Le cardinal Reinhard Marx l’a
réclamée pour confronter les questions de l’accueil des gays et des divorcés
« remariés », plusieurs voix se sont élevées lors du synode de la
famille pour en dire du bien : la « décentralisation » de
l’Eglise est sans doute l’un des instruments que les plus progressistes veulent
utiliser pour modifier la « pastorale » de l’Eglise sans avoir l’air
de toucher à la doctrine. Pour
commémorer le 50e anniversaire de l’institution du synode des évêques à
Rome, ce samedi, le pape François est allé plutôt dans leur sens, tout en
revendiquant sa charge de se prononcer comme « pasteur et docteur de tous
les chrétiens ».
Extraits :
• « C’est justement le
chemin de la synodalité qui est le chemin que Dieu attend de l’Eglise du
troisième millénaire. »
• « Ce que le Seigneur nous
demande est en un sans tout entier contenu dans le mot “synode”. Marcher
ensemble – laïcs, pasteurs, évêque de Rome – est une idée facile à exprimer en
paroles, mais pas si facile à mettre en pratique. »
Faisant référence au « sens
surnaturel de la foi de tout le Peuple » tel qu’il l’avait déjà exprimé
dans
Evangelii Gaudium (« Le
Peuple de Dieu est saint à cause de cette onction que le rend
infaillible “in credendo”), il a
justifié la consultation des fidèles en vue de la préparation du double synode
sur la famille :
• « Le sensus fidei empêche séparation
entre rigidement docens Ecclesia et Ecclesia discens, puisque même le
troupeau a un “flair” pour discerner les nouveaux chemins que le Seigneur
révèle à l'Église. »
On notera que beaucoup, pour ne
pas dire l’immense majorité de ces consultations ont été faites auprès de
personnes qui sont, sinon éloignées de toute pratique religieuse, de cette
génération qui n’a pas été catéchisée, qui ignore à un degré inédit les vérités
de la foi et les raisons des commandements de Dieu et de l’Eglise, un
« Peuple de Dieu » immergée dans le relativisme contemporain sans
avoir été formé à y résister.
Soulignant avec saint
Jean-Chrysostome, qu’« Eglise et synode sont synonymes », et rappelé
sa dimension hiérarchique « sub
Petro », le pape François a appelé à renforcer la collégialité d’abord
au niveau local, puis à celui des provinces et des régions ecclésiastiques/
• « Nous devons réfléchir en
vue de réaliser davantage, à travers ces organisations, les instances intermédiaires
de la collégialité, peut-être en intégrant et en mettant à jour
certains aspects de l’ancien ordonnancement de l’Eglise. L'espoir du Concile
de voir de tels organismes aider à accroître l'esprit de la collégialité épiscopale n’est pas encore
pleinement réalisé. Nous sommes à mi-chemin, nous avons fait une partie du
voyage. Dans une Eglise synodale, comme je l’ai déjà affirmé, « il ne
convient que le Pape se substitue aux épiscopats locaux dans le discernement de
tous les problèmes qui se présentent dans leurs territoires. En ce sens,
je ressens le besoin de procéder à une salutaire “décentralisation”. »
Le pape François a précisé que « l’engagement
de construire une Eglise synodale » est « lourde de conséquences
œcuméniques », soulignant qu’une délégation du Patriarcat de
Constantinople avait récemment dis sa conviction que le « principe de la
collégialité » pouvait offrir une « contribution significative à
l’avancement des relations » entre les deux Eglises.
Toutes ces déclarations sont à
lire dans le contexte actuel de fronde de certaines conférences épiscopales par
rapport à la discipline, à la pastorale et partant à la doctrine traditionnelles.
Si l’on revient à la question de la communion aux divorcés remariés, par
exemple, qui n’est pas exclue dans l’Eglise orthodoxe, on peut imaginer
celle-ci mieux disposée au rapprochement dès lors que certaines provinces
ecclésiastiques auraient intégré quelque chose d’analogue dans leur pratique.
Ces déclarations sont également à
tempérer par la manière d’agir du pape, qui a profondément et – de l’avis d’un
très grand nombre de canonistes – imprudemment modifié la procédure de
déclaration de nullité du mariage sans en référer au synode et en soulignant
lui même qu’une « procédure raccourcie peut mettre en danger le principe
de l’indissolubilité du mariage ».
On constate également la volonté
du pape de décider, au bout du compte :
• « Enfin, la démarche
synodale aboutit à l'écoute de l'évêque de Rome, appelé à se prononcer comme
« Pasteur et Professeur de tous les chrétiens», non à
partir de ses convictions personnelles, mais comme témoin suprême de la fides totius Ecclesiae, “garant de
l'obéissance et de la conformité de l'Église à la volonté de Dieu, à l'Évangile du Christ et à la Tradition de l'Église”.
« Le fait que le synode agisse
toujours cum Petro cum et sub Petro – donc
pas seulement cum Petro, mais
aussi sub Petro – n’est pas
une restriction de la liberté, mais une garantie de l'unité. (…) Les
évêques sont unis à l'évêque de Rome par le lien de communion épiscopale (cum Petro) et lui sont en même temps hiérarchiquement soumis en tant
que chef du collège (sub Petro). »
Quelles que soient ses décisions à
l’issue du synode, les voilà revêtues par le pape lui-même d’une manière
évocatrice de l’infaillibilité.
Mais nul ne saurait dire aujourd'hui avec certitude – si décisions il y a – quelle en sera la teneur.
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