10 février, 2016

Portugal : la gauche abroge les récentes restrictions à l’avortement et légalise l’adoption homosexuelle ; Cavaco Silva signera-t-il ?

C’est une manière de mettre Anibal Cavaco Silva au pied du mur. Le Parlement portugais a voté ce mercredi après-midi l’abrogation des légères restrictions apportées à l’avortement légalisé lors de la précédente législature par les sociaux-démocrates et les chrétiens-démocrates. Le même jour – c’était prévu – il a légalisé l’adoption par les couples homosexuels, complétant ainsi la loi instituant le « mariage » homosexuel en vigueur depuis 2010. Le président du Portugal n’a désormais plus le choix : il va devoir signer ces textes auxquels il avait opposé son veto le 25 janvier dernier. La nouvelle majorité de gauche au Parlement a manœuvré pour prendre sa revanche.
Les deux textes en question avaient été votés sous une forme identique le 18 décembre dernier. Cavaco Silva avait décidé de ne pas les signer, s’en expliquant dans une lettre adressée au Parlement. Pour ce qui est de l’adoption homosexuelle, il expliquait que la question avait été amplement débattue et réglée lors de la légalisation du « mariage » gay (lui-même légalisé par une très courte majorité). Sur l’avortement, il soulignait que les textes abrogés offrent une meilleure « information » à la femme et que le retour au régime antérieur constitue donc une régression.
Le courage et la cohérence de Cavaco Silva n’étaient pas encore véritablement mises à l’épreuve. En revotant les deux textes dans les mêmes termes – avec l’apport de quelques voix du centre droit – le Parlement contraint le président de signer malgré son désaccord personnel, et ce dans un délai de huit jours. C’est à quelques semaines du terme de son mandat présidentiel, le 9 mars prochain. Préférera-t-il se démettre plutôt que de signer ? Rien ne le laisse prévoir.
Et surtout pas son histoire passée. Personnellement opposé au « mariage » gay, Cavaco avait promulgué le texte qui le légalisait en prétextant le contexte de la crise de la dette – et quelques jours seulement après la visite de Benoît XVI qui avait clairement dénoncé le « mariage » des couples de même sexe. Y a-t-il eu des pressions sur le président ? On imagine difficilement le contraire. En tout cas, dans ce Portugal resté attaché à la foi catholique et par ailleurs profondément divisé sur la question du « mariage pour tous », le président n’a même pas fait mine de s’opposer.
Au cours du débat, mercredi au Parlement, portugais, on a fortement accusé Cavaco Silva d’avoir pris une posture « idéologique » en opposant son veto, une élue du Bloc de gauche a dénoncé ses « paroles amères de préjugés et de conservatisme ». Sur les bancs socialistes et communistes, on l’a qualifié de « revanchard », « rétrograde », manquant de « considération pour les femmes et les enfants ».
Approuver l’adoption homosexuelle et l’avortement, deux passages obligés pour la réussite en politique.

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