de la Sainte Messe puisque le Saint-Esprit ne se contredit pas. »

• Pour approfondir le sens de la messe avec Mgr Athanasius Schneider, rien de mieux que son dernier livre, La Messe catholique, que j’ai eu le grand honneur de traduire. Je gage qu’il vous fera encore davantage aimer la messe, et en particulier la messe traditionnelle. A découvrir absolument ! On peut se le procurer ici via ce blog.





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