29 octobre, 2014
Que la « sédation
palliative » soit une sorte d’euthanasie déguisée, une pratique de
« zone grise » où l’intention de tuer est parfois le moteur des
décisions prises alors qu’en d’autres occurrences elle vise à soulager des
souffrances quitte à abréger un peu la vie, je l’écris ici depuis 2007 (voir ici
par exemple). C’était une époque où l’euthanasie était en baisse aux Pays-Bas –
elle a fortement progressé depuis – mais où la sédation palliative était déjà
de plus en plus fréquente. L’administration poussée de calmants couplée avec
l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation peut clairement avoir un objectif
euthanasique – nombre de médecins avouaient déjà alors la choisi pour
hâter la mort – alors même qu’elle peut être utilisée de manière parfaitement
éthique alors que celle-ci est imminente.
Zone grise, donc, qui a banalisé
les gestes médicaux qui provoquent ou qui hâtent la mort : peut-être
avons-nous atteint le moment où le lobby de l’euthanasie entend capitaliser sur
l’anesthésie des consciences en montrant que la mort est donnée plus souvent
qu’on ne le croit.
C’est en tout cas ce que laisse à
penser la dernière initiative du Dr Wim Distelmans en Belgique. Ce spécialiste
des soins palliatifs, qui a participé à nombre d’euthanasies très controversées
dans le pays, vient de suggérer que les sédations palliatives soient déclarées
selon le schéma des euthanasies pour éviter les ratés.
« On ne peut pas donner aux
médecins un chèque en blanc pour hâter la fin de vie sans que le patient n’ait
son mot à dire. Sinon nous régresserons vers l’Allemagne nazie », a-t-il
déclaré selon le quotidien belge De
Morgen.
Distelmans assure que « une
sédation sur dix présente un raté » : oubli de prévenir la famille,
administration de sédatifs en quantité insuffisante de telle sorte que le
patient se réveilles, « éternisation du processus de mort ».
L’idée serait de laisser le
patient choisir lorsque c’est le cas : « Beaucoup de malades seront
d’accord pour passer à l’euthanasie. » Ou bien, lorsque le patient ne
s’est pas exprimé, que le médecin puisse prendre une décision d’« urgence »
afin d’« abréger les souffrances », pourvu que les proches du malade
soient d’accord. Une décision dont ils se méfient, « faute de cadre
légal » – et Distelmans approuve ce refus d’agir sans l’accord exprès du
patient.
En faisant enregistrer toutes les
sédations palliatives, estime Distelmans, on forcerait les médecins à penser
plus souvent à renseigner leurs patients sur l’option euthanasique.
On comprend que le but est
d’utiliser le recours fréquent à la sédation palliative, présentée dans
certains cas comme un pis-aller, pour faciliter le recours à l’euthanasie
elle-même.
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