23 juin, 2019

Avortement forcé au Royaume-Uni pour une handicapée (et une anecdote personnelle)

Les spécialistes ont parlé : une jeune femme d'origine nigériane va être soumise à un avortement forcé au Royaume-Uni en raison de son handicap mental, et ce malgré l'opposition de sa propre mère, qui s'est pourtant engagée à s'occuper de l'enfant. La « cour de protection » de Londres chargée de prendre des décisions pour le compte ce qu'on appelle en France les « incapables majeurs » a suivi vendredi leur avis, passant outre les convictions catholiques des proches de la jeune femme et sa propre volonté de donner le jour à l'enfant qu'elle porte.
On ne sait pas bien comment la jeune femme s'est retrouvée enceinte ; une enquête policière est en cours.
La cour avait été saisie par des responsables de la NHS (National Health Service), le système de santé socialisé du Royaume-Uni, dans le but de faire ordonner l'avortement. Ils ont expliqué que la poursuite de la grossesse risquait de rendre la jeune femme psychotique et qu'elle vivrait très mal l'accouchement de la césarienne faute de bien comprendre ce qui lui arriverait.
Tous les détails sont terrifiants dans cette affaire caractéristique du véritable totalitarisme de la culture de mort : cette « tyrannie bienveillante » qui prétend œuvrer pour le bien de tous, y compris et surtout en donnant la mort.
Ainsi, le juge Lieven a-t-elle longuement justifié sa décision en reconnaissant ce qu'elle avait d’« intrusif » et de difficile : elle a suivi l'avis d'experts pour qui le fait de mettre un terme à cette grossesse traumatiserait moins la jeune femme que la décision de confier l'enfant à l'adoption.
Mais la proposition de la grand-mère du bébé de s'en occuper a été rejetée par la cour. Cette femme, catholique affirmée, sage-femme qui plus est, était prête à joindre les actes à ses convictions pro-vie solidement ancrées. Elle s'estimait parfaitement à même de prendre soin de l'enfant et de l'aimer, en se faisant évidemment aider de sa fille, âgée d'une vingtaine d'années, qui vit chez elle.
C'était d'ailleurs aussi l’avis d'une travailleuse sociale qui s'occupe de la jeune femme enceinte.
Les avocats de la grand-mère ont plaidé pour la vie de l'enfant à naître, et d'après ce que l'on sait malgré le huis clos qui protège l'identité de tous les acteurs de cette tragédie, l'intéressée elle-même souhaite mener sa grossesse à terme. La jeune fille était par ailleurs représentée par des avocats intervenant au titre du bureau de l’« Official Solicitor » chargé de défendre en justice les intérêts des personnes souffrant d'un handicap mental : Susanna Rickard, responsable de cette équipe de juristes, a estimé devant la cour qu'il était dans l'intérêt de la jeune femme de mener sa grossesse à terme.
Mme le juge Lieven a expliqué ne pas être sûre que les travailleurs sociaux qui s'occupent de la jeune femme soient d'accord pour « tolérer une telle situation » en raison de ses problèmes comportementaux.
Présentant un âge mental de six à neuf ans, souffrant également de troubles de l'apprentissage et de l'humeur, elle risquerait de se retrouver obligée par les services sociaux à quitter sa propre mère dans les intérêts de l'enfant, a insisté le juge. A l'inverse, le bébé pourrait devoir être placé dans une famille d'accueil ou confié à l'adoption.
Cela fait déjà beaucoup d'hypothèses mais la magistrate en a ajouté encore une relevant de son propre avis : elle pense que la jeune mère aurait davantage encore à souffrir si le bébé était éloigné que si on met un terme à la grossesse.
Elle a eu cette phrase d'anthologie : « Je pense qu'elle souffrirait un plus grand traumatisme de ce qu'on lui enlève le bébé : à ce stade là, ce serait un vrai bébé. »
Parce qu'à 22 semaines de grossesse, cet enfant ne serait donc pas un « vrai bébé » ?
Mais alors, qu'est-ce ?
La juge a ajouté : « Bien que la grossesse soit réelle pour elle, il n'y a pas de bébé en dehors de son corps qu'elle peut toucher. » Il faut croire que Mme Lieven n'a jamais attendu d'enfant…
« Je suis vivement consciente de ce que le fait pour l'Etat d'ordonner à une femme de subir un avortement lorsqu'il semblerait qu'elle n'en veut pas constitue une énorme intrusion. Je dois agir au service de ses intérêts bien compris et non en fonction de la manière dont la société considère l'avortement », a-t-elle également déclaré.
La jeune femme n'avait aucune idée de ce que « voulait dire » le fait d'avoir un bébé, a ajouté le juge dans sa décision, avec cette précision condescendante : « Je crois qu'elle aimerait avoir un bébé de la même manière qu'elle aimerait avoir une jolie poupée. »
Donc, on élimine, sur ordre de l'Etat…
Avant que la décision ne fut rendue vendredi,  SPUC britannique, la plus ancienne association de protection des enfants à naître face aux crimes de l'avortement, qualifiait ainsi la prétention des médecins de la NHS d'obtenir un avortement forcé pour cette patiente en raison de son handicap mental  :
« C'est un scandale qui devrait choquer n'importe quelle personne sensée. On atteint là un niveau de cruauté et de barbarie qui fait penser à la manière dont des personnes handicapées mentales étaient traitées dans les années 1930 en Allemagne nazie. Obliger quiconque à avorter est odieux ; le faire au nom de la médecine étend une méconnaissance totale des valeurs religieuses et culturelles de la mère remet en question les structures de la loi et de la justice dans notre société », a déclaré un porte-parole de l'association, John Deighan.
Cette affaire me rappelle le souvenir d'une histoire vraie que me racontait mon père.
En poste à l'ambassade des Pays-Bas à Londres au tout début des années 1960, il s'était trouvé confronté au cas d'une jeune fille Néerlandaise handicapée mentale, et, je crois, mineure, qui pour une raison pour une autre s'était retrouvée à Londres. On l'avait internée dans une institution – mixte – pour déficients mentaux, et c'est dans ce cadre supposément surveillé qu'elle était tombée enceinte.
Mon cher Papa, l'an dernier,
60 ans plus tard…
16-05-1919  -  12-08-2018
Déjà à cette époque-là, les autorités sanitaires et sociales n'avaient qu'une « solution » en tête : faire soumettre la jeune femme à l'avortement. Mais du fait de sa nationalité, il avait été fait appel à l'ambassade pour joindre sa famille et obtenir les autorisations. Mon père l'avait rencontrée, et avait pu parler avec elle de l'enfant qu'elle attendait.
Le hasard – ou la Providence – a voulu que mon père se rende rapidement compte qu'il avait été avant la guerre en classe avec le père de la jeune fille, un homme désormais assez connu du fait de sa réussite dans les affaires.
Outré par le projet d'avortement, mon père a remué ciel et terre pour entrer en contact avec ce vieux camarade perdu de vue. Ayant réussi, il a plaidé la cause de la jeune mère et de son enfant, expliquant qu'elle serait malheureuse pour le restant de ses jours si on lui faisait subir le traumatisme d'un avortement, mais ajoutant aussi que son père – le vieil ami – ne se le pardonnerait jamais.

Il avait, faut-il le préciser, des convictions solides et une foi contagieuse.
Et ainsi, l'enfant fut sauvé. 

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