Si tel est le cas, cela signifie que, malgré la conduite répréhensible du cardinal, le Saint-Siège n’a pas jugé opportun de prendre des mesures disciplinaires à l’encontre de McCarrick, ce qui confirme ma dénonciation de la corruption de la Curie.
Le Rapport se donne beaucoup de peine pour tenter de vous dépeindre comme un laxiste dans l’enquête sur les allégations du Prêtre 3 (il ne fait qu’effleurer le fait que c’est vous qui, le premier, avez fait part de ces préoccupations au Saint-Siège). Avez-vous évité de vous mettre « en position de vérifier la crédibilité du Prêtre 3 » ?
Ce que fut mon rôle dans la mise au jour les scandales de McCarrick est évident, et il est tout aussi évident que j’ai toujours pris des mesures pour rapporter au Saint-Siège toute information qui pouvait être en ma possession. Je rappelle que nous parlons de 2012, alors que je venais d’être nommé Nonce aux États-Unis.
Dans le Rapport, je suis accusé de ne pas avoir donné suite à la demande d’informations concernant les accusations portées par « le Prêtre 3 » contre McCarrick. C’est absolument faux ! Ce sont les auteurs du Rapport eux-mêmes qui fournissent les preuves de la tromperie qu’ils ont fabriquée pour m’écraser et me discréditer. En fait, ailleurs dans le Rapport, il est dit que, le 13 juin 2013, j’ai écrit au Cardinal Ouellet, lui envoyant à la fois la lettre que Mgr Bootkoski m’avait écrite, ainsi que la lettre envoyée au « Prêtre 3 ». Je l’ai informé que la procédure civile du « Prêtre 3 » avait été rejetée sans possibilité d’appel. Mgr Bootkoski a qualifié les accusations du « Prêtre 3 » de fausses et calomnieuses.
Je voudrais souligner un aspect en particulier. Ceux qui m’accusent de ne pas avoir envoyé de communication écrite à Mgr Bootkoski, l’Ordinaire du « Prêtre 3 », évêque de Metuchen, savent très bien que cela dépend des directives précises de la Secrétairerie d’État. Et ils savent tout aussi bien – comme le confirme le rapport – qu’il y a eu une communication téléphonique entre Mgr Bootkoski et moi-même, dont j’ai à mon tour informé le cardinal Ouellet.
Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, il y avait des avocats qui ne se contentaient pas de traduire les diocèses en justice pour des crimes commis par des prêtres, mais qui voulaient démontrer que le Saint-Siège lui-même – à la manière du siège d’une société multinationale – était responsable en dernier ressort de l’indemnisation des victimes d’abus. L’avocat Jeffrey Lena en sait quelque chose ; il a réussi, dans deux procédures distinctes, à empêcher que la responsabilité de la dissimulation des abus ne retombe sur le pape Benoît XVI.
Et que pensez-vous du rapport qui attribue à Jean-Paul II et à Benoît XVI la part du lion dans la responsabilité de l’ascension de McCarrick et de sa place dans l’Eglise ?
Les intentions de celui qui a rédigé le Rapport sont claires : transférer la responsabilité des promotions de McCarrick à ses prédécesseurs, dont l’un est décédé et canonisé (Jean-Paul II), l’autre âgé et faible (Benoît XVI). Le premier ne peut se défendre depuis la tombe, tandis que le second est trop doux pour désavouer ouvertement son successeur en le traitant de menteur, et en le discréditant, ainsi que la fonction qu’il détient. Ce qui est troublant, c’est qu’à l’intérieur même du Rapport – qui est manifestement le résultat de l’œuvre de plusieurs mains – il y a de nombreuses contradictions, suffisamment pour que les arguments avancés soient peu crédibles.
Je me demande alors : qui a convaincu Jean-Paul II et Benoît XVI de ne pas prendre en compte les graves accusations portées contre McCarrick ? Qui avait intérêt à ce que McCarrick soit promu, afin qu’il puisse obtenir un avantage en termes de pouvoir et d’argent ?
Quelqu’un a probablement fait croire à Jean-Paul II que les accusations contre McCarrick étaient fabriquées de toutes pièces, sur le modèle des opérations de discrédit que la Pologne communiste avait déjà menées contre de bons évêques et de bons prêtres qui s’opposaient au régime.
Dans le cas de Jean-Paul II, le principal parti intéressé par la promotion de McCarrick était certainement le cardinal Sodano. Il a été secrétaire d’État jusqu’en septembre 2006 : toutes les informations lui sont parvenues. En novembre 2000, le nonce Montalvo lui a envoyé son rapport et les accusations de graves abus commis par McCarrick.
N’oublions pas qu’à cette époque, le scandale du père Maciel a éclaté. Sodano a cherché à le dissimuler en falsifiant une déclaration de Benoît XVI, dans laquelle il était dit que le Pape considérait l’affaire comme close. Benoît XVI a convoqué une session plénière de la Congrégation pour la Doctrine de la foi et le cardinal Arinze a réussi à faire condamner Maciel, malgré l’opposition du Secrétaire d’État.
Le nom du cardinal Sodano apparaît également en relation avec une scandaleuse spéculation immobilière. En 2003, le neveu du cardinal, l’ingénieur Andrea Sodano, avec des lettres de recommandation de son oncle, le Secrétaire d’État, et en sa qualité de consultant du groupe immobilier Follieri (dans certains documents officiels, il est également désigné comme vice-président du groupe), a acquis des biens immobiliers à des prix défiant toute concurrence auprès de diocèses américains condamnés à indemniser les dommages causés par des affaires civiles d’abus sexuels, obtenant ainsi un énorme avantage économique pour lui-même au détriment de l’Église. Raffaello Follieri, le propriétaire du groupe, a été condamné pour fraude et blanchiment d’argent, précisément en raison de transactions téméraires lors de la vente de ces propriétés. Il va sans dire que Follieri avait une relation étroite avec la Clinton Global Initiative et avec la famille Clinton, ainsi qu’avec le parti démocrate : « L’ancien président et la sénatrice Hillary sont nos amis », se vantait Follieri.
Les mêmes connexions, les mêmes complicités, les mêmes connaissances reviennent toujours : McCarrick, Clinton, Biden, les démocrates et les modernistes, ainsi qu’un cortège d’homosexuels et d’agresseurs qui n’est pas sans rapport.
En ce qui concerne Benoît XVI, ceux qui avaient un accès direct et quotidien au Pape étaient le Secrétaire d’État Bertone et le substitut Sandri, qui pouvaient contrôler et filtrer les informations sur McCarrick et exercer une pression sur le Saint-Père.
Une fois de plus, le Rapport parle de lui-même. Celui qui a présenté la question directement au pape Benoît XVI était le cardinal Bertone, qui, contrairement à ce que j’avais avancé à plusieurs reprises – à savoir que les accusations très graves et détaillées contre McCarrick nécessitaient un procès canonique exemplaire menant à son retrait du Collège des cardinaux et à sa réduction à l’état laïque – a amené le pape Benoît à décider qu’aucun procès canonique ne devrait être entrepris ni aucune sanction canonique prescrite, mais qu’au contraire on ferait « un simple appel à la conscience et à l’esprit ecclésial de McCarrick ».
Et là encore, une contradiction flagrante apparaît au grand jour : comment est-il possible de concilier un simple appel à la conscience avec les instructions formelles qui ont été données au nonce Sambi et à moi-même, selon lesquelles McCarrick ne pouvait pas continuer résider dans le séminaire où il vivait alors, ne devait pas participer à des activités publiques, ne devait pas voyager, et qu’il devait mener une vie retirée de prière et de pénitence ?
La corruption dans les plus hautes sphères du Vatican est si évidente qu’elle conduit à considérer le Rapport comme une tentative indigne de faire apparaître Bergoglio comme absolument étranger aux manipulations de la Curie, voire comme une sorte de persécuteur implacable des corrompus, alors que les faits démontrent le contraire. Je dirais que Bergoglio est au deep church ce que Biden est au deep state...
Je voudrais également noter que le fait de reprocher à Jean-Paul II la nomination de McCarrick, malgré l’avis négatif de la Congrégation des évêques et de son préfet le cardinal Re, pourrait s’appliquer également à Jorge Mario Bergoglio lui-même, au sujet duquel le supérieur général des Jésuites a émis de fortes réserves. Si Wojtyla a commis une erreur avec McCarrick et, pour cette raison, est considéré comme implicitement responsable des scandales qui se sont produits, qu’est-ce qui empêche que ce jugement soit également étendu à la promotion de Bergoglio comme archevêque de Buenos Aires et ensuite comme cardinal ? Rappelons que lors du Consistoire de 2001, outre McCarrick et Bergoglio, d’autres membres importants de la mafia de Saint-Gall ont reçu le chapeau rouge…
Y a-t-il d’autres points que nous devrions évoquer ?
2 commentaires:
Question d'un simple fidèle
Je n'ai, ben sûr, pas d'éléments sur le cas Mac Carrick, mais j'ai lu que ce prélat, a poussé en avant la "carrière" de prêtres "proches" ( ? )
Je ne les connais pas tous, mais on peut se poser des questions sur l'ascension rapide de Blaze Cupich, comme archevêque de Chicago, puis, comme CARDINAL !
Est' il possible qu'un "McCarrick boy", au prochain concile, puisse désigner le Pape à venir ?
Et si, il n'était pas seul ?
Bonjour,
Y avait-il des preuves (et non seulement des soupçons) concernant cette affaire ? Si oui, pourquoi n'a-t-on pas dénoncé le coupable à la police ? Je comprends que Benoît XVI avait été berné par son entourage, mais si jamais il y avait des preuves, je ne comprendrais pas la mise à l'écart au lieu de la dénonciation...
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