31 janvier, 2019

“Ecclesia Dei” : l'étrange commentaire de Mgr de Moulins-Beaufort sur sa suppression

Mgr Eric de Moulins-Beaufort
La suppression de la commission Ecclesia Dei par le récent Motu proprio du pape François nous vaut un étrange commentaire de Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Commission doctrinale de la Conférence des évêques de France et archevêque de Reims. C'est le signe, dit-il, que « le Saint-Père (…) ne se résout pas au schisme », dans la mesure où l'intégration du champ d'action  d'Ecclesia Dei dans les compétences de la Congrégation pour la Doctrine de la foi montre que les communautés qui en dépendaient « relèvent du droit ordinaire de l'Eglise » et que la « nécessité de discussions doctrinales approfondies avec la Fraternité Saint-Pie-X » existe toujours.

Dans son texte publié sur le site de la Conférence des évêques de France, il conclut :

« Les points en jeu ne sont pas des détails. Il ne suffit pas d’insister sur la réalité sacrificielle de l’Eucharistie, encore faut-il préciser ce qu’est ce sacrifice qui, en régime chrétien, ne saurait être une prolongation des sacrifices païens ni même des sacrifices du Temple ; il ne suffit pas de se réclamer de la Tradition, encore faut-il rendre clair ce qu’est la Tradition du Christ à ses Apôtres qui ne saurait n’être que le poids du passé s’imposant à toutes les générations ; il ne suffit pas d’affirmer que la religion catholique est la seule vraie, encore faut-il expliquer en quoi cette vérité exclusive honore la puissance salvifique du Christ qui a acquis le pouvoir de répandre son Esprit-Saint en tous les hommes pour attirer tous les hommes. »

Voilà des mots bien lapidaires, et finalement bien courts, qui semblent considérer la Fraternité Saint-Pie X dans l'ensemble attachée au fixisme.

Ils révèlent une gêne certaine à l'égard de la notion de la messe et tant que sacrifice, non sanglant certes, mais réel, du Fils unique de Dieu à son Père, sacrifice propitiatoire qui détourne des hommes la condamnation pour leurs péchés : la « colère de Dieu », en somme, autre notion volontiers considérée aujourd'hui comme inconvenante.

Le sacrifice païen n'est-il pas un sacrifice « en négatif », vrai sacrifice qui se trompe de cible, offert aux fausses divinités (aux démons) ? Mais le sacrifice d'Abraham plaît à Dieu qui de fait, va substituer à Isaac l'Agneau véritable, son propre « Premier-né ». Et si les sacrifices du Temple ne pouvaient être le Sacrifice parfait, parfaitement expiatoire, ils étaient voulus par Dieu et Lui étaient agréables. En ce sens, il est difficile de dire que le sacrifice toujours renouvelé de Notre Seigneur n'en est pas, d'une certaine manière, le prolongement : il les dépasse, mais accomplit pleinement le sacrifice voulu par le Père.


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