04 octobre, 2011

Ingérence : l'ambassadeur de France au secours de la dépénalisation de l'avortement au Nicaragua

Antoine Joly, au nom de la France
Il est en poste depuis le mois de septembre seulement. Mais déjà Antoine Joly, ambassadeur de France au Nicaragua, s'est mobilisé pour la culture de mort. A la suite d'une réunion avec une association locale, le Mouvement autonome des femmes (Movimiento Autonomo de Mujeres), il a publié une déclaration écrite (dont je trouve des extraits en espagnol ici) pour manifester son soutien aux demandes de dépénalisation de l'avortement dit « thérapeutique », dénonçant la loi du Nicaragua qui a repénalisé toutes les formes d'avortement volontaire en 2006.

« Avec tout le respect qui s'impose pour les convictions religieuses et philosophiques, je considère que la question de l'avortement relève aussi bien de la sphère privée que la sphère publique », affirme-t-il. Rappelant qu'en France le sujet de l'avortement avait fait l'objet d'âpres discussions en son temps, qui avaient abouti à la légalisation décidée par un gouvernement de droite soutenu par la gauche, l'ambassadeur a osé affirmer que le nombre d'avortements est plus important dans les pays qui l'interdisent, ajoutant que les avortements illégaux sont très dangereux pour la vie des femmes qui y ont recours. « Chaque année plus de 50.000 femmes meurent dans le monde à la suite d'un avortement illégal », a-t-il expliqué.

« L'avortement est toujours un échec, il doit être le dernier recours et il ne peut remplacer une politique de contraception, mais c'est parfois une question de santé, et de défense des droits humains des femmes, mais la santé reste le plus important. »


Et d'affirmer sa « solidarité » avec les associations de femmes du Nicaragua qui « combattent l'interdiction totale de l'avortement », à l'heure où un recours introduit par elles devant la Cour suprême du pays pour invalider l'interdiction de 2006 reste pendant.

A la surface, l'intervention de l'ambassadeur vise à dénoncer l'interdiction totale de l'avortement – à la suite d'une campagne menée conjointement par l'Eglise catholique et les chrétiens évangéliques – qui empêcherait toute intervention en cas de danger immédiat pour la vie de la mère, alors que ce qui est interdit est l'avortement direct. Outre la confusion entretenue à ce propos, il faut souligner que le soutien offert au Movimiento autonomo de mujeres par un représentant officiel de la France, ès-qualités,vient à l'appui d'un groupe qui revendique la légalisation pure et simple de l'avortement, comme le suggèrent d'ailleurs les déclarations d'Antoine Joly.

Avec une dose phénoménale de mauvaise foi, puisque l'on sait au contraire que la légalisation de l'avortement, partout dans le monde, est toujours allée de pair avec une augmentation des « IVG », et que la France fournit l'exemple-type d'une « couverture contraceptive » de plus en plus importants qui n'a strictement aucun effet sur le nombre des avortements, qui reste important et qui est même plutôt en augmentation.

Le plus gros des paradoxes est, curieusement, souligné par l'ambassadeur lui-même. Il félicite dans sa déclaration le Nicaragua pour ses efforts en faveur de la santé des femmes et rappelle que le ministère de la Santé de ce pays a reçu le « Prix Amérique 2011) de l'ONU en reconnaissance de la sa « stratégie des Maisons maternelles » qui a fait chuter le taux de mortalité maternelle de quelque 35 % au cours des 5 dernières années…

Très exactement sur la période d'interdiction totale de l'avortement !

© leblogdejeannesmits.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cela semble devenir une habitude. Il y avait eu en Espagne en juin 2010, une conférence sur l'avortement organisé par l'ambassade de France.
Voilà où en est réduit notre diplomatie. Dur, dur, métier que de travailler au quai d'Orsay:Etre au service des directives onusiennes, elles mêmes au service des financiers et des industries médico-pharmaceutisues.
Notre monde marche sur la tête.

 
[]