02 octobre, 2015
« La seule audience accordée
par le pape à la nonciature a été celle avec l’un de ses anciens élèves et sa
famille » : c’est en ces termes que le P. Federico Lombardi a
minimisé la rencontre entre le pape François et Kim Davis, la greffière
américaine emprisonnée plusieurs jours pour son refus d’enregistrer des
« mariages » de couples de même sexe. Dans le même temps, le P.
Thomas Rosica, attaché de presse anglophone du Vatican, a parlé de
l’« impact négatif » de cette rencontre à propo laquelle le pape
n’avait peut-être pas été suffisamment « briefé ». Mais qui était
donc cet « ancien élève » qui, lui, a été reçu par le pape ? Eh
bien, il s’agit de Yayo Grassi, traiteur à Washington D.C., de sa mère, de
plusieurs amies et de son partenaire depuis 19 ans, le photographe, Iwan Bagus.
Oui, un couple homosexuel invité en tant que tel.
Revenons à Kim Davis. « Le
pape François a rencontré plusieurs dizaines de personnes qui avaient été
invitées par la nonciature pour le saluer alors qu’il se préparait à quitter
Washington pour New York. De telles brèves salutations ont lieu lors de toutes
les visites papales et elles s’expliquent par la gentillesse et la
disponibilité caractéristiques du pape », a expliqué le P. Lombardi. C’est
à ce moment-là qu’il a parlé de la « seule audience accordée par le
pape » et qu’il a ajouté, à propos de la greffière : « Le pape
n’est pas entré dans le détail de la situation de Mme Davis et sa
rencontre avec elle ne doit pas être considérée comme une forme de soutien à sa
position avec tous ses aspects particuliers et complexes. »
Mais alors, la rencontre
chaleureuse avec Yayo Grassi et son ami Iwan Bagus doit-elle être considérée
comme une forme de soutien à leur position avec tous leurs aspects publics et
sans la moindre ambiguïté ? On ne se risquera pas à répondre à cette
question de manière spontanée, mais il est permis de noter que la Salle de
presse du Vatican a estimé important de mettre en avant cette rencontre. Et
qu’elle l’a fait après les manifestations de déception de groupes LGBT,
largement relayées par la presse. Reste à savoir si le P. Lombardi était au
courant de la nature un peu particulière de cette audience.
On sait aussi que c’est à
l’initiative du pape François que la rencontre privée avec Yayo Grassi et ses
proches a eu lieu. L’ancien élève de Jorge Bergoglio pendant les années 1960 a
déclaré à CNN que le coup de fil du pape est arrivé trois semaines avant son
voyage aux Etats-Unis : « Il m’a dit qu’il serait heureux de
m’embrasser. »
C’est Grassi qui après la
conférence de presse donnée par le P. Lombardi s’est identifié comme l’« ancien
élève » évoqué lors de celle-ci, et
il a précisé à CNN qu’il était là accompagné de son partenaire de même
sexe, de sa mère et de quelques amies. Ce que le Vatican a confirmé, par la
voix du P. Rosica : celui-ci a précisé que Yayo Grassi a déjà plusieurs
fois rencontré le pape à qui il a demandé de pouvoir lui présenter sa mère,
cette fois, ainsi que plusieurs proches. Iwan Bagus avait déjà rencontré
François ave Grassi lors d’un voyage en Italie.
« Il m’a rencontré avec mon
petit ami – sachant que je suis son ami et que mon petit ami est mon petit
ami. Nous n’avons pas parlé du “mariage” gay. Je sais ce qu’il pense », a
précisé Grassi à CNN. Il a décidé de témoigner après qu’une vidéo de la
rencontre à la nonciature a été mise en ligne sans qu’il soit au courant :
une fois le fait devenu public, il a jugé important de « témoigner du fait
qu’il n’est pas la personne homophobe pour laquelle on le prend ».
De fait, on voit dans la vidéo
comment le pape embrasse Grassi, puis Bagus.
Selon National Geographic, Grassi a écrit au cardinal Bergoglio en 2010 à
propos du « mariage » gay pour se plaindre de ses prises de position
sur le sujet – il en avait parlé comme d’une entreprise du diable.
« Vous avez été mon guide, vous n’avez jamais cessé de bouger mes horizons
– vous avez formé ma vision du monde dans ce qu’elle a de plus progressif. Vous
entendre dire ça, c’est tellement décevant. » Le cardinal Bergoglio avait
répondu, selon le magazine, qu’il avait pris à cœur les remarques de Grassi
mais que la position de l’Eglise sur le mariage gay était fixée. Mais il a
ajouté qu’il n’y avait pas de place pour l’« homophobie » dans son
travail pastoral.
Grassi a précisé à CNN :
« Nous sommes amis depuis très longtemps. Il sait que je suis gay et il a
beaucoup de respect pour le fait que je sois gay et qu’Iwan soit mon
partenaire », a-t-il dit : « Il n’a jamais eu une attitude de
jugement. Il n’a jamais rien dit de négatif. »
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