01 septembre, 2014

Espagne : Mgr Gil Hellin rappelle l'importance d'“Humanae Vitae” pour la famille et les nations

La contraception est à la racine de nos maux actuels : dénatalité en Europe, paupérisation, divorces, tous les maux qui résultent de l’éclatement des familles. Voilà un discours que les hommes d’Eglise tenaient fort peu en public – c’est un véritable fronde épiscopale qui avait accueilli l’encyclique Humanae vitae dans de nombreux pays – et que l’on recommence à entendre. L’évêque de la ville espagnole de Burgos, Mgr Francisco Gil Hellin, vient de dire les choses clairement dans sa lettre hebdomadaire, que je traduis ci-dessous.
Lisez-la attentivement, elle en vaut la peine, et d’ailleurs j’en souligne en gras quelques passages particulièrement significatifs. Mais j’y ajouterai une note, à la fin… – J.S. 
Il y a bien des années, j’étais le chapelain d’un Centre de promotion ouvrière dans la banlieue sud de Rome. Un jour s’y présenta le cardinal Casaroli, alors Secrétaire d’Etat du Vatican ; il y engagea un dialogue avec les professeurs et les élèves. L’un d’eux lui demanda quels souvenirs du temps où il servait Paul VI l’avaient le plus marqué. Le cardinal réfléchit quelques moments et répondit : « la signature d’Humanae vitae ». Et d’ajouter : « A la fin du mois de juillet de 1968, le pape était très préoccupé. Un jour il s’est emparé d’un énorme tas de documents et s’en est allé à Castel Gandolfo. Peu de jours après, je l’ai retrouvé, totalement transformé. Il était rayonnant et heureux. Il venait de signer Humanae vitae. » 
C’est en effet le 25 juillet 1968 que Paul VI a signé ce document, qui allait devenir la grande croix de son pontificat et qui aura été l’un des écrits du magistère les plus contestés de ces derniers temps, en dehors de l’Eglise mais aussi en son sein. « Rarement – écrivit le cardinal Ratzinger en 1995 – un texte de l’histoire récente du magistère ne s’est converti en un signe de contradiction comme cette encyclique. » 
L’encyclique était une solide défense de la vie humaine, elle rejetait la contraception par des moyens artificiels et elle allait à l’encontre de l’hédonisme et des politiques de planification familiale, souvent imposées par les pays riches aux pays pauvres. Elle maintenait, en revanche, le principe de la paternité consciente et éthiquement responsable. Comme devait l’écrire le cardinal Daniélou, le document met en évidence le « caractère sacré de l’amour humain » et constitue une véritable « réaction contre la technocratie ». La doctrine d’Humanae vitae contredisait – et contredit toujours – les goûts du temps, et elle lançait un défi face au climat culturel de l’époque et aux énormes intérêts économiques des grandes multinationales. Son enseignement est, certes, exigent, et on ne le rappelle pas pour le plaisir. Mais l’Evangile non plus ne se suit pas avec plaisir, et il ne manque pas d’être exigeant. 
Pourtant, le temps lui a donné raison. Face aux inquiétants développements de l’ingénierie génétique, Humanae vitae fait briller une lumière prophétique lorsqu’elle assure : « Si donc on ne veut pas abandonner à l'arbitraire des hommes la mission d'engendrer la vie, il faut nécessairement reconnaître des limites infranchissables au pouvoir de l'homme sur son corps et sur ses fonctions; limites que nul homme, qu'il soit simple particulier ou revêtu d'autorité, n’a le droit d'enfreindre. » En effet, aujourd’hui l’homme subit le vertige de l’éternelle tentation : il veut être comme Dieu quitte à s’autodétruire et à détruire les autres, spécialement les plus vulnérables et les plus innocents. 
Paul VI mettait en garde sur le fait que la contraception ne provoquerait pas seulement une baisse alarmante des naissances mais aussi la destruction de l’amour humain, en faisant grandir le nombre d’avortements et de divorces, avec tout le préjudice qui en résulterait pour les époux eux-mêmes et, cela va de soi, pour leurs enfants. Il suffit de regarder ce qui se passe en Europe et en Espagne pour se rendre compte que Paul VI ne se trompait pas. Les experts parlent déjà d’une Europe et d’une Espagne qui sont non seulement vieillies mais encore socialement paupérisées, incapables d’être des Etats-providence. Notre Castille, jadis vigoureuse, n’en est-elle pas un exemple éloquent ? 
Il y a quelques jours un journal aussi peu suspect que Le Monde disait qu’il faut promouvoir la régulation des naissances par des méthodes naturelles et non par la pilule. C’est exactement ce que disait Humanae vitae il y a cinquante ans. Le remède contre le divorce, la violence sexuelle, l’abandon des enfants et la subsistance-même en tant que peuple ne se trouve pas dans le contrôle artificiel des naissances au moyen de la « pilule du lendemain » ou autres, mais dans la découverte de la beauté de l’amour humain et de l’amour conjugal, qui ne voit pas le corps humain comme un simple instrument de plaisir, mais comme un moyen privilégié de communication personnelle et d’offrande de soi à l’autre. 
+ Francisco Gil Hellin, archevêque de Burgos

NOTE. Mgr Gil Hellin évoque un article du Monde qu’il n’a assurément pas lu, et dont certains médias ont voulu faire un texte à la gloire des « méthodes naturelles » à l’heure d’une défiance croissante à l’égard de la contraception chimique.
Sinon il aurait remarqué que si cet article décrit un rejet significatif des pilules et autres stérilets, les « méthodes naturelles » qu’il évoque, et qui auraient désormais la faveur d’une femme sur dix en France, sont bien des méthodes contraceptives qui dissocient volontairement la relation sexuelle de sa fécondité potentielle, en visant principalement le retrait et le recours au préservatif pendant les périodes repérées fertiles. L’abstinence périodique, quel que soit le mode de « veille » de la femme sur son corps, est discrètement reléguée parmi les lubies des catholiques.
L’article ne conclut pas du tout à la nécessité de « promouvoir » la régulation naturelle des naissances : elle donne au contraire la parole à des médecins qui se disent inquiets de sa progression et qui promettent de la critiquer plus systématiquement et plus explicitement à l’avenir. Les femmes qui l’utilisent « vivent dans l’angoisse », assure ainsi un gynécologue. Et elle s’achève en donnant la parole à une grande promotrice de la contraception artificielle, Nathalie Bajos de l’INSERM, rappelant que la régulation naturelle a un « taux d’échec plus élevé ».

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