13 novembre, 2012

Contre le « mariage » homosexuel : alors, le 17 ou le 18 ?

Le 17 et le 18, bien sûr ! Entre la manifestation du « Non au mariage homosexuel, non à l’adoption d’enfants par les homos » organisée par Civitas à Paris, dimanche prochain, et celle qui s’y est ajoutée, la « Manif pour tous » lancée à l’initiative de Frigide Barjot, qui aura lieu à Paris et dans plusieurs villes de province samedi, notre cœur refuse de balancer jusqu’à choisir. Nous ne rejetterons pas l’une au profit de l’autre. Nous n’avons pas le droit d’entrer dans le jeu de la division, car il y a une cause commune à défendre.



J’irai, si je le peux, à la manifestation du 17. Et j’irai, si je le peux, à celle du 18. Sachant que dans l’une et dans l’autre, se trouveront des milliers de personnes soucieuses d’employer les moyens à leur portée pour empêcher la folie du « mariage » des paires de même sexe de s’institutionnaliser.

Cela n’empêche pas de voir la réalité de la triste désunion qui est cause de ce double rendez-vous. Ni d’avoir un avis personnel, une préférence pour un rendez-vous plutôt que pour l’autre, et pas seulement pour des raisons de « sensibilité » !

Bernard Antony, Adelaïde Pouchol de L’Homme nouveau, l’irrésistible « Pasquin » qui dans ce même journal dénonce férocement les peurs bien-pensantes des « Padamalgame » paniqués à l’idée de passer pour des intégristes, Aymeric Pourbaix qui dans Famille chrétienne appelait à « l’unité des cœurs et des esprits » dans la diversité de l’action, et bien d’autres ont à leur manière dénoncé les ostracismes divers par lesquels certains excluent de fait une partie de ceux qui se mobilisent.

C’est pourtant le refus d’être soi-même, et encore plus le refus de voisiner avec celui qui ne nous plaît pas mais qui nous ressemble un peu trop, qui risque de faire partir à la bataille en ordre dispersé. Une peur qui a permis à la culture de mort de progresser quasiment à son rythme depuis 1967 (et la loi Neuwirth) : l’Eglise de France ne s’en est pas encore départie.

Nombre d’organisations, d’associations qui savent mobiliser, de communautés religieuses ont au contraire pris le parti de ne pas jouer la division. Pour n’en citer que quelques-unes : l’AGRIF, Notre-Dame de Chrétienté, la Fraternité Saint-Pierre et beaucoup de sites d’information catholiques annoncent simultanément l’une et l’autre manifestation, celle du 17 et celle du 18. D’autres ont fait leur choix, mais sans dénigrer l’autre partie : Renaissance catholique, l’Association catholique des infirmières et des médecins, le collectif « Elus locaux pour la famille »… demandent à tous leurs adhérents et proches d’être au rendez-vous de Civitas, le dimanche 18 novembre à 14 h 30, au 14 de l’avenue Duquesne à Paris.

La manifestation du 18 sera une manifestation de liberté, dont Civitas, comme l’a précisé son secrétaire général Alain Escada, assurera la logistique mais où chaque mouvement pourra venir avec ses bannières et ses slogans, pourvu qu’ils soient conformes à la loi.

A la « Manif pour tous » – samedi 17 novembre à 14 h 30, place Denfert-Rochereau – on demande au contraire aux manifestants de s’habiller en bleu, blanc… rose et de ne pas venir avec les bannières et banderoles de leurs associations. Cela aurait pourtant valu la peine, car la force propre du rendez-vous de samedi est de faire défiler des associations de gauche contre le « mariage » gay, des gays contre le « mariage » homosexuel, un spectre de personnalités qui dépasse largement les clivages traditionnels. Serait-ce la frilosité de Frigide ?

Ou – et dans cette affaire, le présupposé de la bienveillance est essentiel – s’agit-il avant tout de faciliter une cohabitation un peu étrange mais combien nécessaire face à la menace de désagrégation sociale que porte le projet du « mariage » gay, et qui frappera tous et chacun, qu’on en soit conscient ou non ?

Cela n’empêche pas la lucidité. Cela n’empêche pas de ne pas trouver judicieux le ton de telle ou telle campagne de publicité certes percutante venant d’un côté, ou d’émettre des réserves sur les priorités affichées de l’autre.

Un mot, donc, du choix du « 17 » de faire marcher « contre l’homophobie ». On comprend l’objectif : éviter de transformer une juste exigence en appel à la haine, fût-il apparent, contre des personnes qui – bien souvent – souffrent de leur condition.

Mais c’est, au mieux, une maladresse.

Car « homophobie » est un mot dangereux, un mot de combat qui appartient trop à nos adversaires ; il peut être utilisé jusque pour prétendre interdire toute mise en évidence de la souffrance des homosexuels en raison de leur tendance. Nous y reviendrons.

Pour autant, ne boudons pas la mobilisation qui devra être forte. « En toutes choses, il faut considérer la fin » !

Article extrait du n° 7728 de Présent, du Mercredi 14 novembre 2012  


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