12 décembre, 2021

Homélie du cardinal Raymond Burke au Sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe à La Crosse, Wisconsin, le 11 décembre (traduction intégrale)

Je vous propose ci-dessous ma traduction intégrale de l’homélie prononcée le samedi 11 décembre au Sanctuaire de Notre-Dame de Guadalupe, dans le Wisconsin, par le cardinal Burke, à l’occasion de sa première messe publique depuis son hospitalisation et sa convalescence à la suite d’une infection consécutive au COVID-19 survenue au mois d’août. Il a célébré cette messe d’action de grâces selon le rite traditionnel. Le texte original en anglais est ici sur le site du cardinal Burke. Quelques photos de la messe ont été mises en ligne par le site du Sanctuaire de Notre Dame de Guadalupe, ici.

La traduction ci-dessous a été visée et approuvée par Son Eminence, le cardinal Burke. – J.S.


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Sanctuaire de Notre Dame de Guadalupe
La Crosse, Wisconsin
Samedi 11 décembre 2021


Is 7, 10-15
Lc 1, 26-38

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Mon cœur est empli d’une profonde gratitude envers Dieu tout-puissant qui, depuis le 10 août dernier, m’a permis, ayant traversé une grande souffrance qui semblait devoir se terminer par la mort, de célébrer aujourd’hui la Sainte Messe pontificale de Notre-Dame le samedi de l’Avent, selon l’usage le plus ancien de notre bien-aimé Rite romain. En remerciant Dieu de m’avoir gardé en vie, je remercie également Notre Dame de Guadalupe, la Vierge Mère de Dieu, et saint Joseph, son Véritable et Très Chaste Époux, ainsi que la multitude des saints qui ont intercédé si puissamment pour moi pendant mon épreuve. Lorsque j’ai repris conscience après avoir passé neuf jours critiques sous assistance respiratoire, j’étais tout saisi de la certitude que Notre Dame de Guadalupe m’avait constamment tenu dans ses bras, en me gardant uni de cœur avec le glorieux Cœur transpercé de son Divin Fils, le Cœur Sacré de Jésus.

J’ai également aussitôt pris conscience des innombrables fidèles qui priaient et offraient des souffrances à Notre Seigneur, pendant la période de ma maladie et de mon rétablissement, lui demandant de me guérir et de me donner des forces. S’il est vrai que j’ai eu la chance de bénéficier d’excellents soins médicaux, que je n’oublierai jamais dans mes prières reconnaissantes, c’est Dieu qui a répondu à ces nombreuses prières et accepté ces nombreuses souffrances, me gardant en vie et m’aidant à recouvrer mes forces. En remerciant Dieu aujourd’hui, j’offre des prières reconnaissantes pour tous ceux qui ont imploré Notre Seigneur en ma faveur, en invoquant l’intercession de Notre Dame, de saint Joseph et de tous les saints.

En célébrant cette sainte messe dans l’église du Sanctuaire, je m’empresse d’exprimer ma profonde gratitude au Père Paul Check, son directeur général, et au personnel du Sanctuaire pour tous les encouragements et le soutien qui m’ont été prodigués, ainsi qu’à ma famille, durant les jours les plus critiques de ma maladie et de mon rétablissement. J’exprime également ma gratitude à l’Oratoire Sainte-Marie de Wausau et, en particulier, au chanoine Aaron Huberfeld, recteur de l’Oratoire, au chanoine Heitor Mateus, son vicaire, ainsi qu’au personnel de l’Oratoire pour m’avoir accueilli durant la période de près de trois mois complets de ma convalescence. Il me plaît tout particulièrement que le chœur de l’Oratoire Sainte-Marie assure la musique sacrée de la messe pontificale de ce jour, et que tant de fidèles de l’Oratoire soient présents.

Je suis profondément reconnaissant à l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre dont les chanoines Huberfeld et Matheus sont membres, et dont mon secrétaire personnel, le chanoine Stephen Michael Sharpe, est également membre, pour l’aide très fidèle et généreuse qui m’a été offerte de tant de manières. Monseigneur Gilles Wach, Prieur général de l’Institut, et Monseigneur Michael Schmitz, son Vicaire général, n’ont rien épargné pour me procurer l’assistance de l’Institut. Je remercie également Mère Maria Regina, mon ancienne secrétaire, aujourd’hui Supérieure des Filles de l’Œuvre de Marie, pour tout ce que ses Sœurs et elle-même ont fait avec tant de générosité et de compétence pour m’assister. Que Dieu récompense abondamment tous ceux qui m’ont aidé et continuent à m’aider, afin que je puisse retourner pleinement au service actif de Notre Seigneur et de son Corps Mystique, l’Église.

Il est clair que si Notre Seigneur m’a gardé en vie, Il désire que je sois toujours plus fidèle, généreux et pur en travaillant avec Lui pour le salut des âmes. D’une manière particulière, outre mes responsabilités d’évêque et de membre du Sacré Collège des Cardinaux, je veux concentrer ici au Sanctuaire le service que je dois rendre à Notre Seigneur et à son Corps Mystique, l’Église, en aidant le Sanctuaire à être un phare de la vérité et de l’amour de Dieu dans un monde assailli par tant de mensonges et tant d’actions haineuses. Avec l’assistance de Notre Dame de Guadalupe et de son saint messager, saint Juan Diego, je veux aider les pèlerins du Sanctuaire à y vivre la rencontre la plus complète possible avec Notre Seigneur, une rencontre qui les soutiendra lorsqu’ils retourneront chez eux, à leur travail et à leurs autres activités. De manière particulière, je me consacrerai à la réalisation de la maison de retraite qui sera construite à côté de l’église, afin que les pèlerins puissent régulièrement y passer plusieurs jours avec Notre Seigneur, surtout aux moments les plus importants ou critiques de leur vie.

À l’issue de la messe pontificale, je serai présent dans la crypte de l’église du Sanctuaire pour vous saluer. Il me sera agréable de saluer et de remercier personnellement le plus grand nombre possible d’entre vous. À tous ceux qui assistent à cette sainte messe ou qui se sont joints à nous par le biais des moyens de communication, sachez que vous resterez toujours dans mes prières reconnaissantes. Je vous prie de continuer à prier pour moi.

Le temps de l’Avent et, d’une manière particulière, la messe votive de Notre-Dame du samedi de l’Avent, nous orientent vers notre besoin fondamental d’une relation profonde et durable avec Dieu. Sans Dieu, nous sommes en effet comme une terre desséchée, inféconde et sans vie. En même temps, l’Avent et la messe votive d’aujourd’hui témoignent de la présence de Dieu avec nous dans l’Église, fruit incomparable et toujours présent de l’Incarnation rédemptrice de Dieu le Fils pour notre salut. Dans l’introït de la sainte messe d’aujourd’hui, nous avons prié : « Cieux, repandez d’en haut votre rosée, et que les nuées fassent pleuvoir le juste ; que la terre s’ouvre et donne naissance au Sauveur. Vous avez béni, Seigneur, votre terre, vous avez délivré Jacob de la captivité ». [1]

Dom Prosper Guéranger, dans son commentaire sur le temps de l’Avent, prie :

« Ô Sauveur ! venez vite nous donner de cette Eau dont votre Cœur est la source… Cette Eau est votre Grâce ; qu’elle arrose notre aridité, et nous fleurirons aussi ; qu’elle désaltère notre soif, et nous courrons la voie de vos préceptes et de vos exemples… Non, désormais nos bras ne sont plus abattus ; nos genoux ne tremblent plus ; nous savons que c’est dans l’amour que vous venez. Une seule chose nous attriste : c’est de voir que notre préparation n’est pas parfaite. Nous avons encore des liens à rompre ; aidez-nous, ô Sauveur des hommes ! » [2]

Il nous exhorte : « [D]emandons, avec la sainte Église, la rosée qui rafraîchira notre cœur, la pluie qui le rendra fécond » [3].

Combien de fois n’éprouvons-nous pas une absence de sens et de direction dans nos vies ? Combien de fois nos vies ne ressemblent-elles pas à ces terres arides et desséchées qui n’ont reçu ni rosée ni pluie ? C’est alors que nous devons lever les yeux pour regarder Notre Seigneur avec nous dans l’Église, surtout dans la Sainte Eucharistie, et contempler la manière dont Il nous a sauvés par son Incarnation rédemptrice et dont Il continue à déverser dans nos cœurs, de son glorieux Cœur transpercé, la grâce qui rend notre vie féconde, faisant de nous une bénédiction pour notre prochain.

C’est la Mère de Dieu qui nous aide à voir et à chercher auprès de son Divin Fils la grâce qui transforme une vie devenue comme un désert, en vie qui donne la vie et qui favorise la vie d’autrui. Lorsque le roi Achaz a refusé de se tourner vers Notre Seigneur à un moment où la mort et la destruction portées par des puissances étrangères étaient imminentes, Notre Seigneur, par l’intermédiaire du prophète Isaïe, a promis : « Voici que la vierge concevra et enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel. » [4] La promesse de Notre Seigneur s’est définitivement accomplie, lorsque l’Archange Gabriel a annoncé à la Vierge Marie :

« Voici que vous concevrez dans votre sein, et vous enfanterez un fils, et vous lui donnerez le nom de Jésus. 32Il sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père, et il régnera éternellement sur la maison de Jacob, 33et son règne n’aura pas de fin. » [5]

Notre Sainte Mère, vase d’élection dans lequel Dieu le Fils a pris notre nature humaine, l’unissant à sa nature divine, afin de nous sauver du péché et de nous faire accéder à la vie éternelle, ne cesse, dans son amour maternel pour nous, de nous porter à lever les yeux et à voir le salut que Notre Seigneur opère au milieu de nous.

Aujourd'hui, ils sont si nombreux, ceux qui cèdent au découragement, voire délaissent Notre Seigneur dans l'Église, pour Le chercher ailleurs. La tentation du découragement ou même celle d’abandonner Notre Seigneur est compréhensible, d’un point de vue purement humain. Si tout ce que nous sommes et possédons ne relève que de cette terre, alors nous n’avons aucune raison d’espérer. Mais notre Sainte Mère attire notre regard vers le haut, de peur que nous ne voyions que le monde terrestre et passager qui nous entoure, et que nous ne voyions pas notre destin éternel. Avec son aide, non seulement nous acceptons, mais nous embrassons avec joie la souffrance du temps présent, car elle nous permet de participer aux souffrances du Christ pour notre salut et le salut du monde.

Avec saint Paul, nous nous réjouissons de compléter dans notre corps les souffrances du Christ en vue de la vie éternelle, en vue du « mystère qui est le Christ en [nous], l’espérance de la gloire ». [6] Notre seul souci doit être de donner plus complètement notre cœur au Cœur Sacré de Jésus, de vivre dans le Christ, individuellement et dans nos foyers. Rappelons-nous chaque jour les paroles de saint Paul qui nous écrit comme à ses « petits enfants », éprouvant pour nous « les douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que le Christ soit formé en [nous]. » [7]

« Ayez du goût pour les choses d’en haut, non pour celles qui sont sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Lorsque le Christ, votre vie, apparaîtra, alors vous apparaîtrez vous aussi avec lui dans la gloire. » [8].

Que l’observance du saint temps de l’Avent et de la messe votive de Notre-Dame de l’Avent de ce jour nous apporte la grâce de toujours savoir qui nous sommes dans le Christ et de vivre dans le Christ, les yeux fixés sur la destination de notre pèlerinage terrestre : la vie éternelle avec Dieu – Père, Fils et Saint-Esprit –, en compagnie des anges, dans la communion des saints.

La beauté de la sainte liturgie de ce jour est un avant-goût de la beauté éternelle « de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans lesquels la justice habitera » [9], que Notre Seigneur établira définitivement lors de son dernier avènement et qui est la destination de notre pèlerinage terrestre. En nous poussant à entrer de tout notre cœur dans la sainte liturgie, notre Sainte Mère nous enseigne à considérer toute vie sub specie aeternitatis, à considérer tout ce qui se passe sur cette terre dans le contexte du Mystère de la Foi, auquel nous participons de la manière la plus parfaite à travers la sainte messe en attendant de prendre part pour toujours au « repas de noces de l’Agneau ». [10].

Unissant nos cœurs au Cœur Immaculé de Marie, élevons-les vers le glorieux Cœur transpercé de Jésus. Il est toujours prêt à recevoir nos cœurs, à les guérir dans sa miséricorde incommensurable et incessante, et à les enflammer de son amour pur et désintéressé. Que le Christ, par l’intercession de sa Vierge Mère, répande sur nos cœurs la rosée et la pluie de sa grâce, qui les renouvelle et qui les rend féconds pour notre prochain et pour notre monde.

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.


Raymond Leo Cardinal Burke



[1] « Rorate, caeli, desuper, et nubes pluant iustum : aperiatur terra, et germinet Salvatorem. » Ps. 84,2 « Benedixisti, Domine, terram tuam : avertisti captivitatem Iacob. » Missale Romanum, Missa de Sancta Maria in Sabbato, I, Tempore Adventus, Antiphona ad Introitum.
[2] Dom Prosper Guéranger, L’Année liturgique, L’Avent, 21ème éd. (Tours, Maison Alfred Mame et Fils, 1926), p. 250.
[3] Dom Prosper Guéranger, p. 251.
[4] Is 7, 14.
[5] Lc 1, 31-33.
[6] Col 1, 27.
[7] Gal 4, 19.
[8] Col 3, 2-4.
[9] 2 P 3, 13 ; cf. Ap 21, 1-8.
[10] Ap 19, 9.



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