21 décembre, 2012

“Manif pour tous” : le temps des mots clairs

Il n’y aura pas de « char gay » lors de la première grande manifestation nationale contre le « mariage pour tous » le 13 janvier à Paris. Xavier Bongibault, représentant de l’association « Plus gay sans mariage », s’y est engagé. « Il n’y en aura pas pour le simple fait que l’on refuse le clivage de la société sur des motifs d’orientation sexuelle. Oui les homosexuels contre ce projet seront présents, oui nous refusons et condamnons l’homophobie mais j’atteste qu’il n’y aura pas de char gay ! »

Voilà qui vient heureusement contredire les déclarations de Frigide Barjot à RMC où elle annonçait la présence d’un « char homo » et invitait tout le monde « à venir danser sur le char gay ». Rangeons cela, puisque nous le pouvons, au chapitre des provocations médiatiques.

Prenons acte aussi d’un net recentrage des objectifs de la marche, dont nous avons dit ici qu’ils comportaient des ambiguïtés et des éléments inacceptables : l’ambiguïté de la « lutte contre l’homophobie » et l’aberration de vouloir promouvoir une amélioration du pacs ou de justifier l’homo-éducation en l’assortissant d’un réaménagement de l’autorité parentale, c’est-à-dire de prendre acte de la présence d’un nombre réduit d’enfants dans des foyers composés d’adultes de même sexe engagés dans une aventure sexuelle pour légiférer et reconnaître par là la légitimité de telles situations.

Ainsi les organisateurs de la « Marche pour la vie » qui ont en quelque sorte cédé leur date traditionnelle du 3e dimanche de janvier pour laisser la place et participer à la grande manifestation du 13 janvier communiquaient dès lundi : « Conscient des enjeux qui se jouent actuellement et convaincu que seule une mobilisation massive et unitaire des opposants à ce projet de loi ferait reculer le gouvernement, le Collectif “En marche pour la Vie !” appelle donc tous ses sympathisants à rejoindre la grande marche nationale du 13 janvier organisée à Paris contre ce projet de loi, animés d’une seule revendication : non pas la demande d’états généraux à l’issue incertaine, ni celle d’un débat pipé par avance, mais LE RETRAIT DU PROJET DE LOI TAUBIRA !” »

A la conférence de presse organisée par la « Manif pour tous » mercredi matin, pour laquelle la place nous a manqué dans notre numéro d’hier, le ton avait également changé. Premier à s’exprimer, Tugdual Derville, délégué général d’Alliance Vita, a rappelé l’engagement d’associations confessionnelles dans l’organisation des trois parcours qui actuellement sont prévus pour converger vers le Champ de Mars le 13 janvier depuis la place d’Italie, la place Denfert-Rochereau et la Porte-Maillot pour répondre à l’affluence énorme déjà annoncée. Il s’est élevé contre l’entrée de la procréation médicalement assistée dans le projet, dénonçant le « passage en force » que le gouvernement semble vouloir imposer, revenant à de multiples reprises sur la fausse « homoparentalité » et le mensonge des foyers homosexuels : « Peut-on effacer le père et la mère, dire à un enfant qu’il a plus de deux parents ? On ne fait pas croire à un enfant que son beau-parent est un parent dans le cadre d’une famille recomposée. » Il a clairement récusé ces « autres façons de faire famille » chères à Nicolas Gougain, porte-parole de l’association inter-LGBT et porte-parole officieux de François Hollande et de son gouvernement sur la question. Il a dénoncé la « violence » des contrats de mères porteuses qui arriveront fatalement à terme au nom de l’égalité entre couples d’hommes et couples de femmes si celles-ci accèdent à la procréation médicalement assistée.

« J’en ai des frissons », a renchéri Frigide Barjot. « Je vous parle en tant que femme et que mère, ma personne entière réagit à cela : je suis dans l’affect. On ne peut imaginer qu’un système juridique et scientifique s’organise pour permettre la fabrication de l’enfant. J’ai envie de pleurer pour ces enfants à venir… »

Devant les journalistes de la presse internationale, du Monde, de La Croix, le langage a été plus clair, le sens réel de ce que veulent les opposants au « mariage » homosexuel a été porté de manière plus diverse eu égard aux porte-parole, plus claire aussi, sans référence aux points inacceptables. Il faut en prendre acte. Et en rendre grâce.

Il faut prendre acte du nombre croissant d’évêques qui viendront manifester, affirmant par là même la légitimité de la parole de l’Eglise dans la sphère publique. Il faut que le sens de leur engagement ne soit pas troublé par des affirmations intempestives de tel ou telle ; et il est plus clair désormais que parmi le collectif qui, ensemble et à juste titre, rassemblant la force de gens de bonne volonté qui par des voies et selon des préférences diverses, se retrouveront sur l’objectif fondamental de stopper la folie du « mariage pour tous », les points de vue et les revendications ne sont pas monolithiques – sauf celle-là.

Il y aura une autre marche le même jour, celle de Civitas. Elle défilera en annonçant clairement son identité catholique. Elle entend se rassembler à 150 mètres de la place d’Italie – si la préfecture l’accepte – et ce qui à l’heure actuelle apparaît comme aventureux ; est-il nécessaire de risquer des provocations mutuelles pour obtenir un résultat commun ?

Cela n’empêche ni de saluer la plus grande clarté doctrinale de Civitas et des associations qui choisiront sa marche, ni de constater la plus grande clarté… manifestée par la « manif pour tous », en rappelant que l’important est d’être là, avec les uns ou avec les autres.


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3 commentaires:

Notwiadomy a dit…

Ne soyez pas dupe, si Bongibault et Virginie Merle reculent sur leur manifestation “gay-friendly”, c’est probablement qu’ils sentent qu’ils sont allés trop loin, et craignent de se retrouver un peu seuls entre invertis, le gros des troupes ou s’abstenant, ou rejoignant les cortèges purs.

En français, nous dire : « Prendre le train en marche. » ; ou : « Puisque ces faits leur échappent, qu’ils feignent d’en être les organisateurs. ».

Anonyme a dit…

Civitas est en train d'affaiblir le mouvement en faisant une fixation sur Frigide Barjot, les gays, etc ; ils en rajoute une couche tous les jours, au lieu de se concentrer sur l'ennemi réel. Ils insufflent, aussi, un esprit d'intolérance par la simple revendication de leur radicalité.
Nulle doute qu'en face 1/ on va instrumentaliser cette différence 2/ Le jour J, les caméra iront de préférence se porter sur Civitas & co pour disqualifier le mouvement.
Tout cela pour quoi ?
Parce qu'Alain Escada a pu lancer un mouvement qui l'a dépassé et qu'il ne l'accepte pas. Un trou du cul qui mériterait un fist fucking pour lui ouvrir la cervelle par la rondelle du cul. Ce belge doit dégager.

Anonyme a dit…

Non au mariage gay et à la reconnaissance juridique de l' homoparentalité.

I. Le langage


La normalophobie.

L'habitude a été prise, depuis une douzaine d’années, d’utiliser systématiquement les termes d’homosexualité ou d’hétérosexualité, au point que personne ne parle plus d'orientation sexuelle normale ou d'orientation sexuelle déviante. Certains sympathisants de la cause homosexuelle refusent même l’emploi du terme « normal » quand il s’applique à la sexualité. Ils ne tolèrent pas que l’on puisse ainsi porter un jugement sur les orientations sexuelles ni, par conséquent, réfléchir sur le mariage gay et l’homoparentalité.


Des mots précis.

L'emploi d'un même terme pour désigner deux réalités différentes conduit à des confusions.
On ne peut donner un même nom, en l'occurrence "couple" à l'union homosexuelle et à l'union hétérosexuelle. En effet l'union d'un homme et d'une femme est différente de l'union entre deux hommes ou entre deux femmes, à moins de considérer que l'homme est identique à la femme.
L'homosexualité est une forme d' intolérance à l'altérité sexuelle alors que l'hétérosexualité fait vivre la complémentarité sexuelle.
L'utilisation d'un même terme, "couple" pour désigner deux réalités différentes, et même antagonistes, est anormale.
A deux types d'unions différentes il faut donner des noms différents : "couple", comme on l'utilise depuis toujours pour les unions hétérosexuelles et, pour les unions homosexuelles, on peut préconiser le terme "paire" car cette union concerne deux personnes de sexe identique.
Si le couple est composé de deux personnes c'est qu'il y a deux sexes différents. Le chiffre "2", en tant que tel, n'ouvre aucun droit. S' agissant d’homosexuels, le sexe étant le même pour les deux personnes, cette reconnaissance juridique de la vie à deux n’offre pas plus de pertinence qu’une reconnaissance juridique de la vie à trois, quatre ou cinq.

Toute confusion dans les termes entraîne une confusion dans la perception de ces deux réalités. Cette confusion peut amener à souhaiter un même régime juridique , en l'occurrence le mariage, pour des unions qui sont différentes.


 
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