08 octobre, 2013
On croit chaque fois avoir touché le fond, et pourtant. Un médecin généraliste néerlandais soupçonné d'avoir réalisé une euthanasie sans respecter tous les « critères de minutie » imposés par la loi vient de se suicider dans la petite ville néerlandaise de Tuitjenhorn, en Hollande du Nord. Nico Tromp, 58 ans, était sous le coup d'une interdiction provisoire d'exercer la médecine depuis le début du mois après qu'on eût signalé qu'il n'avait pas bien suivi les exigences de la loi lors de l'euthanasie d'une personne en phase terminale de maladie pratiquée au mois d'août. Le signalement aurait été le fait d'un stagiaire de la maison médicale, selon divers commentaires sur un site d'informations locales.
Le Dr Tromp faisait donc l'objet d'une enquête criminelle et un porte-parole de l'Inspection des services de santé avait fait savoir dans la presse locale que celle-ci « ne faisait pas confiance au généraliste pour la fourniture responsable de soins de santé », ce qui équivaut à un arrêt de mort professionnel – et ce alors même que sa suspension était provisoire et consécutive à une simple dénonciation.
Pour l'heure, même si les médias néerlandais soulignent l'absence de certitude sur le lien entre la mesure disciplinaire et le suicide du médecin, ils l'invoquent tous. Difficile de ne pas faire le lien entre la mort donnée, le remords et la mort violente par suicide.
L'enquête porte sur la volonté réelle, expresse et sérieuse du patient éliminé au mois d'août d'être euthanasié, a souligné le ministère public, et si celle-ci est établie, sur la vérification de la conviction de la part du médecin que ledit patient souffrait de manière insupportable et sans perspectives, les deux conditions sine qua non établies par la loi. Tout cela étant acquis il restera aussi à vérifier si la manière d'administrer les doses létales de médicaments s'est faite selon les exigences de la loi et des directives déontologiques.
On croit tout de même rêver. Ce sont les pouvoirs publics qui octroient aux médecins le pouvoir de tuer, en précisant les conditions dans lesquelles cela pourra se faire sans être inquiété sur le plan pénal. Et ce sont encore eux qui viennent demander des comptes en cas d'interprétation ou d'application erronée de la loi, en menaçant le médecin-bourreau et en le désignant à l'opprobre parce qu'il s'est trop coulé dans son rôle de tueur.
Car on peut se cacher derrière des « critères de minutie », des procédures proprettes et des tonnes de bons sentiments auto-justifiants : la réalité est bien qu'aux Pays-Bas, le meurtre d'un patient par son médecin est aujourd'hui considéré comme un acte médical certes exceptionnel, mais honorable et même admirable.
Faut-il s'étonner si certains en sont déboussolés ?
Et faut-il s'étonner si à un moment donné un médecin ne supporte plus la pensée d'avoir ainsi tué ?
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