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Bogdan Chazan |
Bogdan Chazan, le médecin polonais
qui a été révoqué de son poste de directeur de l’hôpital de la Sainte Famille à
Varsovie l’été dernier pour avoir refusé de pratiquer l’avortement sur une
femme dont l’enfant avait de graves malformations, vient d’obtenir une victoire
devant la commission de discipline chargée de son cas. Il ne s’est pas rendu
coupable d’une « faute professionnelle » dans le traitement d’une
patiente et sa dénonciation n’était pas justifiée, a jugé vendredi la
commission.
Bogdan Chazan avait osé invoquer
son droit à l’objection de conscience, dans un pays où la malformation fœtale constitue
l’une des rares « excuses » justifiant l’avortement. Il expliquait à
l’époque qu’il avait fait le choix d’exprimer par écrit les raisons de son
refus, de manière « ostentatoire ». Il a en effet refusé d’indiquer à
la candidate à l’avortement un autre établissement où l’on accéderait à sa
demande, comme l’exige la loi en Pologne qui limite ainsi de manière injuste
l’objection de conscience.
Ce gynécologue, connu pour ses
positions provie, est ainsi resté fidèle à ses convictions de toujours ;
on ne peut pas exclure d’ailleurs qu’il ait fait l’objet d’une opération de
« testing » puisque l’hostilité personnelle du Dr Chazan est bien
connue en Pologne.
La femme qui lui réclamait un
avortement avait bénéficié d’une fécondation in vitro dans une clinique qui n’assure pas le suivi des
grossesses. Elle s’était adressée à l’hôpital de la Sainte Famille dirigée par
le Dr Chazan où le médecin chargé de cette patiente avait décelé une
anomalie à l’échographie à 21 semaines de grossesse. Ce médecin l’avait renvoyée
vers un hôpital plus « accommodant », l’Institut de la Mère et de
l’Enfant, en demandant à celui-ci d’envisager l’avortement… Refus.
De retour à l’hôpital de la Sainte
Famille, la femme – désormais enceinte de plus de 24 semaines – demanda de
nouveau l’avortement. Le Dr Bogdan Chazan refusa, en lui indiquant les raisons
de son refus et en soulignant qu’il ne pouvait faire autrement en tant que
catholique pratiquant, mais en proposant de suivre la femme et l’enfant et
d’assurer à celui-ci, après la naissance, les soins palliatifs.
Cette fois ce fut la femme qui
refusa et qui s’adressa à un autre hôpital connu pour pratiquer des
avortements : à l’hôpital Bielański, on lui expliqua que les délais
étaient dépassés et c’est là que l’enfant devait naître, un petit garçon qui
vécut quelques jours.
Les politiques se sont aussitôt
engouffrés dans la brèche. Le maire de Varsovie, Hanna Gronkiewicz-Waltz,
imposait des sanctions immédiates sans que le médecin puisse se défendre. Le
Premier ministre libéral, Donald Tusk, osait déclarer : « Quoi que lui dicte sa conscience, un
médecin doit accomplir la loi. Chaque patient doit avoir la certitude
que le médecin accomplira toutes les procédures conformément à la loi et à son
devoir. » Le leader de l’Alliance de la gauche démocratique, Leszek
Miller, a déclaré que le refus du Pr Chazan de participer à l’avortement
relève de la« psychopathie ».
(L’asile psychiatrique pour ceux qui pensent mal ?) L’hôpital de la Sainte
Famille fut soumis à une forte amende et le Dr Bogdan Chazan relevé de ses
fonctions de directeur.
Le ministère polonais de la Santé
avait soutenu la sanction, assurant que Bogdan Chazan avait contrevenu aux
normes de la bonne pratique médicale en refusant de signaler à la patiente un
établissement ou un médecin disposé à pratiquer l’avortement (eugénique) qu’elle
réclamait.
Totalement blanchi par la
commission disciplinaire, le Dr Bogdan Chazan a indiqué qu’il entend désormais
réclamer aux autorités qu’ils le rétablissent à son poste de directeur de l’hôpital.
« J’ai subi une peine très
lourde et je considère qu’elle n’était ni raisonnable ni juste », a-t-il
indiqué à la presse polonaise, ajoutant que la décision de la commission de discipline
lui a fait retrouver la « foi en la justice ».
Alors qu'une plainte déposée auprès du procureur a été classée sans suite, la décision du Dr Chazan n'ayant entraîné aucun danger pour la mère, on assure du côté des autorités municipales de Varsovie que la décision de la commission de discipline relative à l'objection de conscience est une chose, mais que les responsabilités du médecin en tant que directeur de l'hôpital en sont
une autre. L'histoire n'est pas terminée.
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