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Campagne pour le don d'organes au Brésil : “L'un ou l'autre aura vos organes. A vous de choisir.” |
Il y a quelques années à peine, on
se demandait encore aux Pays-Bas si les candidats à l’euthanasie pouvaient
aussi donner leurs organes : était-ce moralement acceptable ? Le
dilemme éthique aura été de courte durée : la procédure est aujourd’hui de
plus en plus fréquente : on compte quinze cas au total. Le premier exemple
remonte à 2012 ; en 2015, on en était à huit « euthanasies suivies de
dons d’organes », et les objections des médecins semblent s’être largement
évaporées.
Le premier cas de 2016 s’est
déroulé à l’hôpital Erasmus de Rotterdam qui naguère avait refusé pareille
procédure sur un homme au motif que celui-ci n’était pas habituellement soigné
par ses équipes et que son parcours ne leur était pas assez bien connu.
Cette fois, il s’agit d’un homme
qui s’était adressé à la Clinique de fin de vie – la Levenseindekliniek – qui se charge d’évaluer les demandes
d’euthanasie des personnes qui n’ont pas réussi à obtenir la procédure de leur
médecin traitant, et qui les exécute le cas échéant. Cela peut permettre de
contourner une objection de conscience ou un doute du médecin quant au respect
des conditions posées par la loi pour ne pas encourir des poursuites pénales
après une euthanasie.
La presse néerlandaise présente
cette mort on ne peut plus « utile » sous un jour très positif. L’Algemeen Dagblad titre :
« Unique : une seule euthanasie permet de sauver cinq vies par le
biais du don d’organes. »
Au MC Erasmus de Rotterdam, tout
était calculé au millimètre près. Le patient destiné à l’euthanasie était
installé dans une chambre, les cinq receveurs attendaient sur cinq tables
d’opérations, prêtes pour l’opération. Il ne restait plus qu’à passer à l’acte,
transférer l’euthanasié dans une salle d’opération voisine, et zou, on pourrait
récupérer son foie, ses reins, son pancréas et deux autres organes dont la
nature n’a pas été précisée.
Il fallait pour cela que
l’euthanasié fût en bonne forme physique, raison pour laquelle on ne peut
guerre prendre en considération les propositions d’organes des cancéreux. En
l’occurrence, s’agissant d’un homme qui ne supportait pas les conséquences
d’une hémorragie cérébrale, la qualité des organes était bonne. Ne voulait-il
plus vivre ? Autant que sa mort serve, comme il le désirait !
Entouré de sa famille, d’amis et
du personnel de l’hôpital, l’homme a reçu la mort du médecin de la Clinique de
fin de vie, autorisé pour l’occasion à pratiquer son « art » entre
les murs de l’hôpital – chose unique dans les annales de l’euthanasie aux
Pays-Bas. Les proches ont eu cinq petites minutes pour dire « à
Dieu » (à supposer qu’ils y croient) avant que le « mort » parte
en salle d’opération. Et hop…
Etait-il vraiment mort ? La
question se pose : pour être réellement efficace, il importe de prélever
les organes vitaux, cœur battant, et se contenter d’une « mort
cérébrale ». Mais dans ce cas, les détails donnés à la presse ne
permettent pas d’en avoir le cœur net. On sait seulement qu’un homme « a
réussi à en sauver cinq autres ».
D’autres questions restent posées,
comme celles mises en avant par un responsable éthique de l’hôpital
Erasmus : que faire face à une personne qui demande l’euthanasie
précisément pour pouvoir donner ses organes ? Comment le savoir ?
Qu’en est-il de la pression qui pèse sur le futur euthanasié, qui théoriquement
peut toujours se rétracter, jusqu’à la dernière seconde ? Mais ce même
Gert van Dijk fait partie de l’équipe qui a rédigé un protocole régional informel
et provisoire de l’euthanasie suivie par don d’organes pour l’hôpital
universitaire de Maastricht. Mais la chose se fait maintenant un peu partout
dans les Pays-Bas, sans qu’il y ait ni interdit ni autorisation formelle.
L’éthicien Gert van Dijk vient de
cosigner un article dans l’American
Journal of Transplantation pour vanter la « légalité et la possibilité
médicale » du don d’organes associé à l’euthanasie que « beaucoup de
médecins et de patients ignorent ».
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leblogdejeannesmits
3 commentaires:
Dans le langage actuel : bonjour les dérives !
Des personnes ne vont-elles pas être incitées à être euthanasiées pour que leurs organes soient greffés sur des demandeurs ?
– ta vie t'est insupportable ? Pas de problème, donne tes organes à ceux qui en ont besoin pour vivre ça eux veulent vivre –
Et hop, une piqûre. Un retour aux expériences faites dans les camps il y a 70/80 ans, belle avancée.
Maurice P
Eh oui, Maurice P. « Bonjour les dérives » ; « retour aux expériences.. ». Mais à partir du moment où l'on se donne le droit de tuer avec préméditation, en bande organisée, pourquoi pas ?
Comme le souligne madame Smits « les objections des médecins semblent s’être largement évaporées. » Comment ne se seraient-elles pas évaporées quand on sait que dans tous les pays on manque de donneurs pour faire face à la rage greffante des greffeurs, quand on sait ce que coûte un organe quand il faut l'acheter dans un pays où les pauvres abondent et n'ont pas d'autre choix que de se vendre par morceaux. Mais un pauvre faisant don contre rémunération d'une partie de lui-même reste en vie (ou du moins peut l'espérer).
Ici on tue quelqu'un. Enfin cela dépend de ce que l'on appelle « mort ». Neurologue, je conteste le critère de « mort cérébrale », qui n'a d'utilité précisément que pour les greffeurs, quand on décide de ne pas laisser aux personnes décédées le temps de refroidir.
Mais ne vous en faite pas, Maurice P., bientôt on cultivera des embryons pour avoir des organes encore plus frais.
Dr. LCJ
Neurologue.
Merci, docteur, de votre exposé très clair et instructif.
L'origine de ces abominables dérives qui heurtent notre intuition du bien est à chercher, selon moi, dans la philosophie moderne pour laquelle le corps n'est que de la matière étendue. Or la matière est partout et toujours la même. Conclusion: tout se vaut, il n'y a rien de sacré (c'est-à-dire mis à part pour Dieu), il n'y a que le fric et le principe du plaisir immédiat et contre les adversaires l'esbroufe ou, mieux, le silence...
Reste que du point de vue concret des théologiens catholiques semblent prendre pour argent comptant les affirmations mensongères au sujet de la "mort cérébrale", comme il prennent pour argent comptant les affirmations au sujet de la chronologie fantaisiste présentée comme "scientifique", comme les affirmations mensongères des malthusiens soi-disant "écologistes" et scientifiques... L'affaire Galilée, une escroquerie de propagande anti-catholique, intimide les théologiens.
Moralité: des tueurs à gage en bande organisée se présentent comme des "médecins" et sont décorés de la Légion d'honneur.
C'est donc par un retour à la scolastique qu'il faut commencer, c'est-à-dire commencer par redonner leurs valeurs aux mots.
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