Les
spécialistes ont parlé : une jeune femme d'origine nigériane
va
être soumise à un avortement forcé au Royaume-Uni en raison de son handicap
mental, et ce malgré l'opposition de sa propre mère, qui s'est pourtant engagée
à s'occuper de l'enfant. La « cour de protection » de Londres
chargée de prendre des décisions pour le compte ce qu'on appelle en France les
« incapables majeurs » a suivi vendredi leur avis, passant outre les convictions catholiques des proches de la jeune femme et sa propre volonté de donner le jour à l'enfant qu'elle porte.
On ne sait pas
bien comment la jeune femme s'est retrouvée enceinte ; une enquête policière
est en cours.
La cour avait
été saisie par des responsables de la NHS (National Health Service), le système
de santé socialisé du Royaume-Uni, dans le but de faire ordonner l'avortement.
Ils ont expliqué que la poursuite de la grossesse risquait de rendre la jeune femme psychotique et qu'elle vivrait très mal l'accouchement de la césarienne faute
de bien comprendre ce qui lui arriverait.
Tous les
détails sont terrifiants dans cette affaire caractéristique du véritable
totalitarisme de la culture de mort : cette « tyrannie bienveillante » qui
prétend œuvrer pour le bien de tous, y compris et surtout en donnant la mort.
Ainsi, le juge
Lieven a-t-elle longuement justifié sa décision en reconnaissant ce qu'elle
avait d’« intrusif » et de difficile : elle a suivi l'avis
d'experts pour qui le fait de mettre un terme à cette grossesse traumatiserait
moins la jeune femme que la décision de confier l'enfant à l'adoption.
Mais la
proposition de la grand-mère du bébé de s'en occuper a été rejetée par la cour.
Cette femme, catholique affirmée, sage-femme qui plus est, était prête à
joindre les actes à ses convictions pro-vie solidement ancrées. Elle s'estimait
parfaitement à même de prendre soin de l'enfant et de l'aimer, en se faisant
évidemment aider de sa fille, âgée d'une vingtaine d'années, qui vit chez elle.
C'était
d'ailleurs aussi l’avis d'une travailleuse sociale qui s'occupe de la jeune
femme enceinte.
Les avocats de
la grand-mère ont plaidé pour la vie de l'enfant à naître, et d'après ce que
l'on sait malgré le huis clos qui protège l'identité de tous les acteurs de
cette tragédie, l'intéressée elle-même souhaite mener sa grossesse à terme. La
jeune fille était par ailleurs représentée par des avocats intervenant au titre du
bureau de l’« Official Solicitor » chargé de défendre en justice les
intérêts des personnes souffrant d'un handicap mental : Susanna Rickard,
responsable de cette équipe de juristes, a estimé devant la cour qu'il était
dans l'intérêt de la jeune femme de mener sa grossesse à terme.
Mme le juge
Lieven a expliqué ne pas être sûre que les travailleurs sociaux qui s'occupent
de la jeune femme soient d'accord pour « tolérer une telle situation » en
raison de ses problèmes comportementaux.
Présentant un
âge mental de six à neuf ans, souffrant également de troubles de
l'apprentissage et de l'humeur, elle risquerait de se retrouver obligée par les
services sociaux à quitter sa propre mère dans les intérêts de l'enfant, a
insisté le juge. A l'inverse, le bébé pourrait devoir être placé dans une
famille d'accueil ou confié à l'adoption.
Cela fait déjà
beaucoup d'hypothèses mais la magistrate en a ajouté encore une relevant de son
propre avis : elle pense que la jeune mère aurait davantage encore à souffrir
si le bébé était éloigné que si on met un terme à la grossesse.
Elle a eu cette
phrase d'anthologie : « Je pense qu'elle souffrirait un plus grand
traumatisme de ce qu'on lui enlève le bébé : à ce stade là, ce serait un
vrai bébé. »
Parce qu'à 22
semaines de grossesse, cet enfant ne serait donc pas un « vrai bébé » ?
Mais alors,
qu'est-ce ?
La juge a
ajouté : « Bien que la grossesse soit réelle pour elle, il n'y a pas de bébé en
dehors de son corps qu'elle peut toucher. » Il faut croire que
Mme Lieven n'a jamais attendu d'enfant…
« Je suis
vivement consciente de ce que le fait pour l'Etat d'ordonner à une femme de
subir un avortement lorsqu'il semblerait qu'elle n'en veut pas constitue une
énorme intrusion. Je dois agir au service de ses intérêts bien compris et non
en fonction de la manière dont la société considère l'avortement », a-t-elle
également déclaré.
La jeune femme
n'avait aucune idée de ce que « voulait dire » le fait d'avoir un bébé, a ajouté
le juge dans sa décision, avec cette précision condescendante : « Je crois qu'elle aimerait
avoir un bébé de la même manière qu'elle aimerait avoir une jolie
poupée. »
Donc, on
élimine, sur ordre de l'Etat…
Avant que la
décision ne fut rendue vendredi, SPUC
britannique, la plus ancienne association de protection des enfants à naître
face aux crimes de l'avortement, qualifiait ainsi la prétention des médecins de
la NHS d'obtenir un avortement forcé pour cette patiente en raison de son
handicap mental :
« C'est un
scandale qui devrait choquer n'importe quelle personne sensée. On atteint là un
niveau de cruauté et de barbarie qui fait penser à la manière dont des
personnes handicapées mentales étaient traitées dans les années 1930 en
Allemagne nazie. Obliger quiconque à avorter est odieux ; le faire au nom de la
médecine étend une méconnaissance totale des valeurs religieuses et culturelles
de la mère remet en question les structures de la loi et de la justice dans
notre société », a
déclaré un porte-parole de l'association, John Deighan.
*
Cette affaire
me rappelle le souvenir d'une histoire vraie que me racontait mon père.
En poste à
l'ambassade des Pays-Bas à Londres au tout début des années 1960, il s'était
trouvé confronté au cas d'une jeune fille Néerlandaise handicapée mentale, et, je crois, mineure, qui
pour une raison pour une autre s'était retrouvée à Londres. On l'avait internée
dans une institution – mixte – pour déficients mentaux, et c'est dans ce
cadre supposément surveillé qu'elle était tombée enceinte.
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Mon cher Papa, l'an dernier, 60 ans plus tard… 16-05-1919 - 12-08-2018 |
Déjà à cette
époque-là, les autorités sanitaires et sociales n'avaient qu'une
« solution » en tête : faire soumettre la jeune femme à l'avortement.
Mais du fait de sa nationalité, il avait été fait appel à l'ambassade pour
joindre sa famille et obtenir les autorisations. Mon père l'avait rencontrée, et avait pu parler avec elle de l'enfant qu'elle attendait.
Le hasard – ou la Providence – a
voulu que mon père se rende rapidement compte qu'il avait été avant la guerre en classe avec le père
de la jeune fille, un homme désormais assez connu du fait de sa réussite dans les affaires.
Outré par le
projet d'avortement, mon père a remué ciel et terre pour entrer en contact avec
ce vieux camarade perdu de vue. Ayant réussi, il a plaidé la cause de
la jeune mère et de son enfant, expliquant qu'elle serait malheureuse pour le
restant de ses jours si on lui faisait subir le traumatisme d'un avortement, mais ajoutant aussi que son père – le vieil ami – ne se le pardonnerait jamais.
Il avait, faut-il le préciser, des convictions solides et une foi contagieuse.
Et ainsi,
l'enfant fut sauvé.
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